Pantera Capital, le plus grand fonds de crypto-monnaies au monde, a publié son enquête annuelle sur la rémunération dans le secteur de la blockchain, qui examine les conditions de travail dans le secteur du Web3.
Si le Web3 est un secteur en constante évolution où de nouveaux ensembles de compétences et de fonctions émergent continuellement, le talent et l’expertise sont devenus les plus grands goulots d'étranglement de la croissance.

L'enquête a recueilli les réponses de 1600 participants géographiquement réparties en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (EMEA), et en Asie-Pacifique (APAC).

Les répondant sont principalement des cadres supérieurs, des ingénieurs, des développeurs et des personnes travaillant dans des fonctions opérationnelles telles que le service clientèle, le business development, le marketing ou le secteur juridique. En ce qui concerne le secteur Web3, la plupart d’entre eux proviennent des secteurs DeFi (40,7%) et CeFi (26,1%), comme les bourses de crypto-monnaies Binance, Coinbase et Kraken et de l’industrie du gaming et de l’infrastructure.

Quelles sont les constations et particularités de ce monde peu ordinaire?

Travailler dans l’industrie de la blockchain oui mais pas avec un salaire en crypto!

Ainsi, 97% des personnes qui prônent le statut des crypto-monnaies en tant que «futur de l'argent» préfèrent en fait être payées en monnaie fiduciaire comme l'USD. Pourquoi? Plusieurs causes peuvent être relevées: la volatilité des crypto-devises, un besoin de diversification, mais également, une certaine méfiance comme le souligne Deel, une plate-forme de RH et de paiement pour les entreprises de crypto-monnaies:

«Compte tenu de l'état du marché des crypto-monnaies (bear market), la main-d'œuvre mondiale a perdu un certain intérêt à recevoir un paiement en actif digital»

De plus, parmi les personnes interrogées qui sont payées en crypto-monnaie, l'USDC , un stablecoin lié au dollar émis par l’entreprise Circle,  est le jeton de choix, représentant 56% des paiements de salaires en crypto-monnaie, tandis que l'USDT (autre stablecoin lié au dollar émis par Tether)  représente 25% et le BTC seulement 13%.

Une autre raison peut être lié à l’incertitude entourant les décisions des fournisseurs de services de paiement en crypto-devises comme par exemple cela a été le cas en Australie ou au Royaume Uni . En effet, certaines banques imposent des restrictions voir des interdictions de conversion de change  (off-ramp) de crypto en fiat. De plus certaines transactions se voient encore imposer des frais élevés. L’opacité du système bancaire face à ces décisions réduit la visibilité des utilisateurs finaux.

La CBA - Commonwealth Bank of Australia-, plus grande banque d’Australie, a décidé d'empêcher ses clients d'utiliser l'argent de leurs comptes bancaires pour acheter des crypto-monnaies sur des bourses d'échange, dans certaines circonstances.

La CBA affirme qu'il existe un risque accru d'escroquerie lorsque des paiements sont effectués en crypto-monnaies. Leurs nouvelles mesures comprennent la retenue des paiements aux bourses de crypto-monnaies pendant 24 heures, et une limite de 10 000 $ par mois calendaire. Westpac, une autre banque australienne, a pris des mesures similaires.

Récemment, la banque britannique JPMorgan a annoncé qu'elle empêcherait ses clients d'acheter des crypto-monnaies afin de lutter contre le nombre croissant de criminels qui utilisent des actifs numériques pour cibler leurs victimes. L'interdiction de Chase UK a été notifiée aux clients simplement par courrier électronique.

Fait intéressant, il faut toutefois souligner que la tendance est inversée dans les pays souffrant d’hyperinflation.

«En tant qu'avantage de paiement, les crypto-monnaies peuvent servir d'investissement pour certains travailleurs, et de salaire plus fiable et plus stable pour d'autres. Depuis le début de l'année, nous avons vu davantage de clients basés dans des pays aux monnaies volatiles comme la Turquie et l'Argentine, adopter les paiements en crypto-monnaie pour se prémunir contre une inflation à deux chiffres», mentionne Deel.

Selon le dernier rapport de Chainalysis, la Turiquie est le pays qui a effectué le plus grand volume de transactions en crypto-devises sur la période juin 2022 à juillet 2023 dans la région Moyen-Orient et Afrique. Elle est quatième au niveau mondial derrière les Etats-Unis, l’Inde et le Royaume-Uni avec un montant de transaction avoisinant les 170 milliards de dollars.

Avec seulement 1,5% des personnes se rendant sur leur lieu de travail, cela souligne la nature mondiale et distribuée de la main-d'œuvre dans le secteur des crypto-monnaies.

À l'heure où de plus en plus d'entreprises technologiques appellent à un retour au bureau comme Amazon, Blackrock et même Zoom demandant un minimum d’heure en présentielle, ce nombre est d’autant plus particuler. Le monde du WEB3 a bien ses particularités et elles contrastent fortement avec les données du Web2. La cryptographie est une communauté décentralisée et diversifiée à l'échelle mondiale.

En raison de cette répartition mondiale, des expertises spécifiques exigées et du manques d’experts (skill gap),  un retour au bureau dans le secteur de la cryptographie n’est pas à attendre dans un futur proche.  

Sur les 570 ingénieurs sondés, le salaire de base médian mondial pour 2023 est de 120'000 $ et la moyenne de 128'000 $. C'est en Amérique du Nord que le salaire médian est le plus élevé, suivi de l'EMEA, de l’LATAM et de l'APAC.

En Amérique du Nord, les ingénieurs WEB3  gagnent légèrement plus que leurs homologues du Web2 avec un salaire moyen de 193'000 dollars. Cela reflète une modeste augmentation de 1,5% par rapport à l'année précédente, lorsque le salaire médian était de 190k $.

Cependant, les défis du marché baissier sont toujours présents pour les ingénieurs en début et en milieu de carrière, ceux-ci connaisse une baisse de salaire de 8% entre 2022 et 2023.

Concernant les dirigeants, pour les cadres dans les sociétés en incubation (seed level), la rémunération moyenne s'élevait à 147'000 $, tandis qu'en série A, la moyenne s’élève à  206'000 $ allant jusqu’à une rémunération moyenne de 297'000 $ pour les sociétés plus matures.

Les professionnels du marketing dans le WEB3 peuvent également s'attendre à un salaire de base médian de 135'000 dollars au-dessus de la moyenne mondiale qui est à 100'000 dollars.

Globalement le rapport de Pantera révèle également une tendance notable dans les pratiques d'embauche des entreprises de cryptographie. Le rapport indique que les entreprises privilégient l'expertise en favorisant les candidats ayant plus d'années d’expérience dans l'industrie. Ce changement dans les préférences d'embauche se reflète dans les données, qui montrent que les salaires de niveau intermédiaire diminue par rapport à 2022.

Parmi les répondants qui ont révélé leur sexe, 85% se sont identifiés comme hommes, 12% comme femmes. Il s'agit là d'un signe clair que l'écosystème a besoin d'une plus grande diversité.  

Cette constatation est également confirmée par les données de Forex Suggest indiquant que les femmes ne représentent que 6% des PDG dans l'industrie cryptographique confirmant la «culture du frère» ou «Crypto-Bro». Les chiffres montrent que de nombreuses femmes parlent de l'industrie dans les espaces numériques, mais qu'elles ne sont pas suffisamment exposées.

Félicitations à Layah Heilpern, influenceuse cryptographique ayant le deuxième taux d'engagement le plus élevé sur Twitter (0,82%), juste derrière Brad Galinghouse, PDG de Ripple. Layah aborde un large éventail de sujets dans ses tweets, de l'actualité autour du bitcoin à l'écosystème Web3 au sens large, ainsi que des sujets divers, en particulier autour de la politique américaine. Kudos!

Les associations telle que «Women in Web3 Switzerland» (https://www.wiw3ch.com/) permettant de mettre en avant les talents, les compétences et l’expertise des femmes exerçant dans le domaine du WEB3  ont définitivement un rôle important à jouer afin de leur apporter une visibilité et d’améliorer la diversité dans cette industrie bien particulière.