Volatilité et tracking des fonds indiciels obligataires

Kunal Mehta, Vanguard

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L'objectif d’un gestionnaire est de limiter la tracking error, mesure de la cohérence du rendement excédentaire d'un fonds par rapport à son indice.

La crise du coronavirus a secoué les marchés financiers mondiaux en mars, et les titres obligataires n’ont pas fait exception. Face à l'incertitude économique, à la forte baisse des actions et à un besoin accru de liquidités, de nombreux investisseurs ont recherché de la liquidité au niveau de leurs investissements sur le marché obligataire. Même les parties du marché obligataire mondial considérées comme les plus liquides, telles que les bons du Trésor américain, ont été mises à rude épreuve.

Avec la hausse de la volatilité, la hausse de la demande de liquidités sur le marché obligataire a eu des conséquences sur les cours des obligations et des fonds obligataires. Par conséquent, cela a également eu un impact sur la tracking error des fonds indiciels obligataires.

Toutefois, les tracking errors ont toujours augmenté de manière temporaire pendant des périodes de volatilité similaires, pour finalement baisser et se stabiliser à des niveaux normaux, comme nous l'avons vu lors de la normalisation des échanges et des liquidités après le ralentissement du mois de mars. De plus, la volatilité n'est pas le seul facteur influant les tracking errors.

La réplication: objectif principal d’un gestionnaire de fonds indiciels

L'objectif principal d’un gestionnaire de fonds indiciels obligataires est de répliquer, de la manière la plus fidèle et la plus économique possible, le rendement et le risque d'un indice obligataire. Il vise à limiter la tracking error, qui est une mesure de la cohérence du rendement excédentaire d'un fonds par rapport à son indice de référence dans la durée.

L'impact de la volatilité causée par la crise du coronavirus
sur les tracking errors n'est pas nouveau.

La tracking error varie au cours du cycle de marché et peut être conditionnée par des facteurs externes, tels que la volatilité que nous avons connue à la suite de la pandémie de Covid-19. Mais elle peut également être limitée par une intervention prudente du gestionnaire de fonds.

L’impact de la volatilité

Contrairement à la plupart des marchés d'actions, les obligations se négocient généralement de gré à gré, et un prix d’équilibre du marché unique n'est pas toujours disponible. En conséquence, des variations dans les cours de titres similaires peuvent survenir. Pour les fonds indiciels obligataires, cela se produit principalement parce que le fonds a généralement des sources de fixation des prix différentes de celles de l'indice de référence qu'il réplique. Cela permet au gestionnaire du fonds indiciel de conserver un avis indépendant sur la juste valeur des titres qui le composent.

D'une certaine manière, l'impact de la volatilité causée par la crise du coronavirus sur les tracking errors n'est pas nouveau. Toutefois, sur des échéances plus longues, la tracking error a invariablement baissé en s’alignant sur la moyenne à long terme une fois la volatilité passée.

La volatilité que nous avons constatée au premier trimestre 2020 confirme cette tendance. Lorsque la pandémie de coronavirus a provoqué un pic de volatilité en mars, les vendeurs ont inondé le marché en cherchant à réduire le risque dans leurs portefeuilles de titres obligataires. Cela a entraîné une baisse de liquidité sur toute une série d'obligations, en particulier les obligations d'entreprises, et, par conséquent, la juste valeur est devenue plus difficile à déterminer. Les différences de prix entre les fonds indiciels et leurs indices de référence ont donc augmenté, poussant les tracking errors artificiellement à la hausse.

Toutefois, il est important de noter que ces différences de prix ne se cumulent pas et devraient s'atténuer sur le long terme. Avec la normalisation des échanges et de la liquidité, ces différences se sont estompées. Et même s'il peut être plus difficile de fixer le cours des obligations en période de turbulences sur les marchés, cela reste possible.

Gestion active des portefeuilles indiciels

Les gestionnaires des fonds indiciels obligataires visent à répliquer l'indice de la manière la plus fidèle et la plus économique possible. Bien que cela puisse paraître simple, la gestion d'un fonds indiciel obligataire est, à bien des égards, un processus très actif.

A mesure que la volatilité du marché augmente, les investisseurs ont tendance à investir
dans des fonds ou à demander des rachats de manière plus fréquente.

Certains fonds indiciels actions répliquent intégralement leurs indices de référence, en achetant chaque action de l'indice en fonction de sa pondération relative. Toutefois, les marchés obligataires sont différents. D'une part, les indices de référence sont souvent bien plus larges, ce qui rend impossible (pour ne pas dire coûteux) une réplication totale. Dans de nombreux cas, les obligations sous-jacentes ne sont tout simplement pas disponibles à l'achat.

Sur des marchés plus volatils, la manière la plus efficace, pour les investisseurs, de gérer les portefeuilles indiciels obligataires est de trouver le bon équilibre entre tracking error et liquidité.

Protéger les investisseurs existants grâce au swing pricing

Comme on peut s'y attendre, à mesure que la volatilité du marché augmente, les investisseurs ont tendance à investir dans des fonds ou à demander des rachats de manière plus fréquente. Et c'est souvent au même moment que la liquidité est plus faible. En conséquence, les coûts de transaction pour le fonds peuvent augmenter. Mais il existe un moyen de réduire l'impact de ces coûts sur les investisseurs qui n'effectuent pas de transactions à ce moment-là.

Pour prémunir les investisseurs existants d’un fonds des coûts engagés lorsque d'autres investisseurs achètent ou vendent, on peut faire appel à un processus appelé swing pricing. Cela implique un ajustement de la Valeur liquidative (VL) du fonds pour refléter les coûts engagés au titre des achats ou des rachats dans le fonds. Cela signifie que les coûts de transaction sont supportés par les investisseurs qui souscrivent dans le fonds et ceux qui vendent le fonds, plutôt que par les investisseurs existants du fonds.

Le Swing Pricing Committee surveille en permanence et de manière indépendante les facteurs de swing pricing et les gère de manière proactive pour refléter l'environnement actuel du marché, afin de protéger les investisseurs de la dilution due à l'activité de négociation d'autres investisseurs. Ces facteurs de fluctuation peuvent accroître la volatilité des VL cotées, qui à son tour augmente artificiellement la tracking error. Cependant, cette augmentation de la tracking error ne reflète pas toujours la véritable tracking error basée sur la gestion du fonds, et la tracking error a tendance à revenir aux niveaux précédents une fois que la volatilité s'est calmée.

Nouvelles émissions, mises à niveau et baisses de notation

Les nouvelles dettes arrivant sur le marché et les changements des notations de crédit peuvent également avoir un impact temporaire sur les tracking errors. L'émission d'obligations ainsi que les hausses et les baisses de notation peuvent avoir lieu à tout moment, souvent en dehors du rééquilibrage de fin de mois.

Adopter des vues de long terme

Pour les investisseurs dans les fonds indiciels obligataires, la tracking error est un facteur clé. Il existe des mesures que les gestionnaires de fonds indiciels peuvent prendre pour garantir des performances cohérentes par rapport aux indices de référence.

Si la tracking error peut également être temporairement affectée par des facteurs externes - comme lors de la récente période de turbulences sur les marchés - il est important de garder à l'esprit que cela a tendance à s'atténuer sur le long terme, une fois la volatilité passée. De plus, les investisseurs des fonds indiciels obligataires doivent trouver un équilibre entre la tracking error et d'autres facteurs importants, tels que la construction rigoureuse et analytique du portefeuille et l'accent mis sur la limitation des coûts.

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