
La pression haussière sur les taux longs s’est dissipée la semaine passée. Le ministère des Finances japonais a sondé les investisseurs afin d’évaluer ses capacités d’emprunts sur les maturités longues. Ce signal a engendré une nette détente des rendements des Japan Government Bonds qui s’est propagée au Bund et au T-note. Par ailleurs, la justice américaine considère comme illégaux les tarifs douaniers imposés par ordonnance par Donald Trump. L’administration a fait appel mais ce nouveau développement est un pas supplémentaire vers la désescalade. Scott Bessent appelle aussi de ses vœux une rencontre entre Trump et Xi face à l’absence d’avancées dans les discussions bilatérales.
Vers un apaisement tarifaire
Sur le plan conjoncturel, la 2ème estimation du PIB américain du 1er trimestre (-0,2% contre -0,3%) montre une plus nette décélération de la consommation des ménages avec comme corollaire une contribution plus forte des stocks. La balance des biens revient à la normale en avril (déficit de 87 milliards de dollars) et les entreprises réduisent leurs stocks. La hausse du revenu des ménages en avril (+0,8%) est surprenante d’autant que les transferts publics restent très dynamiques (sur un rythme annualisé de 16% depuis octobre dernier). Cela étant, les dépenses de consommation sont limitées (+0,1% en volume en avril). La rhétorique tarifaire doit être clarifiée pour réduire la propension à épargner. Les retards de paiement qui s’accumulent (cartes de crédit, prêts automobiles) obligeront néanmoins les ménages à arbitrer consommation discrétionnaire et épargne. Un second trimestre de croissance proche de zéro est probable. En zone euro, l’inflation devrait décélérer en mai après les chiffres encourageants en France (+0,7%), en Italie (+1,9%) et en Espagne (+1,9%). L’inflation est un peu plus forte en Allemagne (2,1%). Les salaires négociés augmentent de 2,4% au 1er trimestre, ce qui devrait préfigurer une baisse de l’inflation dans les services ouvrant la voie à de nouvelles baisses de taux de la Banque Centrale Européenne. Cette semaine, Christine Lagarde devrait donc réduire le taux de dépôt à 2% avant un dernier mouvement en juillet. La remontée des anticipations d’inflation des ménages (+3,1%) est néanmoins un point d’attention.
La baisse spectaculaire des taux longs japonais (-19pb sur le 30 ans par rapport au sommet du 22 mai) entraine un aplatissement des parties longues sur les principaux marchés. Aux Etats-Unis, la Cour Suprême estime que Trump n’a pas le droit de limoger Jerome Powell. Cette décision est bien accueillie. Les adjudications sont aussi mieux reçues par les investisseurs. En zone euro, le 30 ans allemand se situe juste au-dessus des 3%. Les spreads souverains participent à cette embellie. A l’inverse, les emprunts indexés restent sous pression de la baisse des prix du pétrole, encore amplifiée par l’annonce de l’OPEP d’une prochaine augmentation des quotas. La dette française traite à 67pb malgré le risque de dégradation qui plane encore sur l’OAT. Le BTP italien s’échange sous le seuil de 100pb. La dette italienne fait parfois figure de baromètre de la demande de crédit investment grade. Sans surprise, les obligations d’entreprise profitent de l’environnement favorable au risque. Le spread moyen sur l’Investment Grade euro tombe sous les 90pb. Le high yield se resserre aussi à 337pb avec un Crossover sous les 300pb. Les actions s’inscrivent aussi en hausse avec la décision de justice invalidant les tarifs et la baisse des taux. La volatilité diminue alors que les indices européens regagnent 1 à 2%.