La BCE appelée à moins faire profiter les banques de leurs réserves

AWP

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Les banques réalisent «des bénéfices exceptionnels, sans risque substantiel, supérieurs à 140 milliards d’euros par an», écrivent treize experts économiques et parlementaires divers gauche dans une lettre ouverte.

Un groupe d’experts et de députés européens a appelé mercredi la Banque centrale européenne à revoir la rémunération des importantes réserves des banques au guichet de l’institution qui leur confère, dans un contexte de taux élevés, un «privilège exorbitant».

Le taux de facilité de dépôt dans la zone euro, à 4,0%, campe à son plus haut niveau historique pendant que les réserves des banques commerciales auprès des banques centrales nationales et de la BCE représentent 3700 milliards d’euros, héritage d’une politique monétaire expansive durant les années de faible inflation.

Ces banques réalisent ainsi «des bénéfices exceptionnels, sans risque substantiel, supérieurs à 140 milliards d’euros par an», écrivent treize experts économiques et parlementaires divers gauche dans une lettre ouverte relayée par l’ONG Positive Money Europe.

Il s’agit d’un «privilège exorbitant» comparable au «budget annuel de l’UE» de 168 milliards d’euros, avance l’universitaire Paul De Grauwe, signataire de la lettre, cité dans un communiqué.

De tels transferts gonflent les bénéfices des banques et les cours de leurs actions, créant une situation «incompatible» avec «les réalités du cycle de resserrement monétaire en cours pour les ménages et les entreprises», dont les dépôts sont eux bien moins rémunérés par les mêmes banques, selon cette lettre.

Cette situation pourrait créer «une menace directe pour l’efficacité et l’acceptation par le public de la politique monétaire de la BCE».

La BCE a fait un pas vers la réduction des profits excédentaires des banques en ne rémunérant plus depuis juillet la part obligatoire de ces réserves à son guichet, fixée actuellement à 1% des passifs liquides des banques.

Le collectif appelle, lui, à relever sensiblement le pourcentage de réserves obligatoires non rémunérées, sans indiquer de combien, afin d’»accroître à la fois l’équité et l’efficacité» de la politique monétaire.

Ce débat a déjà démarré au sein de la BCE: le président de Banque fédérale d’Allemagne, Joachim Nagel, voudrait augmenter le montant des réserves obligatoires et le gouverneur de la Banque nationale d’Autriche, Robert Holzmann, suggère lui de relever à 10% ces réserves minimales non rémunérées.

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