Impact environnemental positif

Nicolette de Joncaire

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«2020 a été une très bonne année pour les investissements environnementaux» explique Gabriel Micheli de Pictet Asset Management.

En 2014, Pictet Asset Management lançait une stratégie dont l’objectif est de sélectionner les entreprises qui auront un impact positif sur l’environnement sur le long terme. Très concentré, sans contrainte de taille ou de région, le fonds GEO - pour Global Environment Opportunities -, est placé sous la responsabilité de Luciano Diana et de Gabriel Micheli qui avait participé précédemment à la création des fonds Clean Energy en 2007 et Timber en 2008, tous deux composants de la gamme thématique de Pictet.

Le concept a été réfléchi sur des bases ainsi résumées. Le marché sous-estime l’impact à long-terme des tendances environnementales sur la croissance des entreprises. La valeur réelle du capital naturel n'est pas correctement reflétée dans les prix du marché, ce qui entraîne une surconsommation des ressources naturelles et une pollution excessive. Mais s’il n’existe pas encore de mécanismes de «pricing» de la nature, les externalités générées par une mauvaise allocation des ressources et du capital seront progressivement prises en compte dans le futur. Un changement structurel sur plusieurs décennies est inévitable et génèrera une surperformance des sociétés bien positionnées. «La valeur des entreprises qui contribuent positivement à l’environnement est amenée à croitre au fil du temps» explique Gabriel Micheli.

Pour déterminer quelles sont les entreprises porteuses de cette tendance, Pictet utilise sa propre approche d’appréciation de l’impact, lancée il y a six ans. Sa méthodologie s’inscrit dans le cadre des Limites planétaires, un modèle défini scientifiquement (notamment par le Stockholm Resilience Centre)1 qui identifie les neuf dimensions environnementales essentielles pour préserver la stabilité de la biosphère nécessaire au développement et à la prospérité de l’être humain (y compris le changement climatique, l’eau potable, l’utilisation des sols et la biodiversité) et qui délimite ensuite «l’espace d’exploitation sûr» sur le plan écologique au sein duquel les activités humaines devraient avoir lieu.

Parmi les segments explorés (et retenus), on trouvera
la simulation virtuelle des processus industriels.

Le processus de sélection des valeurs du portefeuille de GEO se déroule sur 4 étapes et permet de réduire un univers de quelques 2’500 actions mondiales (MSCI World) à un portefeuille hyperconcentré de 50 positions seulement, dont la caractéristique première est la capacité des entreprises à réduire l’impact de l’activité humaine sur son environnement.

Parmi les segments explorés (et retenus), on trouvera la simulation virtuelle des processus industriels, particulièrement intéressante dans la mesure où elle permet de substituer aux lourdes phases pilotes d’autrefois une représentation digitale qui permet de minimiser l’empreinte carbone des matériels à construire aussi bien que d’optimiser l’usage des matières premières les composant. Ces technologies permettent aussi bien d’améliorer l’efficience énergétique et l’impact environnemental de la construction des immeubles ou des infrastructures. Ansys, Autodesk, Dassault Systèmes ou Bentley sont quelques-uns des champions de cette catégorie. Outre la nature même du produit, une grande attention est portée au modèle commercial; Ansys par exemple exploite ses logiciels sur le principe SaaS (software as a service) qui permet d’assurer des revenus récurrents.  

Gabriel Micheli note à ce propos de ces produits que, malgré une crise qui les a durement affectés, même les compagnies aériennes telles Boeing et Airbus n’ont pas réduit leurs programmes de développement.

Autres exemples de segments privilégiés: les viandes végétales qui contribuent à éviter la déforestation massive associée à l’élevage du bétail (avec Beyond Meat, CHR Hansen, Symrise ou Givaudan) ou les appareils de contrôle de la pollution de l’eau, de l’air ou des sols (avec ThermoFisher, Agilent, Waters ou Eurofins). On peut encore citer les solutions nécessaires à contrer la rareté croissante des eaux propres:  pompes, valves, filtres, recyclage, irrigation de précision et surveillance de la qualité des eaux. Y participent des acteurs comme Xylem, Ecolab, Trimble ou Suez.

A contrario et malgré l’engouement du marché, ne sont pas retenus des segments plus «émergents» tels l’impression 3D, l’hydrogène ou la captation du carbone sur lesquels les opportunités d’investissement et la rentabilité restent encore à démontrer.

Composée à 55% de valeurs américaines et à 36% de valeurs européennes, le fonds parait atteindre ses objectifs de manière plus que satisfaisante (données au 31.12.2020). Il surperforme régulièrement son indice de base (MSCI World). Ce fut particulièrement vrai en 2020. Quant à la mesure de son impact, calculée de manière indépendante sur chacune des neuf dimensions, elle est très nettement inférieure à celle de l’univers d’origine.

 

1 Le fonds GEO compte Nicolas Gruber, professeur de physique environnementale à l’ETH Zurich, sur son comité de conseil.