Wall Street donne les clés aux petits porteurs. Les principaux indices US réalisent une séance de «trainards» et clôturent quasiment au plus haut du jour, en légère hausse. Il y en a un qui continue à mener le peloton avec une énergie rare, le Russell2000 (RTY). L’indice des 2000 plus petites capitalisations américaines s’adjuge 1,8% et atteint un nouveau record historique. Ça, on commence à s’y habituer. Ce qui frappe en revanche, c’est ce qu’on découvre en décortiquant la séance du RTY d’hier. 7 des 10 titres portant l’indice sont des valeurs traitant entre 2 et 5 dollars, les titres préférés des Robinhooders. Jetons du coup un œil à l’indice Goldman Robinhood/Retail Index. Bingo ! il décolle de 4%. Allons donc voir les volumes d’échanges, qui décollent à 15,3 milliards de titres traités sur le NYSE hier. En les regardant de plus près, on observe que 6 des 10 titres les plus actifs hier sont des valeurs évoluant en-dessous de 1 dollars, des «penny stocks». A elles seules, elles représentent 2,6 milliards de titres échangés, soit 18% de tout le volume du NYSE. Wall Street est donc en train de donner les clés aux petits porteurs. Dans les faits, voici les plus jolies performances «robinhoodiennes» du jour: ZOM +39,8%,  FUBO +34,2%,  NAKD +29,0%, TIGR +23,3%, XPEV +22,4%, MP +17,6%, SOL +15,4%, FUTU +15,3%, CTRM +13,6%, TNXP +13,5%, NIU +13,4%, LI +12,1%, MARA +11,9%, NCTY +11,8%, DQ +11,5%, XNET +11,1%, JMIA +10,8%

Ajoutez à cela des couvertures de positions shorts (vendues à découvert) et vous obtenez un marché résilient comme rarement, qui se fiche totalement du vaudeville politique de Washington DC, du carnage réalisé autour du globe par le coronavirus et de l’inflation, dont le nom commence à être prudemment murmuré à nouveau dans les salles de marchés.
Les rotations sectorielles se poursuivent plus on approche de l’annonce du programme démocrate. En hausse figurent les secteurs qui profiteront de la reprise conjoncturelle, à savoir l'énergie (+3,5%) les biens de consommation discrétionnaires (+1,3%), les financières (+1%), les matériaux de base (+1,3%) et les industrielles (1%). La courbe des taux US de 2 à 10 ans s’écarte, qui nous signale que le marché commence à se gratter la tête en se demandant si le retour de l’inflation ne serait pas dans les cartes. Le dollar souffre de tous les maux, l’indice Dollar index (DXY) flirte dangereusement avec les 90 ce matin, son prochain support se situe à 89,16. La paire eur/usd traite du coup à nouveau au-dessus des 1,22. Le pétrole ne se pose plus de question et regarde vers le nord. Le baril de WTI Light Crude traite à 53,69 dollars en ce moment, porté par les politiques économiques et monétaires très généreuses de la part de la future administration Biden et de la Fed.

À propos de la Fed, un des principaux risques que le marché pourrait bien devoir gérer, c’est un retour rapide de la croissance, qui pourrait du coup inciter la Réserve Fédérale des Etats-Unis à entamer la fermeture graduelle du robinet des fameuses liquidités, sources de la hausse des indices depuis plus de dix ans maintenant. Dans ce contexte, on écoute attentivement les discours des différents gouverneurs de l’institut d’émission. Et ça tombe bien, plusieurs membres de la Fed s'exprimaient hier. Loretta Mester, patronne de la Fed de Cleveland, déclare que le tapering interviendra quand la Fed y sera prête, pas de façon soudaine. Esther George, boss de la Fed de Kansas City, indique en substance qu’il est trop tôt pour spéculer sur le timing d’un changement d’attitude de la Fed. Enfin, James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, affirme que la Fed n’est pas du tout sur le point de démarrer le tapering. On peut qualifier les déclarations d’hier de «musique symphonique aux oreilles des investisseurs en actions».

Petit détour par le Capitole. Selon Reuters, le FBI s'inquiète du risque de manifestations armées avant le 20 janvier, jour de la cérémonie d'investiture de Joe Biden en tant que 46e président des Etats-Unis. Face au risque de troubles liés aux actions de partisans de Donald Trump, la Garde nationale des Etats-Unis a été autorisée à déployer jusqu'à 15’000 membres dans la capitale fédérale pour contribuer au maintien de l'ordre lors de la cérémonie d'investiture. La démission, lundi soir, du ministre par intérim de la Sécurité intérieure, Chad Wolf, a ajouté aux inquiétudes sur cette période de transition difficile. Rappelons que Donald Trump, qui n'a reconnu sa défaite qu'à demi-mot, a annoncé qu'il ne participera pas à la cérémonie de prestation de serment de Joe Biden, contrairement à la tradition américaine. De son côté, Mike Pence rejette l'idée de démettre Donald Trump de ses fonctions, assurant qu'une résolution adoptée par la Chambre qui le pousse à le faire en vertu du 25^e amendement n'aboutira à rien. Il dit à  Nancy Pelosi qu'il est temps pour la nation de guérir. La Chambre pourrait procéder à  un vote de destitution aujourd'hui. Donald Trump rejette la responsabilité de l'émeute meurtrière de la semaine dernière. Liz Cheney, numéro trois du parti républicain, déclare qu'elle voterait pour la destitution. Mitch McConnell penche également pour une condamnation de Trump au Sénat, selon Axios. Il estime que le président a commis des infractions «impeacheable» et est heureux que les démocrates s'apprêtent à l'évincer, car cela facilitera sa purge du GOP, rapporte le New York Times.

Depuis le début de la campagne de vaccination, près de 9 millions d'Américains ont reçu au moins une injection (sur les deux nécessaires pour être fortement immunisé) et 25 millions de doses ont été mises sur le marché, des chiffres impressionnants, mais qui sont inférieurs aux prévisions initiales des autorités américaines. Le Royaume-Uni compte désormais plus de patients sous respirateur qu'au mois d'avril, ce qui incite le gouvernement à demander au public de suivre les règles de confinement ou de faire face à une répression policière. Les États-Unis exigeront un test négatif pour tous les visiteurs à partir du 26 janvier. Des pirates informatiques ont divulgué des données sur les vaccins européens à la fin de l'année dernière. L'aggravation de l'épidémie au Japon signifie que les Jeux olympiques de Tokyo, qui doivent se tenir dans moins de 200 jours, sont à nouveau remis en question.

Le gouvernement du Premier ministre italien Giuseppe Conte est au bord de l'effondrement après qu'un allié de second rang a renouvelé sa menace d'abandonner la coalition. L'ex-Premier ministre Matteo Renzi, leader du parti Italy Alive, déclare que son groupe décidera aujourd'hui s'il faut renverser le gouvernement de Conte en retirant ses ministres. «Si vous voulez que nous soyons au gouvernement, écoutez nos idées», indique Renzi à la télévision d'État Rai. Son parti croupit à 3% dans les sondages d'opinion.

La production industrielle européenne de novembre a probablement fléchi avec les reconfinements (11h00), mais les marchés seront sans doute plus intéressés par l'inflation américaine de décembre (14h30). Les stocks pétroliers hebdomadaires US suivront à 17h30.

Insomnies au programme pour les syndicats? Le distributeur canadien Alimentation Couche-Tard annonce avoir engagé des discussions préliminaires avec Carrefour en vue d'une éventuelle acquisition du groupe français. Les conditions de cette possible opération font toujours l'objet de discussions, déclare Couche-Tard dans un communiqué, évoquant une potentielle transition amicale. Hier, Carrefour affichait une capitalisation boursière de 12,64 milliards d’euros et Alimentation Couche-Tard, coté à Toronto, était valorisé 36,1 milliards de dollars US.  Alimentation Couche-Tard est déjà actif en Scandinavie, en Irlande, en Pologne, dans les pays baltes et en Russie à travers dix entités. Le groupe est également entré sur le marché asiatique en novembre dernier grâce à un accord portant sur l'acquisition de l'unité hongkongaise de Convenience Retail Asia pour 2,79 milliards de dollars Hongkongais. L’action Carrefour est indiquée en hausse de 8 à 10% dans le prémarché.

Intel (INTC +3,3%) entend faire appel à Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) dans le cadre de la fabrication d'une nouvelle génération de processeurs pour PC de sept nanomètres afin de faire face au rival Nvidia (-1%), précisent deux sources de Reuters 'proches du dossier'. Kudelski signe un contrat avec le coréen SK Broadband. Zoom Video Communications veut lever 1,75 milliard de dollars en plaçant 5,15 millions d'actions à 340 dollars pièce. Selon Digitimes, Apple a vendu 18 millions d’iPhone 12s en Chine au quatrième trimestre, portant sa part de marché à plus de 20% et battant les attentes. Le Wall Street Journal publie un «Heard on the Street» positif sur la firme de Tim Cook.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à l’exception des indices chinois. Hong Kong recule de 0,06% et Shanghai rend 0,26%. Tokyo clôture en hausse de 1,04% et Séoul progresse de 0,71%. Le future SPX avance de 5 points et l’Europe est indiquée à l’équilibre.