Un vif intérêt pour Nestlé et Pfizer

Emmanuel Garessus

2 minutes de lecture

Les marchés financiers sont marqués par un élargissement de leadership dans les actions, selon Julie Dickson, de Capital Group.

Une nouvelle réalité économique s’impose aux marchés. En décembre dernier, Capital Group avait déjà mis en garde sur la complexité du processus de normalisation qui pourrait prendre une décennie. Il ne s’agit pas simplement pour l’investisseur de passer des titres de croissance aux actions «value». Il importe de tirer les conséquences d’un environnement caractérisé par exemple par des taux d’intérêt durablement élevés, ce qui pèse sur les sociétés les plus endettées, selon le gérant d’actifs. Il en va de même du passage d’une chaîne de valeur globale à des chaînes de valeur régionales.

L’an dernier, les obligations n’ont pas offert leur traditionnelle garantie de stabilité en raison des chocs géopolitiques et de la crise énergétique. En 2022, pour la première fois en 45 ans, les obligations et les actions ont toutes deux corrigé. Aujourd’hui, une forme de normalisation est en cours. Dans une interview à Allnews, Julie Dickson, directrice des investissements de Capital Group, se dit persuadée que «les obligations contribueront à la stabilité du portefeuille et que les portefeuilles équilibrés ont encore un avenir». L’allocation est toutefois compliquée parce que l’inflation n’a de loin pas disparu du système.

Tandis que les bons du Trésor ont franchi la barre des 4% à dix ans, les obligations ont pourtant continué de souffrir en ce début d’année alors que de nombreux secteurs des actions résistent très bien, voire progressent.

Mais «les actions ne sont pas les nouveaux placements sans risque», juge Julie Dickson. «La volatilité des actions ne va pas disparaître», avance-t-elle, et «les perspectives bénéficiaires restent incertaines».

La réouverture de la Chine l’automne dernier est un facteur qui influence positivement les perspectives à long terme.

La situation macro-économique est «contrastée», affirme Julie Dickson. «Les sources d’inquiétude persistent pour un grand nombre de pays, en particulier pour l’Europe, mais des opportunités se présentent également, en particulier aux Etats-Unis», juge notre interlocutrice. La Fed s’est attaquée avec résolution contre l’inflation. Les premiers signes d’un pic de la hausse des prix sont apparus. «Nous pensons toutefois que l’inflation sous-jacente n’a pas encore atteint son sommet en Europe, ce qui devrait se traduire par de futures hausses de taux d’intérêt», indique Julie Dickson. Des périodes de volatilité accompagneront les marchés, mais la situation est en train de se stabiliser.

L’un des grands axes de la normalisation envisagée par Capital Group concerne un changement de leadership du marché. Après avoir longtemps été mené par un très petit nombre de groupes technologiques et de plateformes internet, une rotation s’est produite en bourse. «Le processus a permis un élargissement du leadership aux groupes industriels et à la consommation», note Julie Dickson. Ce phénomène est «positif parce qu’il augmente les opportunités d’investissement», ajoute-t-elle. Cette évolution vers une plus grande sélectivité correspond aux choix stratégiques de Capital Group, un investisseur orienté à long terme. Les gérants sont d’ailleurs rémunérés en fonction de leurs décisions sur huit ans, cinq ans et trois ans, l’accent étant mis sur l’horizon à long terme.

La réouverture de la Chine l’automne dernier est un facteur qui influence positivement les perspectives à long terme. La guerre en Ukraine impacte toutefois les prix de l’énergie à court terme. Beaucoup d’entreprises et de pays ont réagi à ces développements en investissant davantage dans les énergies renouvelables. Ce mouvement profite à de nombreuses entreprises industrielles et à des groupes d’équipement, selon Capital Group. Des opportunités surgissent donc dans plusieurs groupes spécialisés dans ce domaine. Julie Dickson observe une nette décote des groupes industriels européens par rapport aux Américains. «L’Europe est bon marché, mais il importe de trouver les bonnes valeurs», indique Julie Dickson.

Parmi les actions auxquelles Capital Group est exposé en Europe, la directrice des investissements cite la pharma AstraZeneca, Nestlé et ASML, et aux Etats-Unis Pfizer et Broadcom. Nestlé plaît à Julie Dickson pour ses qualités défensives, sa capacité à reporter la hausse des coûts sur le client, la résilience de sa capacité bénéficiaire et le rendement du dividende de son titre.

Avec Pfizer et AstraZeneca, elle cite deux grandes valeurs de la Pharma. L’un des éléments les plus intéressants dans la santé concerne, à son avis, son processus de transformation. Julie Dickson apprécie sa capacité à combiner de façon agile l’innovation, la production et la distribution de ses produits dans une très courte période. Pfizer et AstraZeneca en ont fait la preuve avec leurs vaccins contre le covid. Ces pharmas ont aussi fait leurs preuves dans d’autres thérapies, de l’oncologie à la lutte contre le diabète. Ce sont des groupes capables de générer beaucoup de cash et de financer leur croissance sur une base organique. Ils paient des dividendes significatifs et sont capables de les augmenter. Leurs bénéfices sont en hausse dans un contexte où beaucoup d’entreprises sont à la peine. Ces entreprises peuvent devenir des leaders auprès des investisseurs, insiste Julie Dickson. Il n’est pas impossible que, lors de la présidentielle américaine de 2024, la pharma soit critiquée pour sa politique de prix, mais Julie Dickson préfère se pencher sur les éléments fondamentaux connus que sur des spéculations politiques.

A lire aussi...