Le déficit commercial des Etats-Unis avec le reste du monde s’est creusé bien plus que prévu en novembre atteignant 80,2 milliards de dollars, proche d’un niveau record, sous l’effet d’une forte demande des consommateurs américains et de l’atténuation des problèmes de chaînes d’approvisionnement.

Les importations sont en augmentation de 4,6%, à 304,4 milliards de dollars tandis que les exportations, qui avaient rebondi en octobre, augmentent de manière marginale, +0,2% à 224,2 milliards, selon les données du département du commerce publiées jeudi.

Les analystes tablaient sur un déficit bien plus faible à 69,4 milliards de dollars.

Sur les seuls biens, le déficit atteint 98,9 milliards de dollars, un record.

Cumulé sur les 11 premiers mois de l’année, le déficit se creuse de 28,6% comparé à la même période de 2020, année marquée par une récession historique provoquée par la pandémie de COVID-19 qui avait paralysé les flux commerciaux dans le monde.

Mais 2021 a enregistré une reprise soutenue de la demande tant aux Etats-Unis que dans le monde qui s’est toutefois accompagnée de dysfonctionnements importants des chaînes d’approvisionnement mondiales en raison de pénuries de main d’oeuvre liées aux vagues successives d’infections.

Pour le seul mois de novembre et à l’approche des fêtes de fin d’année, la première économie du monde a importé massivement tout un éventail de marchandises allant de produits industriels, aux jouets et aux articles de sport en passant par les voitures, les équipements automobiles et du pétrole brut, signe que les problèmes de logistiques ont moins pénalisé les importateurs que lors des mois précédents.

Le président Joe Biden a lui-même souligné ces dernières semaines que ces difficultés étaient en train de se résorber.

La Maison Blanche avait poussé en octobre en faveur de l’ouverture 24 heures sur 24 du port de Los Angeles, le plus important des Etats-Unis, pour accélérer le débarquement des marchandises et diminuer la file d’attente des cargos attendant leur tour pour décharger.

Puis début novembre, les ports de Los Angeles et de Long Beach avaient imposé une redevance aux transporteurs maritimes sur leurs cargaisons séjournant sur les quais pendant plus de huit jours, ce qui a accéléré le désengorgement.

Par pays, le déficit des biens avec le Canada a augmenté de près de 94% en novembre, de 16,6% avec l’Union européenne, de 13% avec le Mexique et de 0,4% avec la Chine.

En novembre, les Etats-Unis ont par ailleurs rouvert leurs frontières avec notamment l’Europe, ce qui a eu pour effet de faire croître les exportations de services de 3,2 milliards de dollars, dont 2,2 milliards pour le secteur du voyage.

Les exportations se sont toutefois révélées insuffisantes pour compenser le déferlement de produits venus de l’étranger.

«Dans l’ensemble, les flux commerciaux ont effacé les pertes accumulées pendant la pandémie (en 2020) avec des niveaux d’exportations et d’importations désormais supérieurs aux niveaux d’avant la crise», a souligné Rubeela Farooqi, économiste en chef chez HFE dans une note.

Mais la propagation d’Omicron dans le monde menace d’aggraver les pénuries de main-d’oeuvre et de faire ressurgir les problèmes d’approvisionnement.

Le commerce devrait ainsi continuer à être un défi pour les entreprises dans les mois à venir.

«Pour l’avenir, nous prévoyons que le déficit commercial restera historiquement élevé jusqu’à ce que les inquiétudes liées à la pandémie s’atténuent», a résumé Kathy Bostjancic, économiste en chef chez Oxford economics.

«Le variant Omicron représente un risque de baisse clé qui menace de fausser les flux commerciaux en ralentissant la reprise mondiale au début de 2022», a-t-elle ajouté.

Les Etats-Unis, le pays le plus endeuillé du monde avec plus de 832’000 morts, ont enregistré mercredi près de 600’000 nouveaux cas. Le variant Omicron est devenu ultra-majoritaire dans le pays.