La croissance européenne plombée par l’Allemagne

AWP

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Tandis que le PIB germanique n’avance pas au deuxième trimestre, la croissance française atteint 0,5%, bien plus que prévu.

La France et l’Espagne ont tiré la croissance économique européenne au deuxième trimestre mais l’Allemagne a déçu en stagnant, avec une récession annuelle qui menace désormais la plus grande économie du continent.

Le Produit intérieur brut (PIB) allemand a affiché une croissance nulle entre avril et juin sur un trimestre, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents, selon des données révisées et corrigées des variables de saison et de calendrier (CVS) publiées vendredi.

Les analystes sondés par Factset tablaient sur un rebond de 0,3%.

Les dépenses de consommation des ménages privés «se sont stabilisées au deuxième trimestre 2023 après le faible semestre d’hiver», a détaillé l’office des statistiques Destatis, juste de quoi compenser une industrie manufacturière qui broie toujours du noir.

Deux autres grands pays européens ont davantage la sourire.

La croissance en France a atteint 0,5% au deuxième trimestre, bien plus que prévu, tirée par les exportations qui ont compensé une consommation des ménages en berne, a annoncé vendredi l’Insee.

«Pour la première fois, la croissance française est tirée beaucoup plus par les exportations que par la consommation», a réagi le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire sur RTL.

En Espagne, la croissance a légèrement ralenti au deuxième trimestre (+0,4%), mais reste soutenue par la consommation, selon l’Institut national des statistiques (INE).

Une première estimation de la croissance pour la zone euro sera communiquée lundi par Eurostat.

Maillon faible

L’Allemagne, qui reste fortement exportatrice, s’appuie aujourd’hui timidement sur sa consommation des ménages, aidée par un marché du travail solide, des salaires en hausse et une tendance au recul de l’inflation.

L’industrie, à l’image d’une chimie en crise, patine, elle, bien que les difficultés d’approvisionnement se soient réduites et qu’elle ait bénéficié d’un important carnet de commandes.

«Si la chimie et l’automobile s’affaiblissent ensemble, cela déclenchera une véritable récession industrielle», prévient l’économiste Sebastian Dullien, de l’institut IMK, cité par le quotidien Süddeutsche Zeitung.

«L’Allemagne reste le maillon faible» en Europe, résume Capital Economics.

Si le PIB allemand a laissé derrière lui la récession technique traversée cet hiver, avec deux trimestres d’affilée en recul, le répit pourrait n’être que de courte durée.

L’indice des directeurs d’achats (PMI) de juillet, en repli, a pointé vers une nouvelle baisse du PIB au 3e trimestre, à moins d’un renversement de tendance en août et septembre.

Perspectives détériorées

Aussi l’économie allemande pourrait finir l’année au global dans le rouge, en queue de peloton des pays de la zone euro.

Les principaux instituts économiques s’attendent désormais à un recul estimé entre 0,2 et 0,4%, le FMI tablant de son côté sur -0,3%.

Le gouvernement d’Olaf Scholz voit encore la croissance du PIB afficher 0,4%, mais cette prévision d’avril a de bonnes chances d’être abaissée à l’automne.

Moins bien lotie encore que l’Allemagne, l’Autriche a vu en parallèle son PIB diminuer de 0,4% par rapport au trimestre précédent, a indiqué vendredi l’institut de référence Wifo, qui évoque une «récession dans l’industrie» et des «pertes dans la construction».

Hors zone euro, le PIB de la Suède a fondu de 1,5% au deuxième trimestre, par rapport au précédent, une performance très inférieure à ce qui était anticipé.

L’économie européenne pourrait dans ce contexte connaître une deuxième partie d’année difficile. La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a fait état jeudi de perspectives «détériorées» pour la zone euro.

Gardant la lutte contre l’inflation comme boussole, les gardiens de l’euro ont malgré tout décidé de remonter leurs taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, pour la neuvième fois d’affilée.

La BCE a en même temps ouvert la porte à une possible pause dans les mois à venir, alors que le coût plus cher du crédit pour ménages et entreprises pèse sur l’économie.

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