Entre inquiétudes et soulagement

Sabahudin Softic, Coninco

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Malgré la persistance à maintenir des droits de douane prohibitifs, aussi bien par les Chinois que les Américains, les marchés financiers ont en partie rebondi après les chocs initiaux.

 

Depuis le début de son deuxième mandat, Donald Trump semble prendre un malin plaisir à jouer avec les nerfs des marchés financiers. Ceci s’est accentué début avril, lorsque le président américain a annoncé des droits de douane massifs sur la plupart des pays, avant de se rétracter en partie, à l’exception de la Chine, comme nous l’expliquions dans notre commentaire du mois précédent. Les tensions sont restées fortes entre les deux pays depuis lors.

Malgré la persistance à maintenir des droits de douane prohibitifs, aussi bien par les Chinois que les Américains, les marchés financiers ont en partie rebondi après les chocs initiaux. Il faut dire qu’à la suite de l’annonce de la pause quant à l’application de la majeure partie des droits de douane par les Américains, la plupart de leurs autres partenaires commerciaux ont tenté de donner des gages de bonne volonté. Ceci a progressivement éloigné le risque de voir les tarifications envisagées revenir sous leur forme initiale.

Début mai, les deux grandes puissances ont également trouvé un début d’entente lors de négociations à Genève. Le 12 mai, ils ont annoncé réduire les droits de douane réciproques pendant une durée de 90 jours afin de se laisser le temps de travailler à une solution plus pérenne. Pendant cette pause, un taux de 30% (au lieu de 145% en vigueur début avril) sera appliqué sur les produits chinois entrant aux 
États-Unis et un taux de 10% (au lieu de 125%) dans le sens inverse.

Il faut dire que l’administration américaine est aussi sous pression, puisque des signaux de faiblesse économique sont déjà détectés. Fin avril, la première estimation de croissance du PIB américain sur le premier trimestre est ressortie négative à -0,3%. Donald Trump s’est empressé de dire que c’était entièrement la faute de l’ancien président Joe Biden, mais cela ne change rien au fait que la donnée publiée est décevante.

La Réserve fédérale américaine (FED), qui a eu sa réunion le 7 mai a décidé de maintenir son taux directeur inchangé. Donald Trump l’a une nouvelle fois critiqué pour cela. La FED cite des risques à venir aussi bien sur l’économie que sur l’inflation. Ce en raison notamment des tensions commerciales persistantes. Fait intéressant, dans la conférence de presse qui a suivi, le président de la FED, Jérôme Powell s’est pour la première fois inquiété d’un scénario possible où l’économie se dégraderait et l’inflation monterait. Il a indiqué que cela poserait un dilemme à la FED et l’obligerait à arbitrer entre ces deux effets négatifs. Il s’est néanmoins empressé de relever que cela ne constituait pas le scénario central de l’institut monétaire.

Pour le moment, l’inflation américaine semble être sous contrôle, bien que légèrement au-dessus de l’objectif de la FED. Au niveau macro-économique, malgré la faiblesse de l’économie sur le premier trimestre, la plupart des autres indicateurs, notamment l’emploi, semblent tenir le coup pour le moment.

Les marchés devraient rester volatils durant les prochains mois, notamment en raison de l’évolution des diverses négociations commerciales en cours entre les États-Unis et la plupart des autres pays. Un certain niveau d’incertitude va donc se maintenir, mais le risque de revisiter les points bas atteints début avril sur la plupart des indices s’est substantiellement éloigné.

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