Novartis pose 8,7 milliards pour s’offrir l’américain AveXis

AWP

2 minutes de lecture

Le groupe pharma dirigé par Vasant Narasimhan a conclu un accord de principe avec le développeur de thérapies géniques.

Novartis a jeté son dévolu sur AveXis, coté au Nasdaq. Les deux laboratoires ont conclu un accord de principe en vue d’une reprise valorisant le développeur américain de thérapies géniques à 8,7 milliards de dollars, moyennant un prix par action de 218 dollars. La prime que s’apprête à débourser le colosse bâlois équivaut ainsi à près de 90% du cours de clôture de sa cible de reprise vendredi.

La proposition de rachat est motivée par l’intégration d’une thérapie génique expérimentale contre une maladie neurodégénérative héréditaire, ainsi que par une extension des capacités de production de thérapies géniques au delà de la franchise oncologique.

L’acquisition sera réglée en liquide, via un panachage de fonds propres et d’endettement à brève échéance, précise le mastodonte rhénan lundi. L’opération doit ainsi engloutir une partie du produit de 13 milliards de la cession à GlaxoSmithKline (GSK) des parts minoritaires de Novartis dans leur coentreprise sur les médicaments sans ordonnance, annoncée fin mars.

La finalisation de la transaction, validée à l’unanimité par les deux conseils d’administration, doit survenir autour du milieu de l’année et risque de peser sur le bénéfice net de base des exercices 2018 et 2019.

La direction de Novartis assume le paiement d’une prime élevée pour une acquisition qui s’inscrit dans la stratégie du groupe sur le long terme, à savoir un renforcement dans le coeur de métier et la «création de valeur pour l’entreprise comme pour les actionnaires».

CAPACITÉS DANS LES THÉRAPIES GÉNIQUES

AveXis dispose d’une plateforme de production, baptisée AAV9 et concentrée sur les troubles du système nerveux central. «L’intégration de l’équipe d’AveXis nous permettra de nous doter d’une nouvelle plateforme de thérapies géniques, en plus de notre plateforme CAR-T en oncologie», a souligné le nouveau directeur général (CEO) de Novartis, Vasant Narasimhan.

En termes de produits, AveXis développe un traitement expérimental contre l’amyotrophie spinale (SMA) de type 1, l’AVXS-101, auquel l’Agence sanitaire américaine (FDA) a accordé un statut de percée thérapeutique. L’Agence européenne des médicaments lui a octroyé une désignation «Prime» et le gendarme nippon des substances médicamenteuses «Sakigake» («pionnier» en japonais).

La SMA constitue la première cause génétique de décès chez le nourrisson, avec un taux de mortalité de 90% avant le second anniversaire et concerne une naissance sur 6000 à 10’000. «Cette maladie représente un potentiel de revenus de plusieurs milliards de dollars», a assuré M. Narasimhan. Le responsable table sur une homologation outre-Atlantique dès 2019 et sur une première contribution aux ventes du groupe dès 2020.

AveXis ajoute de son côté que des pénalités de rupture ont été négociées dans la cadre de cet accord. Un désengagement de Novartis générerait une douloureuse de 437 millions de dollars. L’acceptation par AveXis d’une offre plus élevée s’accompagnerait d’une facture de 284 millions.

Un délai de finalisation de l’opération a été fixé au 6 juillet 2018. Novartis disposera d’un droit d’extension de ce délai, mais l’exercice de cette option ferait grimper le prix de rachat de 218 à 255 dollars par action.

COÛTEUX MAIS STRATÉGIQUE

Sans aller jusqu’à remanier leurs projections et appréciations, les analystes accueillent une opération certes onéreuse, mais qui doit permettre à Novartis à la fois de compenser la concurrence attendue pour ses médicaments phares contre des désordres neurologiques et d’asseoir sa position sur cette franchise.

L’opération tombe à point nommé pour Novartis, relève Vontobel. La multinationale pharmaceutique s’apprête en effet à affronter l’an prochain l’arrivée de versions génériques de ses médicaments Gilenya et Afinitor, soit peu ou prou autour de la date prévue pour le lancement de l’AVXS-101. La banque privée interprète les 88% de prime offerte par action comme un moyen de s’assurer que l’opération sera menée à bien.

Le prix à payer pour cette société biotechnologique, qui n’a pas encore atteint le seuil de rentabilité et dont l’accès au marché du premier produit n’est pas attendu avant l’an prochain, peut de prime abord paraître très onéreux, surenchérit la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Le renforcement dans les thérapies géniques et l’effet de levier dont dispose Novartis dans le domaine neurologique convainquent néanmoins l’établissement zurichois du bien-fondé de l’opération.

La nominative Novartis a cédé lundi 0,1% à 77,58 francs, dans un SMI en hausse de 0,18%.