Après un vif rebond, le marché du blé reste soutenu par divers achats

AWP

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A Chicago, le blé de variété SRW sur l’échéance de mars a terminé mardi à 6,2550 dollars le boisseau, en légère baisse sur une semaine. Coté Euronext, le cours oscille depuis une semaine autour de 230 euros la tonne.

Les cours du blé, qui étaient brusquement remontés début décembre à la faveur d’achats chinois, sont restés soutenus ces derniers jours par des commandes et appels d’offres en provenance de plusieurs pays, de l’Egypte au Bangladesh.

«Le marché est entre deux eaux», explique Sébastien Poncelet, du cabinet Agritel (groupe Argus Media).

«Il n’y a pas l’énergie suffisante pour poursuivre la hausse déclenchée par les achats importants de blé coté à Chicago par la Chine», qui avaient conduit à un bond des cours d’environ 18% en une dizaine de jours, détaille-t-il.

Depuis début décembre, les Etats-Unis ont fait part de l’achat de 1,12 million de tonnes de blé américain par la Chine.

Les Chinois ne sont toutefois «pas des acheteurs habituels de blé américain», remarque Dewey Strickler du cabinet de conseil Ag Watch Market, qui craint que ces dernières commandes soient sans grand lendemain.

Pékin a fait face à d’importantes pluies et inondations au printemps, et la qualité de leur blé de meunerie s’est considérablement dégradée, obligeant le pays à se fournir plus largement à l’étranger ces derniers mois.

«Réveil» d’importateurs

Parallèlement, «on assiste à un réveil d’autres importateurs», ce qui permet aux cours de ne pas retomber soudainement, remarque Sébastien Poncelet.

Après l’Egypte et la Chine la semaine passée, le Japon, le Bangladesh, la Tunisie ou encore l’Algérie ont lancé des achats en ce début de semaine.

Cela pourrait relancer un peu l’activité de pays exportateurs, notamment la France où les silos sont actuellement «relativement pleins», selon Sébastien Poncelet.

Les marchés ont fait peu de cas du rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture sur l’offre et la demande de produits agricoles paru vendredi, «particulièrement neutres pour tous les produits», estime l’analyste.

Les autorités américaines ont notamment relevé leur estimation de la récolte mondiale de blé à 783,01 millions de tonnes pour la campagne agricole de 2023-2024. Mais elles ont aussi relevé leur estimation de la consommation.

Le marché du blé reste par ailleurs influencé par les prix russes, «toujours très compétitifs», selon Sébastien Poncelet.

Mike Zuzolo du cabinet de conseil Global Commodity Analytics souligne toutefois que les cours du blé pourraient réagir au fait que Moscou a restreint ses exportations de blé dur, qui sert à la fabrication des pâtes, jusqu’en mai 2024, afin de dompter l’inflation.

«C’est un facteur de compression de l’offre auquel on ne s’attendait pas», relève Mike Zuzolo.

Moins de blé d’hiver semé

A la Bourse de Chicago, le blé de variété SRW sur l’échéance de mars, le plus échangé, a terminé mardi à 6,2550 dollars le boisseau (environ 27 kg), en légère baisse sur une semaine.

Coté Euronext, le prix du blé sur l’échéance de mars oscille depuis une semaine autour de 230 euros la tonne.

Au moment où les travaux des champs se terminent pour les derniers semis d’hiver en France, le service Agreste du ministère de l’Agriculture a par ailleurs fait part de ses premières estimations de surfaces de céréales 2024.

Les surfaces de blé tendre semé cet automne sont attendues en baisse de 5,1% par rapport à 2023. «Excepté 2020 où elles avaient chuté à 4,23 millions d’hectares, elles pourraient être les plus faibles depuis 2003», remarque Agreste dans sa note.

Les surfaces de blé dur d’hiver sont attendues en repli de 10,5%.

Du côté du maïs, les cours se sont, comme le blé, pour l’essentiel stabilisés.

Côté américain, la demande est «bonne», mais «on en a beaucoup à vendre», relève Jack Scoville de la maison de courtage Price Futures Group. Les cours pourraient toutefois se raffermir en fonction de la météo au Brésil, ajoute-t-il.

Le prix du boisseau de maïs pour livraison en mars évoluait à 4,8525 dollars le boisseau à Chicago, en très légère hausse sur une semaine. Celui de la tonne de maïs sur Euronext évolue depuis une semaine entre 200 et 202 euros la tonne.

Pour les oléagineux, «on est actuellement sur un marché influencé par la météo au Brésil», estime Sébastien Poncelet, et la situation y est «mitigée» selon lui: «il pleut suffisamment pour rassurer les opérateurs, mais insuffisamment pour être sûr d’avoir une récolte suffisamment bonne», dit-il.

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