USA: nouveau signe de faiblesse de l’industrie manufacturière en juin

AWP

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L’indice Empire State pour la région de New York a perdu 26 points à -8,6 points en juin, après une croissance soutenue plus forte que prévu en mai.

L’activité manufacturière dans la région de New York, un des baromètres de la santé économique du reste des Etats-Unis, s’est brutalement contractée en juin, ce qui devrait mettre davantage de pression sur la Banque centrale pour baisser les taux d’intérêt.

L’indice mensuel Empire State, publié lundi et compilé par la Fed de New York, a perdu 26 points tombant à un niveau négatif (-8,6 points).

En d’autres termes, l’activité régionale s’est contractée, une première en plus de deux ans (depuis octobre 2016), souligne la Fed de New York.

Avec un recul de plus de 26 points, c’est aussi la plus forte baisse jamais enregistrée sur un mois.

Ces données, publiées la veille du début d’une réunion du Comité monétaire de la Banque centrale américaine (FOMC), vont compliquer la communication de l’institution poussée ces dernières semaines, notamment par Donald Trump, à baisser les taux d’intérêt alors que la Fed incitait jusqu’alors à la «patience».

L’association professionnelle ISM avait déjà fait état pour mai d’un ralentissement dans le secteur manufacturier dans l’ensemble du pays.

Dans son Livre Beige mesurant l’activité économique par région, la Fed a elle aussi constaté un ralentissement dans les régions de Boston et de Cleveland.

Début juin, cette industrie a été particulièrement éprouvée par la politique commerciale offensive de Donald Trump.

La guerre commerciale avec la Chine a empiré le 1er juin avec l’entrée en vigueur de droits de douane chinois renforcés sur 60 milliards de dollars de biens américains.

Début juin également, les incertitudes ont été à leur comble quand le président américain a menacé d’imposer des droits de douane sur toutes les importations en provenance du Mexique.

L’agitation de cette arme aux conséquences potentiellement dévastatrices a créé un vent de panique sur les marchés et dans le monde des affaires tant les deux économies sont imbriquées, liées depuis 25 ans par un accord de libre-échange avec également le Canada.

Episode isolé?

L’indice Empire State publié lundi «semble terrible, mais cela ne durera pas», opine pourtant Ian Shepherdson, économiste chez Pantheon Macro. Selon lui, ce recul est essentiellement lié à la crainte des tarifs douaniers contre le Mexique et il ne croit pas que cette menace refasse surface.

Le président Donald Trump avait brandi cette menace le 31 mai afin d’obliger Mexico à prendre des mesures pour empêcher l’afflux d’immigrants clandestins aux Etats-Unis par le biais de la frontière mexicaine. Il l’avait finalement levée le 7 juin.

Pour autant, le locataire de la Maison Blanche a laissé 45 jours à Mexico pour résoudre ce problème migratoire, faute de quoi les tarifs douaniers pourraient être imposés.

Sur le front chinois, Ian Shepherdson estime en outre que l’administration Trump ne mettra pas à exécution sa menace d’imposer des droits de douane supplémentaires sur le reste des importations en provenance de Chine (environ 300 milliards).

Les craintes liées à une aggravation de la guerre commerciale avec la Chine font pourtant redouter une nette décélération de la croissance américaine, voire une récession dans les prochains mois.

Ces inquiétudes ont aussi été nourries par des chiffres du marché du travail mitigés, avec 75.000 créations d’emplois «seulement» en mai, contre plus de 151.000 en moyenne les trois mois précédents.

L’absence d’inflation donne aussi des arguments à l’hôte de la Maison Blanche pour réclamer haut et fort des taux plus bas. Celle-ci n’était qu’à 1,5% en avril, selon l’indice PCE, bien en-dessous de la cible de 2%, niveau que la Fed estime sain pour l’économie.

Traditionnellement, l’institution abaisse ses taux lorsque l’inflation est trop lente, pour doper l’activité et les prix, en rendant le crédit meilleur marché, et les relève pour juguler l’inflation et empêcher une surchauffe.

Avant même la réunion, le président de la Fed Jerome Powell s’est voulu rassurant: «nous surveillons de près l’impact que peuvent avoir les développements (de la guerre commerciale) sur les perspectives de croissance de l’économie américaine et, comme toujours, nous agirons de manière à soutenir l’expansion».

La Fed a relevé les taux d’intérêt neuf fois depuis fin 2015 pour les situer actuellement entre 2,25% et 2,50%.

Mais pour Donald Trump, c’est trop, surtout lorsque cela se répercute sur le coût de la dette fédérale alors que son administration emprunte à tour de bras.

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