L’année 2024 a permis aux marchés actions américains d’afficher des performances de près du double de leur moyenne historique grâce à une économie dynamique, une inflation contenue et surtout une consommation très résiliente. Cette performance a de plus été soutenue par des flux de fonds majoritairement dirigés vers les actions américaines, au détriment des actions européennes, avec des investisseurs toujours attirés par «l’exceptionnalisme américain». Cette performance est également le reflet d’une croissance des bénéfices des entreprises américaines toujours solide, principalement des valeurs technologiques et s’est traduit par une importante expansion des valorisations. Cependant seuls 27% des titres américains ont surperformé l’indice, reflet d’une performance très concentrée.
En 2025, nous anticipons une normalisation de l’économie américaine qui devrait rester résiliente et dynamique. Cependant, en raison des niveaux élevés de valorisations, nous estimons que le relais de performance proviendra principalement de l’expansion des marges et des bénéfices par actions qui sont attendus en hausse de 14% en 2025. Cela semble atteignable sur la base du contexte de croissance et d’inflation anticipé.
Les baisses de taux et la fin du déstockage devraient doper les bénéfices des secteurs cycliques.
Le secteur technologique devrait également se normaliser, et montrer une convergence graduelle de sa croissance bénéficiaire vers le reste des secteurs. A l’inverse, les baisses de taux et la fin du déstockage devraient doper les bénéfices des secteurs cycliques. De ce fait nous anticipons une contribution à la performance plus homogène entre les secteurs américains.
En ce début d’année, nous maintenons donc notre confiance en faveur des marchés actions en surpondérant légèrement notre exposition aux actions américaines.
Cependant, l’Europe n’est pas à oublier, malgré des perspectives de croissance bénéficiaires de près de moitié inférieures. L’écart extrême de valorisation avec les actions américaines semble déjà intégrer une croissance plus faible des titres européens alors que les indicateurs de conjoncture entre les deux zones se resserrent. Un regain d’optimisme pourrait donc s’opérer, notamment sur certaines zones dynamiques comme l’Espagne ou sur certains secteurs exportateurs qui profitent de la faiblesse de l’euro et de la croissance des Etats-Unis tout en étant peu exposés au potentiels tarifs douaniers américains. C’est le cas du luxe, de certaines industries qui produisent sur le sol américain ou des secteurs plus sensibles au cycle européen et moins susceptibles d’être affectés par le risque de guerre commerciale comme la banque et l’assurance. Les marchés émergents qui eux aussi maintiennent un bon potentiel d’extension de valorisations pourraient créer la surprise si la consommation en Chine s’améliore et en cas de décisions de tarifs douaniers plus raisonnables par Trump.
L’évolution des taux long notamment aux Etats-Unis pourrait impacter la croissance et la performance des marchés américains. Nous estimons qu’un retour graduel de la pentification en ligne avec notre scénario de «soft landing» et de normalisation de l’économie américaine est toujours d’actualité. La hausse des taux longs, reflet des craintes sur les conséquences inflationnistes du nouveau président américain, jusqu’à 4,80% récemment n’est pas pour nous un plafond absolu. En effet, avec moins de deux baisses de taux anticipées aux Etats-Unis et une pentification actuelle de 0,35% entre les taux à 2 ans et 10 ans, il est possible de voir les taux longs continuer leur hausse vers 5% sans que cela n’ait d’impact significatif sur les marchés actions. Ces niveaux peuvent également constituer un point d’entrée intéressant au niveau obligataire.
Sur le plan thématique, 2025 sera à nos yeux l’année du renforcement de la sécurité au sens large, soutenue par la montée du protectionnisme, des tensions géopolitiques et de la baisse de l’influence des organisations internationales. Ceci dans un contexte de hausse continue des cyberattaques et du repli probable du «gendarme américain» à travers le monde. Les Etats se voient forcés de repenser leur souveraineté et leurs investissements dans les infrastructures critiques, la sécurisation des chaines d’approvisionnement et la défense. Cela continuera également de soutenir la demande d’or, étroitement liée aux incertitudes géopolitiques et au besoin de diversification des réserves de devise.
L’influence des décisions de Donald Trump et de sa nouvelle administration sur l’économie, sur de nombreux secteurs d’activités ainsi que sur la politique des banques centrales, n’est pas à négliger. Ses pressions en faveur d’une baisse immédiate des taux en sont un bon exemple. La nature de ses prochaines décisions sur l’immigration, les taxes douanières ou les baisses d’impôts pourrait avoir des impacts importants et très variés.
Ainsi, hors décision politique disruptive, les perspectives boursières pour 2025 sont bonnes, mais le nouveau président américain devrait être une source de volatilité au gré de ses annonces, nous obligeant à rester attentifs et prêts à adapter rapidement nos stratégies.