Une vue optimiste

Salima Barragan

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Les craintes d’une récession sont exagérées, affirme Mark Nash de Jupiter.

«L'annonce de ma mort était une exagération», a plaisanté l'humoriste américain Mark Twain après que les journaux aient publié par erreur sa nécrologie.  La récession, attendue par un grand nombre d’experts,  est-elle également disproportionnelle? La parole à Mark Nash, Head of Fixed Income Alternatives chez Jupiter, qui estime que ces prédictions sont excessives.

Avec la modification du paysage fiscal et géopolitique, qui a résulté sur davantage d'investissements nationaux après la crise du COVID-19, ainsi qu’à une augmentation du coût de la vie et une pénurie de la main-d'œuvre en Occident, les bases de l’économie mondiale pourraient être plus solides qu’on ne le pense. D’ailleurs, le ralentissement actuel de la croissance induit par les banques centrales est un mal nécessaire pour réduire les pressions sur les prix. «Le durcissement des conditions financières explique l'aversion au risque des marchés cette année. L'inflation très élevée a toutefois semé les graines de sa propre disparition en détruisant la demande des consommateurs et des entreprises qui aident les banques centrales à faire leur travail», explique Mark Nash qui estime que le repli du renchérissement va mener sur une reprise de la croissance, parce que le retour du pouvoir de fixation des prix conduira à une plus grande de confiance. «Les banques centrales devront prendre des décisions difficiles pour savoir jusqu'à quel point elles affaiblissent le marché du travail et quel niveau plus élevé d'inflation structurelle elles acceptent désormais en contrepartie», ajoute le spécialiste qui prévoit que les marchés financiers se redresseront cette année et que les banques centrales pivoteront, «mais 2023 pourrait voir l'inflation augmenter et l'offre restreinte revenir une fois de plus», précise-t-il.

De nombreux investisseurs considèrent que l'aplatissement de la courbe des rendements obligataires nominaux est un indicateur de récession.
Une crainte excessive

Bien sûr, les récents indicateurs des deux plus grandes économies ne sont pas encourageants:«l'économie américaine s'est contractée de manière inattendue au premier trimestre, tandis qu'une enquête auprès des directeurs d'achat a signalé une décélération de l'activité commerciale», commente Mark Nash. Mais les consommateurs ont amassé un trésor de guerre d'économies durant la pandémie, et les gouvernements n'ont cessé de dépenser pour compenser le relèvement du coût de la vie: «les difficultés de certains détaillants pourraient être dues à des projections de la demande trop optimistes, plutôt qu'à un manque de pouvoir d'achat», ajoute-t-il.

De même, le pessimisme qui entoure la croissance chinoise est à son apogée, «mais le ralentissement dépendra de leur politique de zéro Covid sur laquelle ils ne feront pas marche arrière. Par conséquent, il y a de grandes chances que la Chine finisse par faire un peu mieux que les prévisions actuelles», s’attend-il.

Aussi, ce n’est pas parce que la croissance attendue cette année restera timorée, que le monde entrera inéluctablement en récession. «Ce cas de figure est peu probable, car le marché du travail reste très tendu et la réouverture du monde va également stimuler la demande. Beaucoup d’observateurs estiment que les chiffres du marché du travail sont décalés. Au contraire, nous pensons que les données sur les postes vacants, les demandes d'allocations chômage et les salaires sont à jour et constituent des mesures fiables pour prendre le pouls de l'économie», explique-t-il.

Enfin, de nombreux investisseurs considèrent que l'aplatissement de la courbe des rendements obligataires nominaux est un indicateur de récession, «mais la courbe des taux réels, qui s’est significativement moins aplatie, suggère que les banques centrales doivent resserrer davantage, souligne Mark Nash.

Quel avenir pour la mondialisation?

Alors que la croissance globale bat de l’aile et que la politique chinoise restrictive du zéro-covid continue de perturber les chaînes d'approvisionnement, l’on peut s'interroger sur l'avenir de la mondialisation qui avait contenu le renchérissement durant des décennies. «Les mesures de relance extraordinaires prises à la suite de la grande crise financière et de la pandémie qui ont soutenu la croissance sont en train d'être retirées, car l'inflation galopante fait monter la pression politique sur les décideurs», conclut-il.

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