Selon Marius Galdikas de ConnectPay, l’initiative des paiements européens pourrait déboucher sur des problèmes de concurrence.
Lancée par les grandes banques d’Allemagne, d’Espagne, de France et des Pays-Bas, l’initiative propose enfin un système unifié à l’échelle européenne. Concurrençant directement les grands émetteurs de cartes de crédit américains, cette solution permettra aux consommateurs – quels que soient leur banque et leur pays de domicile – d’effectuer des paiements en magasin, en ligne, entre tiers, et des retraits d'espèces dans tout le territoire européen avec une même carte. Selon Marius Galdikas, PDG de ConnectPay, ce système par ailleurs soutenu par la BCE pourrait déboucher sur des situations de désavantage concurrentiel. Explications.
Le lancement des paiements SEPA avait amélioré les virements et les débits mais l'harmonisation des paiements par cartes reste encore à la traîne. En effet, dix pays européens n'acceptent toujours pas les cartes des autres États membres de l'UE. L'Initiative vise ainsi à combler cette fragmentation en remplaçant les systèmes nationaux de paiement par une carte unique et un portefeuille numérique.
Oui car l'accès paneuropéen des systèmes nationaux de cartes dépend des fournisseurs internationaux tels que Visa ou Mastercard. Un des objectifs de l'initiative consiste justement à en devenir moins dépendant.
en profondeur avant qu’elle ne soit pleinement opérationnelle.
Parce que les portefeuilles mobiles ne sont aussi proposés qu'au niveau national, ce qui a attiré des acteurs mondiaux. En palliant les insuffisances des paiements de détail transfrontaliers, ces derniers ont créé un nouvel écosystème de paiements distincts.
Cette initiative renforcera effectivement la prédominance du paysage européen des paiements et sa résilience face aux acteurs prédominants, mais elle apportera aussi un lot de défis à relever par les autorités de surveillance.
Certains problèmes potentiels de partenariat et de concurrence pourraient émerger. L'indépendance nouvellement acquise s'accompagnera d'une série de questions, qui pourraient renforcer la compétitivité parmi les banques partenaires. Par exemple, la question des commissions. Même si elles sont plafonnées, elles restent fixées par Visa ou Mastercard. Les nuances de l’initiative devraient être discutées plus en profondeur avant qu’elle ne soit pleinement opérationnelle.
Si l'initiative répond avec succès – ou même dépasse les attentes actuelles – elle suscitera l'intérêt d'autres États membres. Des conditions exigeantes pourraient être imposées aux nouveaux venus. Il est d’ailleurs vital de suivre l’évolution de la gouvernance de l’initiative afin de garantir la transparence à tous les niveaux et de veiller à ce qu'aucune des entreprises ne soit placée dans une situation de désavantage concurrentiel.