Une équipe, un lieu, une stratégie

Nicolette de Joncaire

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L’objectif de Findlay Park est de générer des rendements composés élevés sur la durée. Avec Anthony Kingsley (photo) et Rose Beale. 

Il est aujourd’hui surprenant de trouver une société de gestion qui ne gère qu’une seule stratégie couvrant un seul marché. Pourtant, depuis plus de 25 ans, à Londres, Findlay Park se concentre sur un fonds unique qui cherche à surperformer l’indice Russel 1000 Net 30% Total Return. Avec succès.

Le Findlay Park American Fund vise à accroître la valeur de l'investissement à long terme en sélectionnant des actions américaines (et quelques titres canadiens) conformément à une philosophie résumée en 29 points. Les actifs gérés dépassent 10 milliards de dollars, le portefeuille comprend entre 40 et 60 positions et offre des rendements composés de 12% sur 25 ans.

Anthony Kingsley, aujourd’hui gérant senior du fonds, a rejoint Findlay Park en 2002, quatre ans après le lancement du fonds. A chaque opportunité d’investissement, il se pose deux questions. «Combien puis-je perdre si j’ai tort?» est sa toute première préoccupation. «Combien puis-je gagner si j'ai raison?» est son objectif secondaire.

«Nous n’avons pas de concentration sur un secteur. Au sein des secteurs, nos choix se portent sur les sociétés les moins risquées.»

«Il est essentiel de bien comprendre les mécanismes de la capitalisation. De minimiser le risque de perte pour s’assurer de n’être jamais ruiné quel que soit l’environnement de marché» nous explique-t-il. «Chaque entreprise sur laquelle nous nous proposons d’investir est soumise à 29 questions, chacune dotée de son propre score. Plus de la moitié des questions portent sur la qualité et la durabilité des entreprises selon un processus très rigoureux» continue-t-il.

Une sélection très différente du benchmark

La composition du portefeuille est très différente de celle de son benchmark. «Nous trouvons de plus en plus d'opportunités dans les sociétés à moyenne capitalisation. Ce qui nous différencie de l'indice. Nous n’avons pas non plus de concentration sur un secteur. Au sein des secteurs, nos choix se portent sur les sociétés les moins risquées» remarque Rose Beale, responsable de l’ESG au sein de l’équipe.

L’équipe n’engage jamais de gros paris sur un secteur particulier et le portefeuille reste toujours très diversifié. A l’heure actuelle, il porte pour 25% sur la technologie, suivie par l'industrie, la finance et la santé avec un choix d’actions différent de celui de l'indice.

Un exemple en est la santé où Findlay Park choisit de ne pas investir dans la pharma. Dans la technologie, les gérants privilégient les entreprises orientées vers les services comme Gartner ou Accenture ou encore les fabricants de semi-conducteurs. Dans la finance, pas de banques, ni de compagnies d'assurance mais plutôt des plateformes boursières ou des courtiers en assurance.  

«J'aime les entreprises leader, celle qui peuvent se permettre de fixer leurs prix, surtout en période d’inflation» explique Anthony Kingsley. Il cite ainsi Martin Marietta, une entreprise américaine, fournisseur de premier plan de matériaux de construction, notamment de granulats, de ciment, de béton prêt à l'emploi et d'asphalte. «Ce type d’entreprise est irremplaçable car les produits qu’elle fournit ne peuvent être déplacés sur de grandes distances et qu’elle maitrise un réseau local très important». Un atout de taille en cette période de mégaprojets de renouvellement de l’infrastructure aux Etats-Unis.

Il privilégie aussi les entreprises qui offrent des composants essentiels mais qui ne représentent qu’une petite portion de la production finale. Comme par exemple les semi-conducteurs analogiques dont la pénurie a pu bloquer les livraisons de Tesla ou de BMW. Ou encore des éléments critiques dans l’isolation des constructions immobilières; négligeables en termes de prix mais essentielles pour des raisons réglementaires.

Rôle clé de l’ESG

L'ESG est intégré dans toutes les activités de Findlay Park et relève de la responsabilité de chacun. Arrivée chez Findlay Park il y a quatre ans, Rose Beale le juge essentiel pour protéger le capital et se concentre sur la gouvernance d’entreprise. Pour sa part, Anthony Kingsley estime que l’ESG fait de lui un investisseur de meilleure qualité ce qui n’est pas négligeable pour un gérant dont les positions sont tenues en moyenne 5 ans, et parfois jusqu’à 10.

La durabilité est intégrée tout au long du processus et trouve ses racines dans la philosophie d’investissement originelle de l’établissement car un certain nombre des 29 questions clé portent sur les objectifs et la mission de l’entreprise sous observation, sa manière de traiter les employés, son système de rémunération, les questions de santé et de sécurité et celles d’engagement climatique.

Un rapport ESG est établi pour chaque investissement mais l’équipe surveille aussi les points chauds et l’évolution de l’entreprise en utilisant des indicateurs établis par des organismes tiers. Il s’agit ici d’établir des bilans mais aussi de conseiller les entreprises au cours de discussions régulières. «Nous pratiquons parfois l’exclusion mais notre approche est de soutenir les entreprises dans leurs efforts, pas de les blâmer» affirme Rose Beale.

L’équipe de Findlay Park ne se réclame d’aucune vision macro. Ce qui l’intéresse est la microéconomie de l'entreprise. «La récession et autres facteurs macroéconomiques ne font pas dérailler de notre processus. Nous essayons même de ne pas prêter trop d'attention au bruit de fond mais de construire un portefeuille diversifié qui puisse résister à différentes conditions» affirme Anthony Kingsley.

La clientèle historique du fonds sont les gestionnaires de patrimoine au Royaume-Uni qui cherchent une exposition aux marchés actions américains. La Suisse est le second marché de Findlay Park.