Trump veut taxer les importations d'acier et d'aluminium

AWP

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Le président américain a évoqué des tarifs douaniers de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium sans toutefois spécifier quels pays ils viseront.

Donald Trump a annoncé jeudi qu’il allait frapper de fortes taxes les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, au risque de provoquer une guerre commerciale avec ses principaux partenaires commerciaux dont plusieurs ont immédiatement réagi.

«Je les promulguerai la semaine prochaine», a affirmé le président américain lors d’une rencontre à la Maison Blanche avec des producteurs d’acier et d’aluminium américains. «Et elles seront appliquées pour longtemps», a-t-il souligné.

Le président américain a évoqué des tarifs douaniers de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium sans toutefois spécifier quels pays ils viseront.

L’Union européenne «va réagir fermement et proportionnellement pour défendre (ses) intérêts», a rétorqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ajoutant que la Commission présenterait «dans les prochains jours une proposition de contre-mesures contre les Etats-Unis, compatibles avec les règles de l’OMC, pour rééquilibrer la situation».

Du côté du Canada, le premier partenaire commercial de Washington, le ministre canadien du Commerce international, François-Philippe Champagne a prévenu que toute éventuelle taxe douanière imposée par les Etats-Unis serait «inacceptable».

«Vous devrez reconstruire vos industries», a-t-il indiqué à l’intention des industriels qu’il recevait, ajoutant que les importations à bas prix aux Etats-Unis «détruisent nos entreprises et nos emplois».

Ces déclarations interviennent alors que Liu He, conseiller économique du président chinois, est en visite à Washington. Il devait rencontrer des responsables de la Maison Blanche mais pas M. Trump, ont indiqué à l’AFP des responsables américains.

Donald Trump avait en principe jusqu’au 11 avril dans le cas de l’acier et jusqu’au 19 avril dans celui de l’aluminium pour se prononcer sur des mesures visant les importations aux Etats-Unis qu’il accuse d’être subventionnées et écoulées à des prix inférieur à leurs coûts de production (dumping).

Les déclarations de Donald Trump n’en aura finalement que dévoilé les grandes lignes dans de brèves déclarations.

Mais celles-ci ont contribué à accélérer la chute de Wall Street dont l’indice vedette DJIA perdait plus de 2% vers 20h00 GMT, lesté par la forte baisse de sociétés exportatrices comme Boeing, Caterpillar et United Technologies qui perdaient plus de 3%.

Le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, qui vient de prendre ses fonctions après avoir été nommé par Donald Trump, a également fait part de ses réticences face à l’arme des sanctions commerciales, estimant notamment lors d’une audition devant le Sénat que «les droits de douane n’étaient pas la meilleure approche» et que «d’une façon générale» les échanges commerciaux avaient «un impact positif» sur l’économie.

Guerre commerciale

L’administration Trump avait dévoilé mi-février trois scénarios pour taxer les importations d’aluminium et d’acier, mettant en avant la nécessité de préserver la sécurité nationale et les emplois aux Etats-Unis.

La première option consisterait à taxer l’ensemble des importations de ces deux secteurs jugés stratégiques, la deuxième propose une taxation encore plus lourde envers certains pays et la troisième verrait la mise en place de quotas, avait expliqué le ministre du Commerce Wilbur Ross.

Dans le détail, une taxe d’au moins 24% est envisagée sur toutes les importations d’acier quel que soit le pays d’origine; ou une taxe d’au moins 53% sur celles provenant de douze pays dont la Chine, la Russie, le Brésil, la Corée du Sud et la Turquie; ou un quota équivalent à 63% des importations provenant de chaque pays sur la base des quantités de 2017.

Les propositions pour l’aluminium sont similaires avec une taxation générale d’au moins 7,7%, ou d’au moins 23,6% sur celles provenant de Chine, Hong-Kong, Russie, Venezuela et Vietnam. L’option du quota serait de 86,7% des importations sur la base de celles de 2017.

Les Etats-Unis sont les plus gros importateurs d’acier au monde. Leurs importations sont près de quatre fois supérieures à leurs exportations, a déploré M. Ross, accusant aussi la Chine de produire «chaque mois en moyenne la quasi-totalité des besoins annuels des Etats-Unis».

Les déclarations du président américain réveillent les craintes de guerre commerciale mondiale, la Chine, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, ayant déjà prévenu qu’elle ne resterait pas les bras croisés face à des mesures protectionnistes américaines.

Pourtant, ce pays est loin d’être le principal fournisseur d’acier des Etats-Unis, comptant pour moins de 2% des importations totales. Celles-ci proviennent principalement du Canada (16%), du Brésil (13%) et de la Corée du Sud (10%).