Scénario de volatilité sur les marchés obligataires

Salima Barragan

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Henrietta Pacquement d’Allpsring Global Investments s’attend à une année de transition.

D’abord un premier semestre animé par des discussions sur l’inflation et sur le tapering de la Réserve fédérale qui s’achève en mars. Ensuite, une deuxième moitié de l’année sujette aux relèvements du taux directeur de la banque centrale américaine. C’est en essence la chronologie de la succession des questions à considérer par les investisseurs, selon Henrietta Pacquement, gestionnaire de portefeuille senior et responsable du crédit Investment Grade européen chez Allpsring Global Investments. En revanche, pas de hausses des taux d’intérêt prévues en Europe stimulée en 2021 par le programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) de 1850 milliards d’euros.

Vers davantage de volatilité

Sauf retard des banques centrales, la croissance économique restera soutenue, «avec davantage de vigueur en Europe comparé aux Etats-Unis», anticipe Henrietta Pacquement. Son scénario sur le marché obligataire combine de la volatilité sur les taux d’intérêt (telle que l’année passée) avec des fluctuations sur les spreads de crédit des deux côtés de l’Atlantique; un phénomène que la spécialiste a observé durant les premiers jours de l’année. «Globalement, nous attendons davantage de dispersion et de volatilité, notamment sur les Etats-Unis où les perspectives de taux sont meilleures» poursuit la gestionnaire modestement surpondérée sur le crédit, en particulier sur certaines poches à haut rendement.

«Nous restons opportuniste sur les obligations chinoises qui doivent composer avec des effets de levier importants.»
Soutien des facteurs techniques

L’inflation des prix à la consommation (IPC) a atteint son plus haut niveau en 30 ans. Pourtant, le rendement du bon du trésor américain à 10 ans n’a pas intégré cette soudaine résurgence. Cette anomalie sur les taux longs se justifie par une série de facteurs techniques. «Les manœuvres de la banque centrale américaine sur l’inflation ont changé la donne. Aussi, les marchés anticipent la normalisation de l’inflation pour la fin de l’année. Rappelons qu’elle est une des conséquences de la pandémie suite aux restrictions qui avaient limité la consommation temporairement. Enfin, la crise a accru la dette globale d’environ 10% du PIB mondial dans un contexte de surendettement, ce qui pèse sur les rendements», analyse Henrietta Pacquement.

Comme l’histoire l’a démontré dans le passé, une inflation incontrôlée pèse lourdement sur les cours des obligations. «Pourtant, des tensions persistantes sur les prix accompagnées d’une croissance solide constituent un cadre favorable pour le marché du crédit, bien que les secteurs qui ne pourront impacter les hausses des coûts de production à leurs clients souffriront davantage», rappelle-t-elle. Après des années de déflation structurelle, les obligations indexées à l’inflation semblent connaître en regain d’intérêt (TIPS aux Etats-Unis, OATi en France) bien que ces instruments sur les anticipations de l’inflation ne représentent qu’une portion modeste du marché obligataire mondial.

Le parcours chaotique des obligations chinoises

Populaire en 2021, ce marché émergent devrait continuer à évoluer en dents de scie. «Nous restons opportuniste sur les obligations chinoises qui doivent composer avec des effets de levier importants. Il sera intéressant d’observer comment le marché immobilier se comporte dans les prochains mois. Nous gardons un œil ouvert sur les changements réglementaires car le mouvement politique vers la prospérité commune et les relations commerciales entre la Chine avec l’Occident qui ont toujours prévalu - je pense aux restrictions commerciales et financières - pèsent sur ce marché», explique-t-elle.

La tendance de fond des émissions ESG

Les spécialistes obligataires s’attendent unanimement à de nouvelles émissions d’obligations durables (green and sustainability linked bonds), particulièrement remarquées en Europe l’année passée en raison de l’agenda de neutralité zéro carbone d’ici 2050. Ce segment en croissance devrait aussi capter une plus grande attention aux États-Unis où des développements sont attendus, notamment dans la transformation des types de véhicules disponibles pour les investisseurs.