Donald Trump loue les mérites des guerres commerciales

AWP

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L’Union européenne entend réagir fermement et proportionnellement pour défendre ses intérêts.

Donald Trump est monté encore d’un cran dans ses velléités de guerre commerciale vendredi en menaçant les partenaires commerciaux des Etats-Unis de «taxes réciproques» sur leurs importations après avoir visé la veille celles d’acier et d’aluminium, s’attirant le courroux international.

«Quand un pays taxe nos produits disons à 50% et que nous taxons à ZERO le même produit qui entre dans notre pays, ce n’est ni équitable, ni intelligent», a affirmé le président américain dans un tweet. «Nous allons bientôt imposer des TAXES RECIPROQUES pour que nous puissions imposer la même chose qu’ils nous imposent. Avec un déficit commercial de 800 milliards de dollars, nous n’avons pas le choix», a-t-il affirmé.

Il avait aussi estimé dans un tweet précédent que les guerres commerciales étaient «bonnes et faciles à gagner».

Cette rhétorique protectionniste vient s’ajouter à son annonce la veille qu’il promulguerait dès «la semaine prochaine» de nouvelles mesures tarifaires, en évoquant des tarifs douaniers de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium sans toutefois préciser quels pays seraient visés. Il a aussi assuré qu’elles seront appliquées «pour longtemps».

Ces déclarations ont immédiatement suscité des réactions indignés de la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis à commencer par l’Union européenne (UE) qui entend réagir «fermement et proportionnellement» pour défendre ses intérêts.

L’UE prépare des contre-mesures visant des produits américains: Harley-Davidson, le whisky américain et les jeans Levi’s. «Nous ne resterons pas les bras croisés lorsque l’industrie et les emplois européens seront menacés», a averti Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

Berlin a dénoncé la décision de Donald Trump, soulignant qu’elle ne permettrait pas de régler le problème de surcapacités chronique dans la sidérurgie.

«Que des perdants»

Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a, lui, prévenu qu’une guerre commerciale «ne fera que des perdants» et mis en garde sur les effets négatifs sur l’économie européenne.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) chargée d’arbitrer les conflits commerciaux, s’est dit «clairement préoccupée» estimant également qu’»une guerre commerciale ne serait dans l’intérêt de personne»,

Du côté du Canada, premier partenaire commercial de Washington, le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne a prévenu que toute éventuelle taxe douanière imposée par les Etats-Unis serait «inacceptable».

Moscou a pour sa part déclaré «partager la préoccupation» de «nombreuses capitales européennes».

Premier producteur mondial d’acier mais qui n’en vend que très peu aux Etats-Unis, la Chine, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, s’est en revanche abstenue d’évoquer cette fois d’éventuelles mesures de rétorsion, se contentant d’appeler les Etats-Unis à «réfréner leur recours à des mesures protectionnistes».

Un conseiller économique du président chinois, Liu He, est en visite depuis jeudi à Washington où il rencontre des responsables de la Maison Blanche mais pas M. Trump, pour évoquer les tensions commerciales entre les deux pays.

Toyota a pour sa part mis en garde contre une augmentation considérable «des prix des voitures et camions vendus en Amérique», si le constructeur japonais n’est plus en mesure d’y importer de l’acier bon marché.

Jeudi, Donald Trump, en rencontrant les industriels américains du secteur de l’acier et de l’aluminium, les avaient exhortés à reconstruire leurs industries en profitant de la protection offertes par ces taxes.

«Les restrictions à l’importation annoncées par le président américain sont de nature à causer des dégâts non seulement hors des Etats-Unis mais encore à l’économie américaine elle-même, y compris à ses secteurs manufacturier et de la construction qui sont de gros utilisateurs d’aluminium et d’acier», a de son côté noté le Fonds monétaire international (FMI).

L’institution, basée à Washington, a invité les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux à résoudre leurs différends commerciaux de manière pacifiques.

Plus tôt, le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, avait joué la carte d’apaisement en évoquant une «petite fenêtre d’opportunité ouverte» tant que M. Trump ne met pas ses menaces à exécution.

Coup de froid sur les marchés

L’annonce surprise du président américain a jeté un coup de froid sur les places boursières de la planète.

Wall Street s’affichait en baisse de 0,49% peu après 19h00 GMT après avoir déjà abandonné 1,72% la veille. Tokyo a lourdement chuté de 2,50% en clôture vendredi, Hong Kong et les Bourses de Chine continentale accusant également le coup tandis que les places européennes ont aussi clôturé en territoire négatif. Le dollar s’inscrivait aussi en baisse vendredi.

Les Etats-Unis sont les plus gros importateurs d’acier au monde. Leurs principaux fournisseurs sont le Canada (16%), le Brésil (13%) et la Corée du Sud (10%), loin devant la Chine qui compte pour moins de 2% des importations totales.

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