La BCE se défend d’être trop intrusive avec les banques

AWP

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«Dire que notre travail sur la gouvernance vise dans une certaine mesure à retirer le volant des mains de la direction n’est pas la bonne description», affirme Andrea Enria.

Le président du superviseur bancaire de la BCE Andrea Enria s’est défendu jeudi de méthodes intrusives dans sa mission de surveillance des banques, soulignant cependant que la conjoncture pousse à redoubler de prudence.

«Dire que notre travail sur la gouvernance (des banques) vise dans une certaine mesure à retirer le volant des mains de la direction n’est pas la bonne description», a affirmé Andrea Enria lors d’une conférence à la Banque nationale des Pays-Bas.

«Voulons-nous conduire nous-mêmes la voiture? Non, ce n’est pas notre but», a-t-il assuré.

La presse a évoqué dernièrement des tensions entre certaines banques de la zone euro et le superviseur qui serait trop intrusif à leur égard.

Dans un courrier adressé en octobre au superviseur, le président du conseil d’administration de Société Générale, Lorenzo Bini Smaghi, a fustigé le fait qu’un superviseur de la BCE puisse assister, en tant qu’observateur, aux réunions de l’instance de décision de l’établissement, selon Bloomberg.

La BCE évalue actuellement l’efficacité au sein des conseils d’administration des banques, aussi «vous ne pouvez pas faire cela sur papier, vous devez avoir une certaine observation», a justifié M. Enria, en commentant une pratique encouragée par le comité de Bâle sur le contrôle bancaire.

«Ce n’est pas excessivement intrusif et honnêtement, je pense aussi qu’il pourrait y avoir une valeur ajoutée pour les banques», a-t-il ajouté.

La BCE s’est aussi heurtée à UniCredit au sujet des projets de la banque italienne de rendre beaucoup d’argent à ses actionnaires, soit 16 milliards d’euros d’ici 2024, selon le Financial Times dimanche.

Et cette semaine, le directeur financier de Deutsche Bank, James von Moltke, a estimé que la BCE et d’autres institutions «devraient s’employer à défendre les banques pour soutenir l’économie».

Le superviseur au sein de la BCE, créé en 2014 en réponse à la grande crise financière de 2008, n’a pas changé ses méthodes, se défend M. Enria : «ce qui change maintenant n’est pas notre politique, c’est la perspective macroéconomique».

La BCE veut actuellement que les quelque 115 grandes banques sous sa surveillance «recalculent leur trajectoire de capital avec l’environnement de récession avec un potentiel embargo sur le gaz», a-t-il rappelé.

L’objectif est de s’assurer que les banques pourront distribuer de l’argent à leurs actionnaires sans mettre en danger leur solidité financière.

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