Sandoz s’apprête à retrouver son indépendance

AWP

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La direction ambitionne de générer sur l’année en cours une croissance de l’ordre de 5%, assortie d’une marge brute opérationnelle (Ebitda) hors facteur inhabituel de 18 à 19%.

Sandoz s’apprête à faire mercredi une entrée attendue à la Bourse suisse. L’autonomisation de l’actuelle filiale génériques et biosimilaires de Novartis doit constituer l’ultime étape d’un recentrage initié par le mastodonte pharmaceutique sous l’ère Joseph Jimenez en 2016 et conduite essentiellement depuis sous la houlette de son successeur Vasant Narasimhan.

L’affinage stratégique a déjà vu en 2019 l’émancipation et l’introduction sur l’indice phare de la place zurichoise de l’ex-division ophtalmique Alcon, avec pour objectif affiché une concentration sur les seules activités de développement et de commercialisation de médicaments protégés par brevets.

A la différence notable d’Alcon - acquis par Novartis en 2008 auprès de Nestlé pour 51 milliards de dollars - Sandoz constitue une part non négligeable de l’ADN de la multinationale, née du rapprochement graduel des chimistes rhénans Ciba et Geigy dans un premier temps, puis Sandoz en 1996. Tout comme Alcon par contre, son autonomisation passera par le reversement de l’intégralité de son capital-actions aux actionnaires de Novartis, sous la forme d’un dividende extraordinaire en nature.

Vontobel calcule une fourchette de variation pour la future action Sandoz comprise entre 26,70 francs et 33,10 francs.

Trou d’air en vue

Certains observateurs prédisent déjà un décrochage du titre dès ses premiers pas à la Bourse suisse, du fait de critères d’investissements exclusifs de certains fonds actionnaires de Novartis pour les seules sociétés du SMI. Si Sandoz intégrera bien le SLI des 30 principales valorisations de la place zurichoise, la société ne fera en effet pas partie des 20 titres de référence.

Le futur géant des traitements de substitution pâtit en outre d’une dynamique de ventes et d’une rentabilité moindre que son actuelle maison-mère. «Nous avons l’impression que de nombreux actionnaires de Novartis n’éprouvent qu’un intérêt limité à présenter une exposition à une action Sandoz indépendante,» résumait le courtier Jefferies dans une note récente.

«Dès le départ, Sandoz a peiné à soutenir la comparaison avec la croissance de la division pharmaceutique et ses marges se sont de surcroît détériorées ces dernières années», abonde Stifel dans un commentaire.

Pression tarifaire sur les génériques, offensive sur les biosimilaires - bien plus rentables - moins tranchante qu’escompté sur l’incontournable marché des Etats-Unis ou encore préparatifs en vue de la scission ont jusqu’ici pesé sur la performance de Sandoz. Vontobel souligne cependant que plusieurs biosimilaires prometteurs sont désormais sur le pas de tir au pays de l’oncle Sam, qui doivent constituer une base solide sur la voie des objectifs à moyen-terme.

Perspectives prometteuses

Les médicaments génériques demeurent pour l’heure de loin la première source de revenus de Sandoz avec 3,72 milliards de dollars (3,41 milliards de francs) sur les six premiers mois de l’année, loin devant les biosimilaires avec 1,05 milliard (environ 962 millions de francs). Ces derniers affichent néanmoins une cadence de croissance quatre fois supérieure au coeur de métier traditionnel.

La direction ambitionne de générer sur l’année en cours une croissance d’environ 5%, assortie d’une marge brute opérationnelle (Ebitda) hors facteur inhabituel de 18% à 19%. La rentabilité doit par la suite progresser pour s’installer d’ici 2028 dans un couloir de 24% à 26%.

Novartis, de son côté, doit ressortir renforcé de l’opération, malgré l’élagage de sa valorisation induit par l’opération et devisé par Stifel à quelque 8%. L’établissement allemand rappelle que la nominative avait déjà rapidement récupéré après l’externalisation d’Alcon, dans des conditions comparables.

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