«Nous poursuivons notre essor en Suisse»

Nicolette de Joncaire

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Société Générale Private Banking fête sa cent vingtième année en Suisse avec une stratégie de développement dynamique. Entretien avec Olivier Lecler.

 

Installé en Suisse depuis plus d’un siècle – 120 ans pour être précis –, le groupe bancaire français Société Générale entend bien continuer à y accroître ses multiples activités sur la base de ses deux plateformes de Genève et Zurich. En poste depuis deux ans à la tête de Société Générale Private Banking Suisse, Olivier Lecler confirme la place essentielle que tient la Suisse dans la stratégie du groupe.

Société Générale est présente en Suisse depuis 120 ans. Quelles y sont ses activités?

La Suisse est l’un des premiers pays étrangers où le groupe s’est implanté après sa création il y a un siècle et demi. Nous y menons une vaste gamme d’activités: banque privée, banque de financement et d’investissement, gestion d’actifs institutionnels (Lyxor), custody, et financements de flottes automobiles et de biens d’équipements. Les clients de la banque privée ont un accès direct aux experts de ces divers métiers via leur conseillers privés, à partir de Genève et de Zurich.

«C’est aussi grâce à notre visibilité internationale
qu’une partie de nos clients s’adresse à nous.»
Comment s’articule la banque privée au sein du groupe?

Sur la base de six plateformes – en France, en Suisse, au Luxembourg, au Royaume-Uni, à Monaco et en Belgique – coordonnées par une direction centrale à Paris. En Suisse nous couvrons un nombre bien défini de marchés tels que la Suisse, la Grande-Bretagne, le Moyen-Orient ou la Russie – où le Groupe est présent depuis des années avec Rosbank. C’est en partie grâce à notre visibilité internationale qu’une partie de nos clients s’adresse à nous.

Vous dites vous montrer très sélectifs. Quelle clientèle visez-vous?

Nous offrons des solutions de gestion de fortune notamment à une clientèle d’entrepreneurs et de particuliers de type «ultra high net worth» disposant de plus de 20 millions investissables. En Suisse – où c’est une spécificité, nous nous adressons également aux gérants indépendants. Dans toutes les configurations, la banque privée offre des services d’ingénierie patrimoniale en s’appuyant pour répondre aux besoins spécifiques des clients sur un vaste pool d’expertise de banque d’investissement et de corporate finance ainsi que sur la robustesse du bilan du groupe, notamment en matière de crédit. L’objectif de nos ingénieurs patrimoniaux est de pouvoir répondre à toutes sortes d’exigences dans le cadre d’investissements, d’acquisitions, de cessions ou de successions et au moyen d’un vaste éventail d’outils pertinents. Nous cherchons systématiquement à être en synergie avec les attentes des clients. Dans le domaine du financement par exemple, nous sommes à même d’identifier aussi bien des levées de fonds de type private equity que des investissements en prise directe de type club deal ou d’orchestrer des émissions obligataires.

Le bilan du groupe permet-il d’offrir une large palette de services?

La solidité du bilan du groupe est un véritable facteur de différentiation et nous permet d’offrir aussi bien des crédits hypothécaires que des crédits à levier de type Lombard ainsi que, des services spécialisés pour le financement d’une large palette d’actifs notamment, depuis peu, d’œuvres d’art.

«Tant Genève que Zurich offrent un bassin de talents remarquables
en matière de gestion de fortune et de gestion d’actifs.»
Quel est à votre sens le futur de la place financière suisse?

La Suisse est repartie de l’avant. Pour ce que j’ai pu en voir, les résultats du secteur financier sont bons et le cap difficile me parait appartenir au passé. Je suis personnellement persuadé que la place financière suisse a un très bel avenir avec des positions acquises importantes et une excellente image de marque auprès des clients. Tant Genève que Zurich offrent un bassin de talents remarquables en matière de gestion de fortune et de gestion d’actifs.

Les gérants indépendants sont une spécificité suisse. Quel avenir ont-ils?

Compte tenu des exigences règlementaires, ce secteur pourrait se réorganiser et il est probable que nous verrons une consolidation de certains acteurs. C’est un marché que nous connaissons très bien. Nous accompagnons les gérants indépendants avec une offre et des outils adaptés à leurs besoins et aux évolutions du secteur.

Vous dites vouloir continuer d’investir en Suisse. Cette tendance sera-t-elle durable?

Nous avons effectivement l’intention de continuer à investir en Suisse et recruter des talents. A Genève et à Zurich. Et dans toutes les fonctions: banque, back-office, support ou contrôle de gestion. Notez que dans le domaine de l’IT, le Groupe a investi plus de 80 millions d’euros pour l’ensemble de son métier de banque privée, dans une suite d’outils fournis par des prestataires suisses : Avaloq pour le CRM, Crealogix pour l’e-banking ou Triple A de Temenos pour la gestion de fortune. La digitalisation nous permet de concentrer nos efforts sur le conseil et donc ce qui est notre véritable valeur ajoutée. Et la Suisse y joue un rôle prépondérant.

«L’art contemporain est d’un des deux axes du mécénat culturel
du groupe depuis vingt ans, l’autre étant la musique classique.»
Vous évoquiez plus tôt le financement des œuvres d’art. C’est un domaine sur lequel vous vous positionnez aujourd’hui de manière forte avec en 2018 un prix pour les jeunes talents en Suisse. Pourquoi cette démarche?

L’art contemporain est d’un des deux axes du mécénat culturel du groupe depuis vingt ans, l’autre étant la musique classique. Notre collection d’art contemporain compte plus de 1000 œuvres dont la majorité est exposée au siège du Groupe à Paris et dont quelques pièces sont exposées ici. Depuis l’an dernier, nous ouvrons nos espaces à des expositions d’art contemporain et en 2018, nous décernerons pour la première fois un prix biennal aux jeunes talents suisses le 31 mai. Pour sélectionner les artistes et le jury, nous nous sommes appuyés sur notre expertise interne mais aussi sur une expertise externe, notamment celle de Katie Kennedy qui a été curatrice de notre exposition «L’exception suisse: l’art contemporain dans les collections privées romandes» de 2017. Toujours dans le domaine de l’art, nous offrons à nos clients des services d’investissement, d’assurances et, depuis peu, de financement notamment grâce au partenariat de Société Générale Private Banking avec 1858 Ltd.

Etes-vous satisfait de votre dynamique?

Au niveau de la banque privée en Suisse, nous avons eu une belle dynamique de résultats en 2017. Pour 2018, nous sommes sur un objectif de croissance de l’ordre de 5% et l’année a déjà très bien démarré.