L’activité au sein de la zone Euro est faible depuis maintenant presque 3 ans avec des croissances de 0,4% et 0,9% respectivement en 2023 et 2024 alors que 2025 ne montre pas de signes d’amélioration. La raison principale de cette activité tient aux problèmes rencontrés par les deux premières économies; la France et l’Allemagne. Peu d’amélioration en vue malheureusement concernant la France étant donné l’instabilité politique et le manque de marge de manœuvre budgétaire. En Allemagne en revanche, la situation a drastiquement changé au cours des derniers mois…
UN PLAN D'INVESTISSEMENT MASSIF
L’Allemagne a annoncé un plan de relance historique visant à renforcer ses infrastructures et ses capacités de défense. Ce plan comprend 500 milliards d’euros d’investissement en infrastructure (énergie, digitalisation), et la capacité pour les Länder d’afficher des déficits jusqu’à 0,35% du PIB. C’est un véritable changement de dogme pour une Allemagne jusqu’ici inflexible concernant les déficits publics. Mais cette dernière doit réinventer son modèle de croissance basé sur son tissu industriel dont la production a chuté depuis fin 2017 de presque 13%. La mise en place de droits de douane de 25% sur les véhicules a de plus dernièrement fait peser une nouvelle menace ce qui a poussé les autorités allemandes à sortir de leur attentisme.
L’autre volet de la relance allemande passe par le plan Readiness 2030 (anciennement ReArm Europe) avec la possibilité d’augmenter les dépenses de défense jusqu’à 1,5% du PIB sans risque de procédure pour déficit excessif.
Parallèlement, l’Allemagne a indiqué l’exclusion des dépenses de défense dépassant 1% du PIB. L’objectif est de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros pour renforcer les capacités de défense de l’UE, dont 300 milliards environ pour la seule Allemagne.
Dépenses de défense allemandes (en % du PIB)
Source: Groupe La Française, Source Capital Economics, mai 2025.
Au global, ces plans de relance représenteraient une relance d’environ 0,7% pour les pays de l’Union Européenne mais beaucoup plus pour l’Allemagne:
Si on cumule la totalité des plans, les dépenses au cours des cinq prochaines années pourraient aller jusqu’à 2,5% du PIB par an jusqu’en 2030.
L’Allemagne est d’ailleurs aussi en train d’évoluer sur le plan énergétique en ayant récemment supprimé toute opposition au nucléaire français.
Quant aux prévisions de croissance, elles s’établissent aujourd’hui à 1,1% pour 2026 (Consensus Bloomberg mais aussi prévisions de l’UE) et 1,7% pour 2027. Comme pour les États-Unis à la suite des différents plans de relance post-Covid, il nous semble aujourd’hui très probable de voir la croissance allemande être revue à la hausse de manière significative au cours des prochaines années. Le secteur industriel devrait être l’un de ceux les mieux positionnés pour profiter de ces plans de relance; spécifiquement, tout ce qui touche à la digitalisation, à la construction, à l’armement ou encore à l’efficacité énergétique devraient être au début d’une période de demande soutenue.