Hétérogénéité du monde émergent

Marine Marciano, La Française

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L’approche dite «total return» semble la plus adéquate pour tirer profit d’une hétérogénéité croissante entre pays émergents.

Bien que l’embellie économique des pays émergents doive se poursuivre en 2018, ces derniers ne seront pas tous logés à la même enseigne. Alors que le différentiel de croissance entre les développés et les émergents continuera de se creuser en faveur des seconds, certains pays resteront à la traine, marqués par une croissance molle, des déficits importants, une situation politique compliquée ne permettant pas de mener à bien des réformes nécessaires, des tensions géopolitiques de diverses natures ou même des problématiques inflationnistes.

Dans ce contexte, l’approche dite «total return» semble la plus adéquate pour tirer profit de l’hétérogénéité du monde émergent. Alors que les stratégies de dette souveraine émergente dites «long only benchmarkée» suivent un indice, souvent très (voir trop) exposé par construction aux économies les plus endettées, une stratégie indépendante de tout indice permet la différentiation, devenue nécessaire au sein de l’univers de la dette et des devises émergentes.

«Une stratégie indépendante de tout indice
permet la différentiation.»

Cette approche, en privilégiant un couple rendement-risque dans un cadre de volatilité ou de value at risk donné, permet de minimiser les «drawdowns» subis par la classe d’actif et éventuellement de tirer profit des chocs brutaux qui peuvent intervenir, notamment sur les devises émergentes. La mise en œuvre de cette stratégie passe d’abord par une analyse précise de l’environnement macroéconomique général qui permet de déterminer un curseur de risque global pour le portefeuille, de dégager un niveau de conviction concernant la tendance du marché à moyen terme et d’identifier les thèmes (action des banques centrales, matières premières, etc.) dominant dans le marché. Parallèlement, une étude détaillée des différents pays émergents à travers plusieurs prismes (économique, politique, géopolitique) couplée à une analyse technique de tous les supports d’investissement (dette souveraine libellée en devises fortes et en devises locales, dette des entreprises, devises) met en lumière des opportunités à saisir pour le gérant d’actifs. La nature flexible d’un fonds «total return» permet de miser sur ces dernières à travers trois grands types de stratégies combinées de manière efficiente: des stratégies dites de «portage», des stratégies «directionnelles» long ou short et des stratégies de «valeurs relatives».  

Les premières peuvent s’appliquer notamment aux marchés émergents «frontières» tels que la dette souveraine libellée en devises fortes des pays africains lorsque le gérant estime que le risque de défaut est très faible et que la prime de risque est importante au vue des fondamentaux économiques. Les devises émergentes, telles que le réal brésilien ou le rouble russe, sont également, dans le contexte actuel, de bons supports pour le «carry trading» dans la mesure où elles présentent des taux réels élevés.

Les stratégies de valeur relative réalisées à moindre coût
peuvent être «intra-pays» ou «inter-pays».

Lorsque la valorisation du marché ne correspond plus aux fondamentaux, comme c’est le cas de la dette turque libellée en USD aujourd’hui, une stratégie «directionnelle» permet de capter cet écart au bénéfice du fonds.

Enfin, les stratégies de valeur relative réalisées à moindre coût en finançant l’achat d’un actif sous valorisé par la vente d’un actif jugé «trop cher» peuvent être «intra-pays» ou «inter-pays». Dans le monde de la dette émergente, le premier cas peut concerner par exemple, un achat de dette d’une société détenue majoritairement par un état et qui présente une prime de risque historiquement élevée par rapport à la dette souveraine elle-même alors que le risque sous-jacent n’est pas fondamentalement différent. Lorsqu’une courbe de taux existe en devises fortes ou en devises locales, un arbitrage entre des maturités courtes et des maturités plus longues est également possible. Les stratégies «inter-pays» peuvent notamment miser sur des différences de dynamique économique entre deux pays non reflétées par les valorisations de marché.

Au final, un fonds «total return» semble être le véhicule le plus adapté pour tirer profit de l’hétérogénéité croissante du monde émergent ainsi que de la variété des instruments disponibles tout en contrôlant le risque pris par l’investisseur.