Suivi de Ingenico par Bordier

Daniel Pellet, Bordier & Cie

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Malgré une valorisation attractive, l’exposition du groupe aux terminaux de paiements et sa faible marge de manœuvre au plan financier limitent encore fortement la visibilité.

Le groupe Ingenico a publié hier soir ses résultats T4 et FY2018. Publication sans surprise, alignée sur les préliminaires et le « Profit warning » du 22 janvier dernier. Les revenus avaient déjà été annoncés (+2% en organique) et l’Ebitda (-11% à EUR488, vs 485mio annoncé) est proche de l’estimation fournie. On se rappellera que les difficultés sont principalement reliées à la division B&A (Banks & Acquiring), qui comprend pour l’essentiel le business lié aux terminaux de paiements. Le nouveau CEO du groupe annonce des chiffres 2019 rassurants et proches des attentes. En parallèle, le plan « Fit for Growth » est annoncé (NB : il sera développé lors de la journée analystes du 24 avril prochain).

Les revenus 2018 ressortent à EUR2.6mia (+2% a/a en organique), avec une accélération au S2 (+6%). En publié, la variation est de +5% et intègre un effet de change négatif. La MB ajustée (retraitée de l’impact IFRS 15) atteint 39.6% (en recul de 2%). L’Ebitda ressort à EUR488mio (-7%a/a) et la marge décline de 2.6pts à 18.4%. L’Ebit recule de 8% à EUR416mio (marge de 15.7%, soit -2.4pts). Le BN du groupe cède 26% à EUR188mio. La génération de trésorerie reste forte (FCF +6% à EUR285mio), malgré les éléments non-récurrents. Le taux de conversion (FCF/Ebitda) atteint 59%. La dette nette du groupe a cependant augmenté (ratio de 3.1x à fin 2018, vs 2.8x en 2017), avec le rachat de minoritaires, l’acquisition d’Airlink et les rachats d’actions. Dividende proposé réduit de EUR1.60 à 1.10.

Par division : Retail (services de paiements électroniques pour l’essentiel) a continué sa croissance au T4 (+9% a/a). Le segment SMB est en hausse de 20% (croissance du nombre de clients et des volumes de transactions) avec un « acquiring » en hausse en volume de 30%. Le « Global Online » (+8%) profite du gain de nouveaux marchands (les clients du groupe) et d’évènements particuliers (Black Friday, Journée du Célibataire). Le groupe a introduit une nouvelle solution d’authentification globale avec la reconnaissance de l’équipement utilisé pour le paiement. Enfin le segment Entreprises était « flat » au T4.

Du côté du B&A (Banques et Acquéreurs), les activités de terminaux de paiement essentiellement, on est toujours à la recherche d’un second souffle. Le CA s’est stabilisé au T4 (+1% en organique), avec cependant de grandes divergences au plan géographique : EMEA (-21%), avec quelques difficultés opérationnelles et le retrait d’Iran ; APAC (+12%), avec une forte croissance au Japon ; Latam (+61%), avec une accélération au Brésil ; Amérique du Nord (-13%), avec le retard dans le renouvellement des terminaux EMV.

Le management (et notamment son nouveau CEO) donne ses objectifs pour l’exercice 2019. Les revenus sont attendus en croissance organique de 4 à 6% (consensus à +5%), avec une variation inchangée sur le segment B&A (consensus à 0%) et une croissance à deux chiffres sur l’activité Retail (consensus à +11%). Du côté de l’Ebitda, Ingenico table sur un montant supérieur à EUR550mio (consensus à EUR560mio). Autre élément notable de cette publication, le plan de restructuration « Fit for Growth » : repositionnement de B&A, accélération du Retail, efficience opérationnelle (= cost cutting).

Malgré une valorisation attractive (PER 2019e de 10.9x et 2020e de 9.8x), l’exposition du groupe aux terminaux de paiements (57% de l’Ebitda 2018) et sa faible marge de manœuvre au plan financier (ratio ND/Ebitda de 3.1x) limitent encore fortement la visibilité. L’exécution du programme de restructuration reste la clé de l’évolution du groupe à moyen terme: conserver ou non l’activité de terminaux de paiement.

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