SIX: le négoce de titres suisses dans l’UE reste important

AWP

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Pour Thomas Zeeb, directeur de la division Securities & Exchanges, il en va du maintien de l’attractivité des actions suisses à long terme.

Si dans l’immédiat l’interdiction de négoce d’actions suisses dans l’UE se traduit par des volumes plus élevés à la Bourse suisse, à long terme les titres helvétiques doivent pouvoir être échangés dans les pays voisins pour garantir leur attractivité, a affirmé l’opérateur de la place zurichoise.

«Afin que les actions suisses demeurent attrayantes à long terme, il est important que ces dernières soient négociées sur différentes Bourses, et notamment dans l’UE», a indiqué Thomas Zeeb, directeur de la division Securities & Exchanges du groupe de services financiers SIX, dans un entretien accordé à AWP.

Fin juin, l’UE avait refusé une prolongation de l’équivalence boursière à la Bourse suisse sur fond de bras de fer autour d’un accord-cadre institutionnel entre Berne et Bruxelles.

Comme la réglementation boursière européenne n’est plus reconnue comme équivalente, les intervenants basés sur le Vieux Continent ne peuvent plus négocier de titres à la Bourse suisse. Le Conseil fédéral avait réagi en interdisant à son tour l’échange d’actions suisses dans l’UE.

SIX avait néanmoins enregistré en juillet, premier mois sans l’équivalence boursière avec l’UE, un bond de 26% des volumes de négoce.

Dans ce contexte tendu, SIX a proposé lundi jusqu’à 2,84 milliards d’euros (3,1 milliards de francs) en numéraire pour l’acquisition de son homologue ibérique Bolsas y Mercados Españoles (BME). Le groupe helvétique n’est toutefois pas seul sur les rangs, Euronext et Deutsche Börse évaluant l’opportunité d’une entrée en lice pour cette reprise.

«Avec ce rachat nous pourrions devenir le troisième opérateur boursier en Europe», a souligné M. Zeeb. Ce dernier a cependant insisté que le projet de rachat n’était pas lié à la non-prolongation de l’équivalence boursière, mais à la concurrence et la pression sur les prix qui font rage dans le secteur.

Une Bourse numérique réservée aux professionnels

«La pression concurrentielle est toujours d’actualité, alors que le marché dans son ensemble se trouve dans un processus de transformation avec de nouveaux concurrents, de nouvelles technologies et de nouveaux besoins de la part des clients», a ajouté le responsable.

SIX prévoit ainsi d’investir dans une Bourse numérique, basée sur la technologie de la chaîne de blocs, pour répondre aux nouveaux besoins mais aussi pour réduire les coûts. «Nous pourrions alléger de 50% à 60% nos processus avec la quasi-disparition des services administratifs», a-t-il estimé.

Dans l’immédiat, les investissements dans SIX Digital Exchange (SDX) - un montant à deux chiffres en millions dans le bas de la fourchette - pèsent cependant sur la rentabilité. Au premier semestre, le résultat d’exploitation (Ebitda) a chuté d’un tiers à 99,9 millions de francs et le bénéfice net a lui fondu de près de 68% à 32,4 millions.

Le groupe prévoit de lancer l’année prochaine ses premiers produits numériques pour une entrée en fonction complète de SDX au quatrième trimestre 2020. Cette nouvelle Bourse ne sera pas ouverte dans l’immédiat avec investisseurs privés, mais seulement aux professionnels.

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