Les solutions de stockage sont au cœur de la tendance

Salima Barragan

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Nous sommes un acteur de la transition énergétique, déclare Ivor Frischknecht de Sosteneo Infrastructure Partners.

Fondée en 2022 à Milan, Sosteneo Infrastructure Partners investit dans des actifs liés aux énergies renouvelables à travers l'Europe et la zone APAC. Cette boutique, intégrée à l’écosystème de gestions d’actifs de Generali Investments, cible des projets d’infrastructures vertes destinés à la production d'énergies renouvelables. Entre 2010 et 2022, les encours investis sur ce segment ont bondi de 250 milliards de dollars US à 1,26 trillion. Selon Ivor Frischknecht, managing partner, les solutions de stockage sont récemment devenues un des aspects majeurs de la tendance.

Comment les investissements dans les infrastructures vertes ont-ils évolué vis-à-vis du reste du segment?

Entre 2019 et 2022, les fonds d'infrastructure ont bondi de 18,5%. Cependant, la part des levées de fonds liées aux énergies renouvelables a atteint 92% du segment, ce qui représente aujourd’hui plus de 132 milliards de dollars US d’encours.

Quelles sont les tendances actuelles?

Les batteries et les solutions de stockage de l’électricité sont au cœur de la tendance du moment, car la production d’énergie renouvelable reste intermittente. Les sociétés développent des solutions de stockage à court terme, afin de garantir une distribution fiable.

Nous nous attendons à une augmentation des solutions de stockage avec batteries liées aux systèmes de panneaux solaires des habitations, aux systèmes de chauffage électrique, ainsi qu’aux stations charges de véhicules électriques. Les batteries sont aussi plus faciles à utiliser que l’hydrogène, pénalisé par des difficultés liées aux licences.

Comment investissez-vous dans la thématique?

Nous sommes un acteur de la transition énergétique et ciblons des projets de construction. Nous offrons ainsi des solutions d’investissement à bas risque, typiquement dans des actifs tels que des fermes solaires via des participations en actions, sans acquérir les sociétés. Nous n’investissons pas dans les infrastructures classiques, telles que les routes.

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, des milliards supplémentaires seront investis lors des prochaines années.

Ces placements s’étendent sur un horizon de temps de 20 ans mais sont conservés dans le fonds géré par Sosteneo pendant environ 10 ans. Ils sont cependant moins risqués que le Private Equity dans la mesure où nous gardons une bonne visibilité des revenus des projets et un contrôle rigoureux des coûts.

Les projets vont du stockage à l’éolien, en passant par les toits solaires industriels. Nous sommes aussi très intéressés par l’Agrivoltaïque, qui combine les fermes solaires avec la l’agriculture. Nous étudions aussi des projets dans le domaine de l’hydrogène et de l’énergie géothermique; des sources moins conventionnelles.

Pouvez-vous nous donner des exemples de placements?

Nos premiers placements remontent à quelques mois. Nous avons participé à un projet d’infrastructure au Royaume-Uni via la société Rich Borough Energy Park. Le promoteur de ce projet était Pacific Green Energy, une société listée aux États-Unis qui avait travaillé des années durant afin de développer un projet supposant des licences, des terrains et des permis pour se connecter aux réseaux, en plus du financement. Une fois le projet en cours de construction et les risques écartés, nous l’avons acquis via un Special Purpose Vehicule (SPV).

Quelles sont vos perspectives sur l’industrie?

Le secteur se porte bien à en juger par les montants engagés croissants. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, des milliards supplémentaires seront investis lors des prochaines années.

Certaines régions d’Europe sortent de l’énergie nucléaire. La géothermie et la bioénergie qui permettent de transformer des résidus en électricité ou en gaz vert, ne représenteront qu’une part relativement faible de la solution globale de décarbonisation de l’énergie. Cependant, l’éolien et le solaire sont plus facilement stockables et relativement peu coûteux. Ces deux sources produiront la plus grande partie de l’énergie et les solutions de stockage seront essentielles afin de la conserver. Enfin, les batteries lithium-ion, dont les propriétés chimiques sont différentes, offrent un grand potentiel en tant que principal moyen de stockage de l'énergie éolienne et solaire.

Quel est le sentiment des investisseurs à l’égard de la transition énergétique, qui a sous-performé depuis le début de l’année?

Les investisseurs sont conscients du potentiel de cette opportunité. Toutefois, les actions cotées en bourse ont sous-performé en raison de la hausse des taux d'intérêt et des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement ces dernières années.

En matière d’investissements, tout est risqué. Pouvez-vous expliquer pour quelles raisons vos placements sont à faible risque?

Les rendements de nos investissements en actions sont plus stables, car ils proviennent souvent de la vente d’électricité dans le cadre de contrats à long terme. À l’occasion d’un projet en Australie, nous avons conclu deux contrats. Le premier avec Shell, une société solide, et le second avec l’opérateur du marché national. Dans ce projet (à moins d’une faillite de Shell et du gouvernement australien), les revenus sont verrouillés jusqu’à la revente des actions liées au projet.

Les investissements dans des projets d’énergies renouvelables comportent trois profils de risque. Le stage de développement initial est risqué mais ne nécessite pas beaucoup de capital. Cependant nous intervenons lors de la seconde phase, complexe et gourmande en capital et moyennement risquée. La troisième phase commence lorsque le projet est entièrement construit et dépourvu de risques, et que tous les contrats de revenus et d'exploitation sont en place. À ce stade, le risque est faible, le rendement relativement faible et la complexité faible. Lorsqu'un projet atteint cette troisième phase, nous le vendons à un détenteur à long terme dont les exigences en matière de rendement sont moindres.