Gonet: l'actualité des marchés au 22 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,56%, S&P 500 -0,88%, Nasdaq -2,05%, Russell +0,24%, SOX -4,12%, Eurostoxx -0,37%, SMI +0,59%.

Le marché a entamé ses nettoyages de printemps, il fait le tri et renvoie bon nombre de spéculateurs en herbe à leurs études. La Fed semble de moins en moins encline à débuter un cycle de baisses de taux cette année encore, les tensions géopolitiques au Moyen Orient restent présentes, même si l’Iran et Israël semblent vouloir calmer le jeu. En parallèle, la saison des résultats trimestriels d’entreprise a démarré sur une note contrastée. Tout cela rend l’horizon boursier brumeux, ce que le marché abhorre, et l’indice S&P500 (SPX) d’abandonner 3,05% la semaine passée.

Les principaux indices américains (SPX et Nasdaq100 NDX) réalisent vendredi leur sixième séance consécutive de repli. Cela leur fait désormais trois semaines de recul à la suite. Afin de comprendre d’où vient la pression vendeuse, il suffit d’observer le comportement de l’indice S&P500 Equal Weight (SPW), qui ne tient pas compte de la différence de capitalisation boursière des entreprises le composant. La semaine passée le SPW abandonne 0,48% alors que le SPX rend 1,86%. N’en jetez plus, le coupable est tout trouvé, la tech est en train de rendre une petite partie de ses gains récents.  Les semi-conducteurs sont particulièrement chahutés vendredi, le marché n’a pas du tout aimé entendre TSMC, un de ses acteurs majeurs, prédire des lendemains un tantinet moins chantants que ce que les analystes prévoyaient. Ajoutez à cela les résultats d’ASML, qui annonce des trimestriels en baisse et un recul des commandes (mais ça devrait aller mieux rapidement nous dit la société) et vous obtenez un environnement morose à souhait, qui explique en grande partie le plongeon de 10% de Nvidia vendredi (ndlr: la société publie ses résultats le 22 mai, en plein GGO). Ce retour des vendeurs dans le secteur est probablement une combinaison de prises de profits et d’un environnement macro-économique moins favorable qu’il y a peu. La frénésie autour de l’IA s’est logiquement calmée mais ne nous y trompons  pas, la révolution 4.0 est en marche, la croissance structurelle du secteur reste intacte, l’industrie est en phase de reprise, les acheteurs attendent probablement le bon moment pour effectuer leur retour.

Le SPX repasse en-dessous des 5000 points à la cloche de vendredi, il est proche d’entrer en territoire survendu et voit son prochain support à 4934 points, c’est là qu’évolue sa moyenne mobile à 100 jours, clôture à 4967 points. Le NDX casse pour sa part sa 100 dma vendredi, il est lui aussi sur le point de se trouver en territoire survendu et sa moyenne mobile à 200 jours se situe à 16'266 points, c’est le principal support à considérer, le NDX termine à 17'037 pts à la cloche. La volatilité rebondit mollement, le VIX récupère 4% à 18,71. Le dollar reste neutre, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0657, le rendement du 10 ans US, ô combien important, évolue à 4,64%, sa résistance à court terme est à 4,70%. Ce matin l’or rend un peu de terrain, l’once évolue à 2360 dollars, ce qui pourrait attirer de nouveaux intervenants, la résistance de 2400 dollars semble de plus en plus clé pour tenter d’aller à l’étage supérieur. Le pétrole reste en retrait, le baril de WTI Light Crude recule à 81,93 dollars.

En faisant le point de la performance hebdomadaire des 15 principales capitalisations boursières US, on réalise que seulement trois d’entre elles parviennent à garder la tête hors de l’eau: Berkshire Hathaway, JP Morgan Chase et United Health. La première constitue un investissement prudent et nécessitant une vue à long terme, la seconde apprécie les taux élevés et une économique américaine en forme tandis que la dernière a publié de forts bons résultats. On notera au passage qu’Exxon Mobil repasse devant Tesla, cela faisait un bail, la firme d’Elon Musk qui chute de 13% supplémentaires la semaine passée, elle a annoncé le licenciement de 10% de ses effectifs, doit rappeler près de 4000 cybertrucks (une pédale semble n’en faire qu’à sa tête, vous conviendrez que cela mérite qu’on s’y arrête), le Model 2 est reporté et la stratégie autour du Robotaxi laisse plus d’un analyste songeur. Cerise sur le gâteau, en perdant 40,82% depuis le premier janvier, Tesla réalise du coup la pire performance du SPX cette année. Du côté des autres mastodontes de la tech, on abandonne plus de 5% (Apple, Microsoft, Alphabet, Meta).

En Europe cela se passe différemment, la semaine n’est pas folichonne mais n’a rien à voir avec celle du NDX. À Paris, le CAC40 s’offre le luxe de progresser de 0,1% sur 5 séances, bien aidé par L’Oréal et LVMH. Et puis la différence de performance entre le marché européen et américain commence à se voir, l’Eurostoxx 50 gagne 9,1% depuis le début de l’année, le SPX 4,1%.

Au menu macro-économique du jour, l'indice de l'activité nationale de la Fed de Chicago aux Etats-Unis sera publié à 14h30. 

Cinq vagues de licenciements chez UBS débuteront en juin, selon la SonntagsZeitung. Le projet de rachat du réseau fixe de Telecom Italia par le fonds américain de capital-investissement KKR fera l'objet d'une décision des autorités européennes de la concurrence d'ici le 30 mai. Hindenburg Research n'en démord pas contre Temenos en publiant un nouveau communiqué à charge. Tesla baisse ses prix dans le monde, sur ses véhicules et sur son logiciel de conduite autonome. Tesla dont la capitalisation est rattrapée par celle d'Exxon Mobil pour la première fois depuis le début de l'année 2023. Le constructeur automobile chinois Li Auto réduit les prix de ses voitures pour gagner des parts de marché. Le constructeur chinois BYD a dévoilé le nom de son pick-up électrique: le «Shark».

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Shanghai qui abandonne 0,67%. Tokyo gagne 1% à la cloche, Hong Kong progresse de 1,92%, Séoul avance de 1,45% et le Nifty50 monte de 0,6%. Le future SPX récupère 18 points et l’Europe ouvre en progression de 0,5%. 

Les résultats trimestriels de sociétés prendront de plus en plus de place dès cette semaine, nous attendons notamment les chiffres de SAP, Novartis, Roche, Air Liquide, Hermès, Nestlé, Sanofi, Schneider et TotalEnergies en Europe. Aux Etats-Unis, place à Tesla, Meta, IBM, Qualcomm, Boeing, Microsoft, Alphabet et Intel. Sur la partie macro-économique, hormis le PIB américain jeudi, nous nous concentrerons surtout sur le PCE (Personal Consumption Expenditure) de vendredi, c’est l’indicateur favori de la Fed pour mesurer l’inflation. 

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