Une autre carte à jouer en fin de cycle

Salima Barragan

1 minute de lecture

Les prêts garantis de premier rang (senior secured loans) sont d’intérêt en fin de cycle économique, estime Kevin Egan d’Invesco.

Les obligations convertibles sont une carte à jouer en fin de cycle. Mais les prêts garantis de premier rang (senior secured loans ou SSL) sont aussi d’intérêt en fin de cycle économique. «Sur les marchés volatiles, les investisseurs fuient vers la qualité de titres positionnés en haut du bilan», explique Kevin Egan d'Invesco.

«Ces prêts sécurisés ont surperformés
car la demande de CLO est forte.»

Ces titres, garantis par les collatéraux de sociétés émettrices dont les notes de crédit sont en-dessous de BBB, sont généralement émis pour un durée allant de 3 ou 5 ans. Placés en tête de bilan, leur remboursement est prioritaire à celui des dettes subordonnées en cas de faillite et leur taux de recouvrement est d’environ 80%. «Ces prêts sécurisés ont surperformés car la demande de CLO est forte», explique Kevin Egan. 

Risque d’intérêt compensé par les écarts de crédit

Contrairement aux obligations, ces prêts sont garantis par les actifs de l’entité. En contrepartie de cette sécurité, ils offrent des coupons flottants ajustés au Libor USD à 3 mois avec une prime très importante, offrant des rendements globaux allant jusqu’à 6% pour les papiers américains selon le Credit Suisse Leverage Loan Index qui calcule depuis 1992 la performance de prêts à taux variables. «Beaucoup d’investisseurs estiment que la baisse du Libor les rend inintéressants, mais les spreads ont tendance à s’écarter lorsque le libor baisse, et inversement», souligne Kevin Egan. D’ailleurs, «en Europe, le marché ne sera pas affecté même si les intérêts descendent à zéro car l’écart de crédit y est ample», poursuit-il. En cas de baisse, les contrats prévoient des floor sur le taux libor: 1% sur le libor USD et 0% en Europe c’est à dire que les investisseurs sont protégés contre les taux négatifs.

Marché européen attractif

Les écarts de crédit des prêts seniors européens excèdent de 60 points de base leurs équivalents américains, pour un rendement légèrement inférieur de 4,33%, toujours selon l’indice du Credit Suisse. Invesco est surpondéré sur le marché européen où le taux de défaut est également plus bas. «Aux États-Unis le taux de défaut est de 1,9% alors qu’il tend à zéro en Europe», explique le spécialiste. Même pour des clients américains, le rendement des papiers européen reste intéressant malgré le coût de couverture de change de 3%. 

«Le nombre de prêts garantis traités quotidiennement
est double de celui des obligations spéculatives.»

Le différentiel de taux 3 à mois est d’environ 2,5%. Pour un investisseur américain dans les SSL européens, il recevra le rendement en euro agrémenté de ce différentiel de taux. Au total il recevra un rendement plus élevé que sur les SSL en dollar. Inversement, pour un Européen, le rendement en USD sera amputé de ce différentiel.

Profondeur du marché

On pense souvent que les prêts garantis de premier rang constituent des placements illiquides, ce qui pourrait occasionner aux gestionnaires de portefeuilles des difficultés et des retards dans le négoce de ces papiers. Néanmoins, «le nombre de prêts garantis traités quotidiennement est double de celui des obligations spéculatives, ce qui rend le marché plus liquide», affirme la spécialiste. En outre, lors de crises systémiques, ces papiers ont prouvé une volatilité moindre que les obligations de type investment grade ou high yield.

A lire aussi...