Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Jeffrey Hochegger, Raiffeisen Suisse

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Les chiffres positifs présentés par les entreprises en Suisse sont trouvent éclipsés par les inquiétudes liées à l’augmentation du déficit public états-unien. Parallèlement, Google remet l’intelligence artificielle au centre des préoccupations des investisseurs.

Incertitude persistante

Alors que les Bourses s’étaient un peu calmées ces dernières semaines, le déficit public états-unien s’est creusé et son financement était en ligne de mire des investisseurs en milieu de semaine. Cette évolution pèse aussi sur le marché des actions suisse, en dépit des plutôt bonnes nouvelles sous-jacentes. Ainsi, au premier trimestre, l’assureur-vie et prestataire de services financiers Swiss Life a surtout convaincu dans son secteur de la gestion de fortune. Le groupe a attiré 9,3 milliards de francs de nouveaux capitaux. Les analystes n’en avaient prévu que la moitié. Le cycle des semi-conducteurs étant plus lent que prévu, VAT, le fournisseur de ce secteur a revu à la baisse son chiffre d’affaires prévu pour 2027. Cette nouvelle prévision étant encore supérieure aux estimations du marché, le cours de ses actions n’a guère réagi. La société de technologie médicale Ypsomed a présenté un bouclement annuel positif (au 31 mars 2025). Son chiffre d’affaires a dépassé les attentes du marché, mais son bénéfice les a légèrement déçues, parce que les estimations étaient relativement élevées. L’agence de notation Fitch a relevé la perspective du rating de la grande banque UBS de «stable» à «positif». Temenos, l’éditeur de logiciels bancaires, a même bénéficié d’un relèvement de son rating par le groupe de notation S&P. L’entreprise est désormais notée BBB- et donc investment grade, ce qui améliore ses conditions de refinancement. Les quatre premiers mois de l’année, le prestataire de services de santé Galenica a connu une croissance supérieure à celle de l’ensemble du marché pharmaceutique. Les perspectives pour toute l’année ont été confirmées. Les nouvelles du fabricant de deux-roues Pierer Mobility ont monté le moral. Le groupe autrichien, dont les valeurs sont cotées à la Bourse locale, a provisoirement assuré la survie du constructeur de motos KTM grâce à un financement de 600 millions d’euros.

Divergence des banques privées suisses

Le rapport intermédiaire de Julius Baer et d’EFG International, après ce premier trimestre, pourrait difficilement diverger plus. Julius Baer doit de nouveau corriger son portefeuille de crédits et passe donc 130 millions de francs par pertes et profits. Les nouveaux fonds ont également connu une croissance moins forte que prévu par les analystes, avec un taux de 2,5%. Combinés, ces éléments conduisent à un avertissement sur bénéfices pour le premier semestre. Le cours des actions a donc nettement fléchi. Ce n’est pas le cas pour EFG International, qui a publié un bénéfice record pour les quatre premiers mois. Le taux de croissance de 5,5% se situe dans la partie supérieure de la fourchette d’objectifs. La faiblesse du dollar US a pesé sur les deux banques privées.

Google mise sur l’IA

A la conférence des développeurs de Google, filiale d’Alphabet, il est apparu que le groupe d’internet mise sur l’IA qu’il entend intégrer davantage aux fonctions de recherche pour en faire un outil sur mesure et l’accompagner de nombreuses autres applications comme la traduction simultanée. Pour amortir les coûts élevés des projets Google, les utilisateurs ne paieront plus seulement au moyen de leurs données, mais aussi par le biais de frais d’abonnement, pour certaines applications. L’avenir nous dira si ce modèle s’imposera et si les utilisateurs décideront de mettre la main dans la poche ou d’y faire le poing. Les titres ont eu une tendance positive.

Le DAX poursuit sa course aux records: cette semaine, l’indice boursier allemand a dépassé pour la première fois les 24’000 points, atteignant ainsi un record absolu, soit une hausse d’environ 20% depuis le début de l’année. Cette tendance reflète aussi bien la rotation continue des investisseurs des Etats-Unis vers l’Europe que la hausse des dépenses d’armement dans le monde: le leader de l’indice est le groupe d’armement Rheinmetall, dont les valeurs ont presque triplé depuis le début de l’année. Le fait que seules dix actions sur quarante aient fait mieux que l’indice global montre à quel point cette évolution déforme l’image globale.

Graphique de la semaine

L’indice de la bourse des valeurs technologiques, le Nasdaq, est presque au même niveau qu’en début d’année. Ce qui semble être une phase de marché ennuyeuse est en fait tout le contraire. Du plus haut au plus bas de l’année, le baromètre boursier a d’abord perdu un quart de sa valeur, pour en regagner autant. L’évolution montre que même dans les périodes mouvementées, cela vaut la peine de rester calme. Ou mieux encore, profiter des revers pour rééquilibrer le portefeuille, c’est-à-dire revenir aux pondérations initiales. Aussitôt fait, aussitôt recouvré les premiers bénéfices.

GROS PLAN

La Chine baisse son taux directeur

La banque centrale PBoC a abaissé ses taux directeurs à 1 et 5 ans de respectivement 10 points de base pour soutenir l’économie.

LE PROGRAMME

Inflation aux USA

Le vendredi 30 mai, les données sur les dépenses de consommation personnelles (PCE) seront publiées aux Etats-Unis. Il s’agit de la principale mesure de l’inflation utilisée par la Fed et donne des indications sur sa politique monétaire future.

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