Le négoce du pétrole russe a quitté Genève pour Dubaï

AWP

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L’ONG Public Eye constate que les Emirats arabes unis, qui n’appliquent pas les sanctions contre la Russie, en ont profité pour rafler le marché.

Les sanctions que l’Occident a imposées sur le pétrole russe pour punir le Kremlin de sa guerre en Ukraine et assécher ses finances ont rebrassé les cartes du négoce de l’or noir vendu par Moscou. Genève qui avait un rôle central, a cédé sa place à Dubaï.

C’est le constat d’une enquête menée par Public Eye. Les géants helvétiques se sont, pour l’heure, retirés du jeu, relève mardi l’ONG dans un communiqué. Les Emirats arabes unis, qui n’appliquent pas les sanctions contre la Russie, en ont profité pour rafler le marché. «Dubaï est devenu le nouvel épicentre du négoce de pétrole russe».

Avant l’application des sanctions occidentales, dont l’imposition d’un prix plafond à 60 dollars le baril, 50 à 60% du pétrole brut russe était négocié depuis la Suisse, essentiellement à Genève, note Public Eye. Aujourd’hui, seule Litasco, filiale de Lukoïl, continuerait à commercialiser l’or noir russe depuis la Suisse.

Les données douanières russes que l’ONG a analysées «montrent qu’entre janvier et juillet 2023, les sociétés enregistrées à Dubaï ont acheté plus de la moitié des volumes annoncés à l’exportation depuis les quatre principaux ports de Russie Oust-Louga (Golfe de Finlande), Primorsk (Golfe de Finlande), Novorossiïsk (Mer Noire) et Kozmino (Mer du Japon).

La valeur des achats de pétrole russe effectués par les sociétés émiriennes durant cette période s’élève à «au moins» 14 milliards de dollars. «Autrefois considérés comme les négociants favoris du Kremlin, les géants helvétiques Trafigura, Vitol et Gunvor sont quasiment absents» du marché, note encore Public Eye.

«Face à cette montée en puissance de Dubaï, il existe un risque que des négociants domiciliés en Suisse utilisent cette nouvelle plaque tournante pour mener des affaires interdites sur sol helvétique», s’inquiète l’ONG. Cette dernière précise en effet que la loi suisse sur les embargos ne définit pas explicitement le champ d’application territorial des sanctions.

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