La BoE laisse son taux inchangé mais discute d’une baisse

AWP

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«Nous avons eu de bonnes nouvelles concernant l’inflation ces derniers mois», explique le gouverneur de la Banque d’Angleterre Andrew Bailey.

La Banque d’Angleterre (BoE) a laissé jeudi son taux directeur inchangé à 5,25%, au plus haut en 16 ans, et laisse entrevoir le début d’un cycle de baisse une fois que l’inflation sera retombée durablement à son objectif.

«Nous avons eu de bonnes nouvelles concernant l’inflation ces derniers mois», celle-ci ayant fortement décéléré pour atteindre 4% sur un an en décembre, après avoir flambé à plus de 11% fin 2022, a souligné le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey.

Il estime cependant que l’institut monétaire a «besoin de voir davantage de preuves que l’inflation tombera à la cible de 2%, et y restera, avant de pouvoir baisser les taux d’intérêt».

La hausse des prix au Royaume-Uni reste la plus élevée des pays du G7.

Dans son rapport de politique monétaire, la BoE estime notamment que l’inflation pourrait, selon ses projections, «brièvement chuter à 2% au printemps, avant de remonter légèrement à nouveau», se maintenant légèrement au-dessus de ce seuil.

L’institution ne s’attend pas à ce que l’inflation retombe à 2% avant fin 2026.

La balance au sein du comité de politique monétaire commence à pencher vers une baisse des taux, l’un de ses membres ayant privilégié cette option, premier vote en ce sens depuis 2020 et le début de la pandémie.

En décidant d’un statu quo, la BoE rejoint la position de la Réserve fédérale (Fed) mercredi, et de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière, qui ont pris des décisions similaires.

Risques géopolitiques

Si les risques inflationnistes «liés aux prix et à la pression des salaires sont davantage équilibrés», note la BoE dans les minutes de sa réunion, Andrew Bailey a déploré lors d’une conférence de presse que «malheureusement les risques géopolitiques se sont intensifiés avec les événements au Moyen Orient».

En particulier, les perturbations du transport maritime «dans la mer Rouge posent des risques sur les prix de l’énergie et des exportations», relève la banque centrale dans son rapport.

Depuis le mois de décembre, les rebelles Houthis du Yémen, proches de l’Iran, attaquent des navires marchands ou de guerre en mer Rouge, affirmant agir en solidarité avec les palestiniens de Gaza, assiégés par Israël, en guerre avec le mouvement islamiste qui contrôle le petit territoire.

Si les prix du pétrole et gaz, qui avaient flambé après l’invasion russe de l’Ukraine et la réouverture post-Covid de l’économie, sont retombés, ils pourraient rebondir, avertit la BoE, et faire de nouveau accélérer la hausse des prix.

L’institut monétaire estime toutefois que la croissance britannique devrait «progressivement repartir».

La banque centrale prévoit désormais une croissance de 0,25% en 2024 et de 0,75% en 2025, légèrement au-dessus de ses projections de novembre (à 0% en 2024 et 0,25% en 2025).

La livre se repliait face au billet vert quelque temps après la décision de politique monétaire de la BoE, cédant quelque 0,18% face au dollar à 1,2665 dollar pour une livre vers 14H30 GMT.

«La Banque d’Angleterre ouvre la porte à une baisse de taux plus tard cette année», estime Yael Selfin, économiste du cabinet de conseil KPMG UK.

«Si une coupe de taux dès ce printemps pourrait être prématurée, les indications du comité de politique monétaire semblent plus baissières pour la suite», ajoute-elle.

Face à un message cependant légèrement plus ferme qu’attendu à court terme, «le marché a repoussé la possibilité d’une première baisse des taux de mai à juin, avec une petite probabilité d’une baisse en mai», note Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Pour sa part, Rachel Reeves, principale responsable économique de l’opposition travailliste, a commenté la décision de la BoE en affirmant que les ménages britanniques «paient le prix de 14 années d’échec économique sous les conservateurs».

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