La Suisse optimiste en vue de la COP28 à Dubaï

AWP

2 minutes de lecture

Cette réunion internationale est une «grande chance», a déclaré l’ambassadeur suisse pour l’environnement Felix Wertli.

La Suisse se montre optimiste à quelques jours de l’ouverture de la 28e conférence de l’ONU sur le climat (COP28) à Dubaï. Cette réunion internationale est une «grande chance», a déclaré l’ambassadeur suisse pour l’environnement Felix Wertli à Keystone-ATS.

Le fait que 140 chefs d’Etat du monde entier participent à la conférence est un signal positif, a-t-il estimé. Il a toutefois reconnu que des doutes persistent quant à la capacité des pays de s’accorder sur des objectifs environnementaux plus ambitieux. M. Wertli conduira les négociations pour la Suisse à partir de jeudi dans la capitale émiratie.

«L’objectif principal de la Suisse est de garder l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré à portée de main», a déclaré M. Wertli. Pour la première fois, les Etats participants tireront un premier bilan des progrès réalisés depuis l’accord de Paris qui vise à limiter la hausse de la température moyenne mondiale à 1,5 degré.

Pour atteindre ce but, de nouveaux objectifs de réduction sont nécessaires. Ils doivent être basés sur la science, précise encore l’ambassadeur pour l’environnement.

Contributions chinoise et américaine

«Les pays qui émettent beaucoup de CO2, comme la Chine et les Etats-Unis, doivent contribuer» aux efforts, a souligné M. Wertli. De son côté, la délégation suisse travaille à l’adoption de décisions concernant l’abandon du charbon d’ici 2040 et du pétrole et du gaz d’ici 2050, a-t-il indiqué.

Il estime qu’un autre point important des négociations réside dans le fonds pour compenser les dégâts climatiques - dit de «pertes et dommages» - dont les contours avaient été esquissés lors de la COP27 en Egpyte l’année dernière. «Le financement doit être basé sur le principe du pollueur-payeur et le fonds doit bénéficier en particulier aux pays vulnérables et particulièrement touchés par le changement climatique», a déclaré M. Wertli.

Parmi les engagements volontaires dont pourrait accoucher le sommet figurent les objectifs de tripler la capacité des renouvelables et de doubler l’efficacité énergétique dans le monde à l’horizon 2030.

Objectifs non atteints

Les enjeux de la conférence climatique sont de taille, selon le négociateur qui estime que «pour l’instant, les objectifs ne sont pas atteints». Si aucune décision efficace n’est prise à l’issue de la COP, «il sera encore plus difficile d’atteindre l’objectif de 1,5 degré», prévient-il.

Les ministres Alain Berset et Albert Rösti se rendront également à Dubaï. Le président de la Confédération participera à la réunion des chefs d’État qui ouvrira la conférence vendredi et aux discussions sur le financement climatique notamment. Pour sa part, le ministre de l’environnement sera présent sur place dès le vendredi 8 décembre pour participer aux négociations ministérielles et au processus décisionnel de la conférence.

 

La Suisse a une responsabilité spéciale, selon des ONG

Un changement de cap doit rapidement être amorcé pour atteindre l’objectif de limitation du réchauffement climatique global à 1,5 degré, estiment les organisations d’aide au développement Alliance Sud et Helvetas ainsi que Greenpeace Suisse. Dans le cadre des négociations de la COP28, elles en appellent à la responsabilité particulière de la Suisse et du secteur financier helvétique.

A Dubaï, la Suisse doit aligner sa stratégie sur les besoins des populations les plus pauvres du Sud global, plaident les ONG en amont de la 28e conférence de l’ONU sur le climat (COP28) qui s’ouvre jeudi dans la capitale des Emirats arabes unis.

Parmi les enjeux qui nécessitent une réponse urgente figurent la transition énergétique et son financement, estime Alliance Sud. Et l’ONG de regretter que les investissements du secteur privé - y compris suisse - dans la transition énergétique des pays en développement ne soient de loin pas suffisants.

Alliance Sud estime qu’au moins 28 des pays du Sud les plus touchés par la crise climatique font également face à de graves problèmes d’endettement.

Place financière suisse

Greenpeace Suisse estime aussi que la place financière suisse a une responsabilité importante face au réchauffement climatique. Les acteurs du secteur de la finance disposent «d’un des leviers les plus efficaces pour réduire les émissions de l’économie mondiale», estime l’organisation de défense de l’environnement.

Investisseurs, gestionnaires de fortunes et assurances doivent obliger les entreprises dans lesquelles ils investissent à réduire leurs émissions à un rythme compatible avec les objectifs de l’accord de Paris, estime l’ONG.

A travers ses investissements, la place financière helvétique est responsable d’émissions mondiales qui sont 14 à 18 fois plus élevées que les émissions de la Suisse en tant que pays, dénonce Greenpeace. Les institutions financières suisses n’ont de loin pas encore réussi à inclure la question climatique dans leurs modèles d’affaires.

Dans le cadre de la COP, un forum sur la finance durable sera organisé le 6 décembre. L’événement permet de réunir autour d’un même thème de nombreux acteurs de la finance internationale ainsi que des ONG notamment.

A lire aussi...