Cotation d’un fonds en bitcoin: la SEC prend la décision susceptible de bouleverser la crypto

AWP

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Le régulateur américain donne son feu vert à 11 sociétés différentes de lancer leur propre ETF, parmi lesquelles des grandes maisons de Wall Street comme Fidelity et BlackRock.

Le gendarme américain des marchés financiers, la SEC, a donné mercredi son feu vert à la cotation d’un nouveau produit d’investissement en bitcoins, une décision considérée comme une étape majeure pour l’adoption des cryptomonnaies, qui pourrait bouleverser le secteur.

Le produit autorisé mercredi est un ETF (Exchange traded fund), un fonds indiciel qui permet aux investisseurs de profiter des évolutions du bitcoin sans placer directement leur argent dans la devise numérique.

Concrètement, ils achètent des parts du fonds, qu’ils peuvent revendre à tout moment, et pas du bitcoin. Les avoirs du fonds sont, eux, placés en cryptomonnaies.

Lancé au début des années 1990, les ETF ont décollé au début des années 2000, séduisant par leur simplicité, qui offre la possibilité de suivre les performances de l’or, du pétrole, d’un indice boursier ou d’un secteur industriel.

Selon un rapport du cabinet OliverWyman, quelque 6’700 milliards de dollars étaient logés dans des ETF fin 2022.

Mercredi, la SEC a donné son autorisation à 11 sociétés différentes de lancer leur propre produit, parmi lesquelles des grandes maisons de Wall Street comme Fidelity et BlackRock, selon le document publié sur le site du régulateur.

Le marché avait déjà franchi un palier, en octobre 2021, avec la cotation du premier ETF investi non pas directement en bitcoins mais dans des contrats à terme liés à la cryptomonnaie.

Jusqu’ici, l’accès aux devises numériques nécessitait d’ouvrir un compte sur une plateforme d’échanges de cryptomonnaies et de convertir une devise classique (émise par une banque centrale), comme le dollar.

«Un tournant»

Le marché spéculait depuis plusieurs semaines sur l’homologation de ce nouvel ETF, accentuant nettement la volatilité du bitcoin, déjà connu pour ses variations brutales.

Mardi, la devise numérique reine s’est envolé brièvement jusqu’à son plus haut niveau depuis 22 mois, à 47,914 dollars l’unité, après la publication de ce qui s’est révélée être une fausse publication sur X (ex-Twitter) de la SEC, annonçant l’homologation de l’ETF en bitcoins.

La SEC a ensuite indiqué que son compte avait été piraté, le temps de poster le message.

Le gendarme boursier avait déjà retoqué, à de nombreuses reprises, des demandes de commercialisation pour des produits similaires par le passé, mais un récent développement a changé la donne.

Fin octobre, une cour d’appel fédérale de Washington a ainsi confirmé que la SEC n’était pas fondée à refuser au gestionnaire d’actifs Grayscale l’homologation de son ETF en bitcoins.

Le président de la SEC, Gary Gensler, pourtant connu pour ses réserves vis-à-vis des cryptomonnaies, avait ensuite reconnu que le régulateur était désormais tenu de tenir compte de cette jurisprudence.

L’arrivée d’un ETF est «un tournant pour les actifs numériques et signale un mouvement vers l’adoption par le grand public et (leur) légitimité», a commenté Thomas Tang, vice-président de la société de capital-investissement Ryze Labs.

«Par leur seule existence dans un cadre réglementé, les ETF en bitcoins vont donner de la crédibilité institutionnelle aux actifs numériques», a-t-il ajouté.

Gary Gensler a souvent comparé le monde des cryptomonnaies au «far west». Lors d’une audition au Sénat américain, en juillet, il avait mis en garde le grand public contre «ces actifs hautement spéculatifs», non régulés et risqués.

Nombre de financiers de premier plan et grands patrons ont également fait part publiquement de leur scepticisme, voire de leur opposition à ces devises numériques.

«La seule vraie utilité», des cryptomonnaies, c’est qu’elles profitent «aux criminels, aux trafiquants de drogue», pour «le blanchiment, la fraude fiscale», a déclaré, début décembre, le PDG de la plus grande banque du monde, JPMorgan Chase, Jamie Dimon. «Si j’étais le gouvernement, j’y mettrais un terme.»

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