Changement surprise à la tête de Lonza, qui plonge en bourse

AWP

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Le CEO Pierre-Alain Ruffieux quittera l’entreprise «d’un commun accord» fin septembre. Le président Albert Baehny assumera l’intérim, jusqu’à la désignation d’un successeur. L'action clôture sur une chute de 14,7%.

Le directeur général (CEO) de Lonza, Pierre-Alain Ruffieux, va quitter l’entreprise moins de trois ans après sa prise de fonction. Ce nouveau départ abrupt, qui succède à celui de son prédecesseur resté neuf mois en poste, a été très mal accueilli par un marché déjà échaudé par le coup de rabot sur les objectifs dans le sillage des résultats à mi-parcours décevants, comme en témoigne la chute du titre à la Bourse suisse.

Le CEO quittera l’entreprise «d’un commun accord» fin septembre. Jusqu’à la nomination de son successeur, le président du conseil d’administration Albert Baehny assumera l’intérim, jusqu’à la désignation d’un nouveau titulaire, à la recherche duquel l’entreprise compte se mettre «bientôt», selon un communiqué diffusé lundi matin.

«Les derniers mois ont assurément été difficiles, mais notre entreprise est leader mondial dans son domaine et dispose de nombreuses opportunités pour poursuivre sa croissance dans tous ses domaines d’activités», a signalé M. Baehny. Le biochimiste rhénano-valaisan a dans la foulée confirmé la tenue à Viège le 17 octobre de sa journée des investisseurs, au cours de laquelle il s’est engagé à faire le point sur sa stratégie et ses objectifs à moyen terme.

Remerciements succincts

«Le conseil d’administration remercie Pierre-Alain pour ses services pour Lonza et lui souhaite le meilleur pour l’avenir», a pour sa part déclaré le vice-président Christoph Mäder, accessoirement président de la faîtière Economiesuisse, cité dans le document.

L’annonce abrupte du départ de celui qui avait repris les rênes de Lonza en novembre 2020, au plus fort de la pandémie de coronavirus, intervient moins d’une semaine après que le laboratoire américain Moderna, dont l’entreprise était le principal sous-traitant, a annoncé une réduction de l’outil de production dans le sillage de la normalisation post-Covid.

Dans les colonnes de Finanz und Wirtschaft (FuW) en mai, Pierre-Alain Ruffieux s’était dit «très confiant» dans le fait que les investissements consentis dans le cadre du développement des capacités de production destinées à la production du vaccin de Moderna généreront à nouveau une «grosse activité».

Il avait toutefois prévenu que cela n’arriverait pas «du jour au lendemain» mais risquerait de prendre cinq à dix ans. «Moderna a un important portefeuille, et d’autres entreprises développent également des produits mRNA», avait alors expliqué.

Après avoir bouclé 2022 sur une généreuse poussée de croissance, alimentée encore par les recettes de la franchise Covid-19, Lonza avait fait état en juillet d’une forte érosion de la rentabilité. Contactée par l’agence AWP pour plus de détails concernant les circonstances du départ de l’artisan du partenariat avec Moderna, sa direction n’a pas souhaité faire de commentaire.

Pas une première

Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à un changement surprise à la tête de Lonza, signale dans une note la banque Vontobel, rappelant le départ en janvier 2020 de Mark Funk «pour des raisons personnelles», neuf mois à peine après avoir succédé à Richard Ridinger.

Les jours de Pierre-Alain Ruffieux à la tête de Lonza étaient comptés, après un résultat opérationnel décevant au premier semestre et une communication qui laissait à désirer, estime pour sa part la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui salue le retour du président pour assurer l’intérim. Les nombreux changements intervenus depuis 2019 révèlent cependant que «sous la surface, certaines choses n’ont pas fonctionné de manière optimale».

Sur la base des nombreux investissements et des solides relations avec la clientèle, l’établissement cantonal continue toutefois de considérer Lonza comme un investissement intéressant à moyen terme, et prédit à l’entreprise une embellie opérationnelle dès 2024, qui devrait s’accentuer en 2025-2027, confirmant dans la foulée sa recommandation d’achat pour le titre.

Les détenteurs de capitaux n’ont quant à eux pas du tout goûté ce qui ressemble à une éviction qui ne dit pas son nom. La nominative Lonza a achevé la séance sur une dégringolade de 14,7% à 424,30 francs, alors que l’indice phare SMI a lui cédé 0,96%.

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