La Banque d’Angleterre (BoE) a réduit jeudi son principal taux directeur d’un quart de point de pourcentage, à 4,25%. La banque centrale estime que les droits de douane américains sont susceptibles de faire ralentir l’inflation britannique, une décision prise avant l’annonce d’un accord sur ces taxes entre Londres et Washington.
«Les pressions inflationnistes ont continué de s’apaiser, c’est pourquoi nous avons été en mesure de baisser les taux à nouveau aujourd’hui», a justifié le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, dans une déclaration jointe au rapport de politique monétaire. Il souligne cependant que «les dernières semaines ont montré à quel point l’économie mondiale peut être imprévisible», ce qui pousse la BoE à conserver «une approche graduelle et prudente quant à de futures nouvelles coupes».
A l’instar de la Banque centrale européenne en avril, la BoE a opté pour une réduction de 0,25 point de pourcentage de son principal taux directeur, à une courte majorité de 5 votes. Deux membres de son Comité de politique monétaire (MPC) ont opté pour une coupe plus ample, de 0,50 point, deux autres s’exprimant en faveur d’une pause.
Cette décision s’inscrit à rebours de celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a comme prévu maintenu mercredi ses taux inchangés dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, se disant dans l’incapacité de prévoir où va l’économie américaine, confrontée au tremblement de terre douanier.
«Une bonne nouvelle»
Déjà en proie à une stagnation de son activité, le Royaume-Uni subit, des droits de douane de 10% sur ses exportations vers les États-Unis, son deuxième partenaire commercial après l’Union européenne. Plus tard dans la journée doit cependant être détaillé un accord annoncé par Donald Trump entre les États-Unis et le Royaume-Uni, qui négocient depuis plusieurs semaines sur les droits de douane. Mais la décision de la BoE a été prise en amont.
La BoE a par ailleurs revu légèrement à la hausse jeudi ses prévisions sur la croissance britannique en 2025, à 1% contre 0,75% projetés en février, mieux que les attentes des analystes, mais l’institution a abaissé sa prévision pour 2026 à 1,25%, contre 1,5% précédemment La ministre des Finances Rachel Reeves a salué dans un communiqué «une bonne nouvelle» qui «rend l’emprunt moins cher» pour les entreprises comme les particuliers, avant de reconnaître qu’il «reste beaucoup à faire» pour alléger le coût de la vie pour les Britanniques.
«L’incertitude autour des politiques commerciales s’est intensifiée depuis l’imposition de droits de douane par les États-Unis et les mesures prises en réponses par certains de ses partenaires commerciaux», souligne la BoE dans son rapport. Cependant, «les indices jusqu’à présent suggèrent que l’impact global des développements commerciaux sur le Royaume-Uni est davantage susceptible d’être désinflationniste qu’inflationniste», précise-t-elle.
La BoE a en conséquence légèrement abaissé ses prévisions d’inflation au Royaume-Uni, amenée à grimper jusqu’à 3,5% au troisième trimestre de cette année, avant de décélérer. La hausse des prix devrait revenir à la cible de la BoE de 2% dès début 2027, là où l’institution monétaire pensait jusqu’ici atteindre cet objectif fin 2027.
Cycle d’assouplissement
Une partie de ce ralentissement de l’inflation britannique peut être attribué aux droits de douane américains, en raison notamment d’une «activité économique mondiale plus faible», et d’une «moindre demande en importations des États-Unis», qui redirige sur le marché britannique des biens autrefois importés outre-Atlantique. La récente «appréciation de la livre sterling» depuis février rend également les importations vers le Royaume-Uni plus abordables.
Le Royaume-Uni a connu en mars un nouveau ralentissement de l’inflation, à 2,6% sur un an, bien que ces chiffres ne prennent pas en compte les effets des surtaxes douanières depuis avril. Depuis le début de son cycle d’assouplissement monétaire en août 2024, la BoE a procédé à trois baisses de taux, au rythme d’une réunion sur deux, l’inflation britannique étant largement redescendue de son pic à plus de 11% fin 2022.
Dans la foulée de l’annonce, la devise britannique prenait vers 13h25 0,25% face au billet vert, à 1,3326 dollar pour une livre.