Edmond de Rothschild présente ses ambitions au Vietnam

Emmanuel Garessus

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Le partenariat entre EdR et BIDV concerne la gestion de fortune et l’asset management. Avec Cynthia Tobiano, de Edmond de Rothschild

Edmond de Rothschild a annoncé jeudi la signature d’un partenariat avec la Bank for Investment and Development of Vietnam (BIDV), afin de créer la première banque privée du pays. BIDV est la plus ancienne banque vietnamienne et la plus grande du pays en termes d’actifs sous gestion. Christophe Caspar, CEO Global Asset Management d’Edmond de Rothschild et Cynthia Tobiano, Deputy CEO de Edmond de Rothschild (Suisse) SA, répondent aux questions d’Allnews sur ce partenariat:

Quand avez-vous débuté les démarches avec BIDV?

Les premiers échanges ont démarré il y a 18 mois. BIDV menait des réflexions stratégiques sur le développement de ses services de gestion de fortune au Vietnam. L’établissement a sollicité McKinsey pour l’accompagner. Le consultant a identifié différents partenaires dont Edmond de Rothschild. La première rencontre entre BIDV et Edmond de Rothschild s’est très bien déroulée. Elle a mis en lumière une vision identique sur laquelle nous avons pu construire un accord.

Concrètement quelles ressources allez-vous investir au Vietnam?

Le partenariat repose sur deux piliers. Premièrement, nous allons aider BIDV à développer son offre de banque privée sous différentes formes, à commencer par la formation de spécialistes, soit en envoyant nos spécialistes au Vietnam, soit en accueillant leurs professionnels dans nos équipes en Europe et en Suisse. Nous reprendrons et adapterons le modèle que nous avons employé avec Nikko, notre partenaire au Japon, par exemple avec l’organisation d’événements pour les clients de banque privée. Le deuxième pilier de la coopération consiste à créer une co-entreprise centrée sur les solutions d’investissement pour les clients. Nous développerons ensemble des produits financiers destinés au marché de la clientèle aisée vietnamienne avec une combinaison de produits.

«Nous espérons atteindre le milliard de francs d’actifs sous gestion à cinq ans avec notre partenaire.»

En raison de la structure en co-entreprise et d’un développement à long terme, il est donc difficile de chiffrer l’investissement.

Est-ce que cela concerne autant l’asset management que la gestion de fortune?

Oui, tout à fait. BIDV a envie de développer aussi bien son asset management que sa gestion de fortune au sens large. Une grande partie de l’épargne vietnamienne est investie sur des dépôts et dans l’immobilier à travers des emprunts bancaires.

Les produits financiers et l’approche High Net Worth Individual ou Ultra High Net Worth Individual représentent une industrie naissante. Nous aiderons BIDV sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela commencera par la distribution dans les quelque 200 succursales de BIDV dans le pays, en plus du développement progressif d’une offre adaptée à la clientèle fortunée.

Quels sont les défis réglementaires d’une telle démarche, sachant que le Vietnam connaît un contrôle des changes?

A côté du contrôle des changes, l’investisseur doit satisfaire, pour l’épargne gardée au Vietnam, une pondération entre les investissements locaux (minimum 80%) et internationaux (maximum 20%).

Est-ce qu’il est possible de comparer le niveau de développement du marché financier vietnamien à celui d’autres pays?

Le Vietnam suit le chemin traditionnel d’un marché qui appartient aux marchés frontières. Il bénéficie d’une belle croissance économique avec des fondamentaux assez sains et une population qui s’enrichit dans le sillage de ce développement. Le Vietnam a aussi besoin d’un plus grand contrôle sur sa monnaie. Il ouvrira pas à pas l’investissement financier à ses citoyens dans des véhicules locaux pour des classes d’actifs internationales. Tout porte à croire que le rapport entre les investissements locaux et étrangers est appelé à évoluer à l’avenir, ce qui augmentera les possibilités de diversification des portefeuilles.

Quelle est la situation de votre établissement en Asie?

En Asie, nous avons été très sélectifs. Nous disposons d’un partenariat avec Nikko au Japon et d’un autre en Corée du Sud.

Avec Nikko, nous avons un partenariat stratégique de distribution depuis 20 ans qui a donné accès entre 100 à 120'000 clients aisés japonais. EdR fournit les produits et Nikko les distribue dans le pays. Nous profitons donc de l’expérience d’une structuration d’un partenariat qui ne nous amène pas à créer une équipe sur place. Nous développons toutefois les échanges, par exemple à travers des événements qui bénéficient à tout l’écosystème.

Qu’espérez-vous de cet accord dans cinq ans en termes d’actifs sous gestion?

Nous espérons atteindre le milliard de francs d’actifs sous gestion à cinq ans avec notre partenaire.

Quels types de fonds pourraient être attractifs?

Nous utiliserons pour la partie locale des fonds ajustés au profil de risque, qu’ils soient sur les actions ou les obligations, le tout en architecture ouverte. Sur la partie internationale, nous emploierons les solutions EdR. Nous sommes en train de travailler sur ces sujets avec notre partenaire. Il s’agira de «package» de plusieurs profils de risque afin d’assurer le sain développement d’une épargne à long terme. C’est l’approche de la prévoyance individuelle et non pas celle du trading.

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