Gonet: l'actualité des marchés au 23 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,67%, S&P 500 +0,87%, Nasdaq +1,11%, Russell +1,02%, SOX +1,74%, Eurostoxx +0,38%, SMI +0,28%.

Mille milliards de dollars (ou presque). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nous ne trouvons pas ici dans un épisode d’Austin Power mais face à la somme de capitalisation boursière égarée par les sept un peu moins magnifiques la semaine passée. Depuis de nombreux mois, les investisseurs se sont rués sur les valeurs technologiques parce qu'elles offrent généralement des perspectives de croissance supérieures. Selon les prévisions des analystes compilées par FactSet, le secteur des technologies de l'information devrait augmenter ses bénéfices de 20% au premier trimestre. Les analystes prévoient par ailleurs une progression de 20% dans le secteur des services de communication, qui comprend Meta et Alphabet. Pour leur part, les bénéfices du S&P500 (SPX) devraient augmenter de 0,5%, ça pose le contexte n’est-ce pas? En plus de leur croissance nettement supérieure à la moyenne, les valeurs technologiques bénéficient de l’engouement historique pour l’intelligence artificielle, depuis que le monde a pris conscience de l’existence de cette dernière en novembre 2022. La conviction que l’économique américaine se dirigeait vers un atterrissage en douceur a fait le reste, le décor idyllique était planté, des sociétés en forte croissance, une économie en phase d’atterrissage et donc une Fed accommodante, un rêve éveillé pour tout taureau qui se respecte.

Oui mais non en fait, la saison des résultats de sociétés au premier trimestre a démarré sur une note contrastée, les dernières statistiques macro-économiques ont été fortes, suggérant que l’économie américaine pourrait réaliser un «no landing» plutôt qu’un «soft landing», le positionnement long dans les 7 magnifiques étant probablement le plus important «crowded trade» du moment, ceci explique l’évaporation de capitalisation boursière de la semaine écoulée. Et puis on n’en parle pas trop ces jours, mais les valorisations ont aussi une importance au final. Amazon traite actuellement à 38 fois ses bénéfices estimés à 12 mois, Tesla à 48 fois, le SPX à 20 fois, c’est à garder en tête.

Le marché a donc grand besoin de savoir où en sont ces fameux magnifiques qui ont fait le beau temps et un peu la pluie des indices depuis si longtemps. Et ça tombe bien, ils vont passer par le confessionnal l’un après l’autre dès ce soir. On commence avec le vilain petit canard de la bande, Tesla et son philosophe en chef Elon Musk, dont on ne sait jamais trop ce qu’il va nous sortir de son chapeau. Ce que l’on sait déjà, c’est que Tesla ne se porte pas très bien et que les doutes s’accumulent autour d’elle quant à certains de ses projets, son robotaxi par exemple, qui nécessitent que le marché soit rassuré, faute de faire plonger l’action encore un peu plus, elle recule déjà de 43% cette année. Demain nous aurons droit à Meta tandis que Microsoft et Alphabet seront de sortie jeudi. Amazon et Apple se prêteront à l’exercice la semaine prochaine, d’ici quelques jours donc nous en saurons donc nettement plus quant à l’état des lieux de cette bande de locomotives boursières, sachant que toute déception risque d’envoyer le marché au tapis, brièvement peut-être mais le cocotier pourrait bien être secoué un chouia si globalement déception il y a.

La saison des résultats de sociétés est en train de prendre le lead sur le reste de l’actualité, n’oublions pas ceci dit que l’indicateur favori de la Fed pour mesurer l’inflation sera publié vendredi, le PCE (Personal Consumption Expenditure) est attendu en très léger repli au mois de mars, il serait de bon ton qu’il satisfasse les prévisions des économistes, un rapport supplémentaire indiquant que dame inflation pète la forme risque de lui aussi mettre le marché KO debout.

La semaine boursière de Wall Street débute relativement bien. Les indices clôturent dans le vert hier soir, pas au top du jour certes mais ils évitent de reproduire cette sale habitude de la semaine passée, d’ouvrir en hausse pour craquer en fin de séance. Les 11 secteurs du SPX progressent avec, sur le podium, la tech (chasse aux bonnes affaires), les financières (excellente alternative, elles aiment les taux élevés et une économie en pleine forme) et les utilities. Je note que l’indice TICK atteint son plus haut niveau en séance depuis plus d’un mois, ce qui nous indique que l’activité acheteuse du jour est probablement dictée par des algorithmes. Les volumes d’échanges sont mesurés, en revanche le breadth (l’écart entres les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est sans appel, hier on achète, un point c’est tout.  Techniquement, le SPX s’approche à 30 points de sa moyenne mobile à 100 jours en séance et parvient à terminer sa journée au-dessus de 5'000 points. Le VIX se casse la figure, il perd 9,5% à 16,94. Le dollar reste plutôt stable, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0644. Le pétrole se maintient à 82 dollars le baril de WTI Light Crude, en revanche l’or fait l’objet de prises de profits, l’once recule à 2302 dollars (appels de marge?).

Le yen tente un rebond après que le ministre japonais des finances ait déclaré que l'environnement est en place pour une intervention si nécessaire, ses remarques les plus fortes depuis que la devise a atteint son plus bas niveau depuis 34 ans face au dollar. Kazuo Ueda apporte également son soutien en réitérant que la BOJ augmenterait ses taux si l'inflation sous-jacente se rapprochait de l'objectif de la banque.

Ah au fait, hier l’indice britannique FTSE 100 clôture à un plus haut historique. L’indice en profite pour passer le cap des 8'000 points.

Au fait également et rien à voir avec l’Angleterre, ce mardi 23 avril marque le 19e anniversaire de la mise en ligne de la première vidéo sur Youtube. Il s’agissait en l’occurrence d’un des trois cofondateurs de la plateforme, filmé au zoo de San Francisco devant des éléphants, depuis lors on a remplacé les cofondateurs et les éléphants principalement par des chats.

Au menu macro-économique du jour, le retour des indicateurs PMI flash pour le mois d'avril, notamment en France (9h15), en Allemagne (9h30), dans la zone euro (10h00), au Royaume-Uni (10h30) et aux Etats-Unis (15h45), où les investisseurs auront droit en bonus aux ventes de logements neufs et à l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00). 

Bayer confirme ses perspectives pour 2024 malgré un démarrage lent de ses activités dans les domaines de l'agriculture et de la santé des consommateurs. Novartis publie des trimestriels en haut de fourchette des attentes et relève ses prévisions. Randstad manque ses prévisions de bénéfices en raison des conditions de marché difficiles. SAP SE publie une perte au premier trimestre, mais les revenus augmentent. ASML choisit de s'agrandir à Eindhoven, aux Pays-Bas. Kuehne Und Nagel International affiche résultats en baisse au premier trimestre. La FTC américaine intente une action en justice pour bloquer le rachat de Capri par Tapestry pour un montant de 8,5 milliards de dollars. Apple est sur le point de conclure un accord avec la FIFA sur les droits télévisuels d'un nouveau tournoi, selon le NYT. La Chine a acquis des puces Nvidia récemment interdites dans des serveurs Super Micro et Dell, selon des appels d'offres. Boeing s'attend à une augmentation plus lente de la cadence de production et des livraisons du 787, selon une note de service. Eli Lilly acquiert des capacités de production auprès de Nexus Pharma.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,3% à la cloche, Hong Kong avance de 1,69%, Shanghai recule de 0,72%, Séoul perd 0,24% et le Nifty50 grappille 0,24%. Le future SPX recule de 3 points, l’Europe est indiquée en hausse de 0,5% à l’ouverture de 9 heures, place aux résultats trimestriels des cadors de la cote. 

A lire aussi...