Quatre émetteurs de qualité

Johan Nebel, Bridport

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BHP Billiton, Rio Tinto, Anglo American et Vale: maîtriser l’endettement a été la priorité absolue des compagnies minières.

 

Longtemps perçues comme très endettées et confrontées à des difficultés financières, les grandes sociétés minières diversifiées se sont maintenant rétablies pour afficher les meilleurs bilans de leur catégorie et offrir des valorisations attrayantes pour les investisseurs mais sont souvent sous-représentées dans les portefeuilles. 

Environnement de marché

Au cours des deux dernières années la vigueur persistante du prix des matières premières, conjuguée à des efforts de réductions des coûts, ont permis aux mineurs de rembourser leurs dettes et d'offrir des dividendes élevés. Le 7 février, Rio Tinto a versé le dividende le plus important de son histoire. Quelques jours plus tard, le 20 février. BHP Billiton publiait le bénéfice semestriel et le dividende le plus élevé depuis 2014. Idem pour Anglo American, proche de l’effondrement financier en 2015. La société a également versé un dividende record sur la décennie tout en poursuivant son désendettement. Vale, la dernière des grandes sociétés minières affichait le 27 février, son meilleur résultat en cinq ans et une réduction de près de 7 milliards de dollars de sa dette. Ces résultats démontrent la solidité financière de ces entreprises et leurs revenus sont un signe clair d’une vitalité retrouvée. Enfin, l’agence de rating S&P a relevé la note de Rio Tinto le 12 février à A (de A-) en considérant «le niveau des prix des matières premières favorables et l'accent mis par la société sur la maîtrise des coûts et la productivité». L'agence de notation a également revu sa perspective sur Anglo American le 28 février de stable à positive.

«Au cours de ces 15 dernières années la Chine a consommé
la majeure partie des métaux extraits de la planète.»
Perspectives de croissance

Le principal moteur de croissance de ces sociétés reste la demande chinoise dans les secteurs de la construction, des infrastructures, de l'automobile et des biens durables. En 2018, le Fonds monétaire international prévoit un changement du PIB réel chinois à 6,6%, vis-à-vis d’une croissance moyenne du PIB mondial inférieure à 3%. Dans ses perspectives sur les matières premières, la Banque mondiale relève que la part de la Chine dans la consommation mondiale de métaux a dépassé 50% pour la première fois en 2015. Au cours de ces 15 dernières années ce pays a consommé à lui seul la majeure partie des métaux extraits de la planète. Le consensus penche pour  une dépréciation du dollar en 2018, ce qui favorise généralement  le prix des matières premières. Historiquement, le dollar et les matières premières ont une corrélation négative, ce qui signifie que lorsque le dollar baisse, les prix des matières premières augmentent, et inversement, car elles sont généralement évaluées et échangées en dollars et un billet vert plus faible les rend moins chères, stimulant ainsi la demande.

Emissions liquides sur une gamme variée d’échéances

BHP, Rio, Anglo et Vale exploitent une large variété de produits et la répartition géographique de leurs opérations est propre à chacune d’entre elles. BHP tire la majeure partie de ses revenus de ses mines de fer, dont beaucoup  se situent en Australie, à l'instar de Rio Tinto, qui génère une  partie plus conséquente encore de ses revenus de cette même matière. Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, concentre la majeure partie de ses actifs au Brésil. Plus de 50% de l'EBITDA sous-jacent d'Anglo American provient des diamants et du charbon, dont  la plupart  sont extraits en Afrique du Sud. À l'exception de Vale, pour qui le processus de désendettement est moins soutenu (bien qu’il reste une priorité absolue selon la direction) maitriser l’endettement a été la priorité absolue des compagnies minières ces trois dernières années. L’analyse du crédit indique d'excellents ratios de viabilité de la dette et un solide profil de crédit pour chacun d'entre eux. Avec une capitalisation boursière de 124 milliards de dollars, une valeur d'entreprise de 148 milliards et des revenus totalisant 38,2 milliards en 2017, BHP Billiton est la plus grande société de ressources au monde. Elle est suivie par Rio Tinto dont la capitalisation boursière s’élève à 104 milliards de dollars, une valeur d'entreprise de 114 milliards pour des revenus de 40 milliards en 2017. Avec 73 milliards de dollars, générant des revenus à hauteur de 34 milliards, Vale arrive en quatrième position, juste derrière Glencore. Anglo American a une capitalisation boursière de 30 milliards de dollars, une valeur d'entreprise de 42 milliards et des revenus de 23 milliards.

«Le niveau général des prix des matières premières
ainsi que la demande mondiale sont des risques évidents.»

Ces quatre émetteurs offrent des émissions liquides dans une gamme variée d’échéances et portant des notations de première qualité. Vale a cependant une note partagée, sa dette étant notée Ba1 par Moody's.

Du côté des risques, le niveau général des prix des matières premières ainsi que la demande mondiale sont des risques évidents. Le fait qu'ils opèrent à travers le monde, dans différentes juridictions, est une autre source de risque. Par exemple, Anglo American possède une grande majorité de ses actifs et emploie la plupart de ses effectifs en Afrique du Sud où l'environnement politique et réglementaire est instable. Un autre thème récurrent dans l'industrie minière est le retour de l'inflation des coûts.