Les journalistes suisses restent exigeants envers leur métier

Communiqué, Farner

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En Suisse, un tiers des journalistes reconnaît que l’importance accordée au sérieux dans leur manière de travailler a plutôt diminué, selon le Baromètre des journalistes 2025, réalisé par Marketagent et Farner | Team Farner.
  • Plus de 90% des journalistes suisses estiment avoir une grande ou très grande influence sur les tendances sociales.
  • En revanche, plus de 7 journalistes sur 10 constatent une baisse de la qualité du journalisme en raison des coupes budgétaires de plus en plus fréquentes dans les rédactions – et ce, dans tous les pays.
  • Malgré tout, plus d’un·e journaliste sur deux en Suisse se dit optimiste quant à la sécurité de son emploi, le jugeant plutôt ou tout à fait stable.
  • Le Baromètre des journalistes 2025, réalisé par Marketagent et Farner | Team Farner, a interrogé plus de 500 professionnel·le·s des médias germanophones sur la manière dont ils vivent personnellement les transformations du monde médiatique, dont 168 en Suisse et 37 en Suisse romande

«Les journalistes suisses prennent très au sérieux leur rôle dans la société», commente Myriam Delouvrier, directrice de Farner Suisse romande, à propos des réponses recueillies dans le cadre du Baromètre 2025. «Mais les résultats montrent aussi que la pression économique rend ce rôle de plus en plus difficile.»

Trois journalistes sur quatre contre le sensationnalisme

Lorsqu’on leur demande concrètement ce que les médias suisses pourraient faire face à la polarisation croissante de la société, plus de 85% des répondants citent une information factuelle et objective, ainsi que la lutte contre les fake news. Trois sur quatre rejettent le journalisme sensationnaliste.

Mais la réalité du terrain, décrite par les journalistes dans l’ensemble de la région DACH (Allemagne, Autriche et Suisse), est tout autre: 77% d’entre eux déplorent que les mesures d’économie les empêchent de respecter les standards journalistiques. En Suisse, un tiers des journalistes reconnaît que l’importance accordée au sérieux dans leur manière de travailler a plutôt diminué.

Les médias influencent les tendances sociales

La majorité des journalistes interrogés considèrent qu’ils ont un fort pouvoir d’influence. Près de 95% estiment que le journalisme peut, consciemment ou non, influencer les tendances de la société. Par ailleurs, 92% pensent qu’ils peuvent contribuer à la cohésion sociale. Mais à la question plus critique de savoir si les journalistes en Suisse devraient consciemment orienter les tendances, la prudence domine: 65% répondent «plutôt non» ou «absolument pas». Un peu plus de la moitié (58%) affirme que les faits doivent rester au coeur de l'information, même si des opinions personnelles peuvent, selon les situations, transparaître.

La presse écrite et la radio n’ont presque plus d’influence sur l’opinion publique

Plus de 90% des journalistes suisses estiment que la presse écrite a perdu de son importance. Environ 70% constatent un recul similaire pour la télévision, et près de 60% pour la radio. À l’inverse, les réseaux sociaux gagnent du terrain selon près de 85% des répondant·e·s, tout comme les plateformes numériques (plus de 75%) et les podcasts (près de 80%). Le déclin des médias traditionnels se reflète aussi dans leur capacité à influencer l’opinion publique: 77% des journalistes placent aujourd’hui les réseaux sociaux en tête des médias les plus influents, suivis des plateformes numériques à 70%. La télévision conserve encore un certain poids pour près de la moitié des sondé·e·s (48%), tandis que la presse écrite n’est jugée influente que par 40%. La radio arrive loin derrière, avec seulement 25% des journalistes qui estiment qu’elle joue encore un rôle dans la formation de l’opinion. Thomas Schwabl, fondateur de Marketagent, résume ainsi la situation: «Ce que nous observons, c’est un véritable changement de paradigme: ce qui était autrefois un média de référence perd en influence. Les réseaux sociaux et les formats numériques d’information sont devenus les principaux faiseurs d’opinion, tandis que les médias traditionnels reculent. Cela change non seulement la portée, mais aussi les règles du journalisme.»

Pour beaucoup d’entre eux, le journalisme reste un métier de rêve

Malgré les difficultés, plus d’un·e journaliste sur deux en Suisse reste optimiste quant à la stabilité de son emploi. Et celles et ceux qui sont encore dans le métier y exercent par passion, selon le Baromètre des journalistes. 63% déclarent même qu’ils exercent le métier de leur rêve.

Méthodologie 

En collaboration avec Farner | Team Farner, l’institut d’études de marché et d’opinion en ligne Marketagent a interrogé, du 3 au 16 mars 2025, plus de 500 professionnel·le·s des médias de la région DACH, dont 168 journalistes basé·e·s en Suisse. L’enquête a été menée via CAWI (Computer Assisted Web Interviews). 

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