Le yen se repliait, mercredi, par rapport à la plupart des devises majeures, fragilisé par la remontée des rendements obligataires américains et la modération des attentes des opérateurs quant à des baisses de taux des grandes banques centrales occidentales.

Vers 21H30 GMT, la monnaie nippone cédait 0,67% face au billet vert, à 148,18 yens pour un dollar. Elle est même tombée jusqu’à 148,52 yens, au plus bas depuis un mois et demi.

Vis-à-vis du franc suisse, la devise japonaise s’est enfoncée, mercredi, à un record absolu, à 171,58 yens. En un peu plus d’un an, la monnaie helvétique s’est appréciée de près de 25% face au yen.

Ce reflux de la monnaie nippone intervient, paradoxalement, alors que les marchés ont été pris, mercredi, d’un mouvement assez net d’aversion au risque, a relevé Matthew Weller, de Forex.com, dans une note. Or, le yen est traditionnellement considéré comme un actif refuge en cas de turbulences.

La devise japonaise reste prisonnière de la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ), qui se réunit lundi et mardi.

«On n’attend pas de feu d’artifice» de cette réunion, a prévenu Bipan Rai, de CIBC Capital Markets.

L’ensemble des analystes interrogés par l’agence Bloomberg annonce un statu quo du taux directeur, actuellement situé à -0,1%, ainsi que du cadre fixé pour les taux obligataires japonais à 10 ans, compris entre 0% et 1%.

Signe d’un marché qui ne croit pas à un virage monétaire imminent, le rendement des emprunts d’Etat japonais à 10 ans ressortait à 0,61%, après avoir frôlé 1% début novembre.

Dans le même temps, les rendements obligataires américains continuaient, eux, à se tendre, illustration d’une modération des attentes quant aux baisses de taux de la banque centrale américaine (Fed).

Le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans s’est hissé mercredi jusqu’à 4,12%, une première depuis un mois.

«Le tremblement de terre est encore récent», a ajouté Bipan Rai, au sujet du séisme qui a frappé le centre du pays au Nouvel an, «et la BoJ veut voir des signes de rétablissement de l’économie avant de se lancer dans un resserrement» monétaire.

Pour Matthew Weller, les banquiers centraux attendent aussi de connaître l’issue des négociations annuelles sur les salaires entre entreprises et syndicats, qui doivent s’achever en mars.

La BoJ a, en effet, conditionné tout resserrement monétaire à une accélération des salaires, censée permettre au pays d’échapper à la déflation, qui a longtemps plombé l’économie japonaise.