Robotisation de la gestion High Yield

Anne Barrat

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Pour Aymeric Converset de One Swiss Bank, «la biodiversité est à la planète ce que la diversification est à la finance.»

«Robotisation et finance: quelle place pour l’humain dans ce nouveau paradigme?» était la question au cœur de la conférence organisée hier par One Swiss Bank avec l’EPFL. La réponse n’est pas forcément réjouissante, qui pourrait in fine reléguer l’humain à un rôle de conception des robots en attendant que ces derniers ne le remplacent. Ou pas, tant il est vrai que l’histoire est imprévisible. Ce qui est déjà avéré, et c’est là une bonne nouvelle, c’est que l’intelligence artificielle, configurée à des fins bien précises, permet de surperformer des approches fondamentales en matière de gestion d’actifs. En témoignent Aymeric Conservet, responsable de la gestion quantitative et Marcin Brynda, gérant de portefeuille senior chez One Swiss Bank.

Les fonds de One swiss bank comportent plusieurs centaines de lignes, contrairement aux fonds high yield classiques avec seulement quelques dizaines de lignes.

Utiliser un univers d’investissement le plus large possible est le point de départ de la gestion Quant des experts de One swiss bank. Et ce parce que la diversification est la clé pour cette classe d’actifs, en ce qu’elle permet de capturer différents cycles dans différentes régions du monde, tout en diluant au maximum les risques idiosyncratiques liés aux investissements. 

Diversification version XXL

Ainsi, les fonds de One swiss bank, le fonds institutionnel lancé en 2016 ou le DMC World HY Corporate Bonds, comportent plusieurs centaines de lignes, contrairement aux fonds high yield classiques, concentrés sur quelques dizaines de lignes. Une concentration qui, expliquent les experts de One swiss bank, suppose une hyper sélection pour éviter tout risque de défaut, et finalement peiner à battre les indices tant il est compliqué d’anticiper des écarts impromptus, fréquents, quel que soit le temps passé en analyse. Ouvrir au maximum l’univers d’investissement revient à reconnaître et reproduire la grande biodiversité du cerveau humain, qui comporte des régions différentes, des neurones différents, le tout contribuant à sa robustesse et son efficience. La finance fonctionne comme le cerveau humain, elle se nourrit de biodiversité, grandit de la diversification.

L’autre secret réside dans l’utilisation de biais, les 2/3 des obligations de l’univers de référence (l’indice Global High Yield) ayant des clauses optionnelles qui modifient le profil de risque de l’obligation. Les biais les plus couramment utilisés sont les nouvelles émissions, la complexité des optionalités des obligations, la taille des obligations (plus elles sont et petites et complexes, mieux elles entrent dans les critères). Seule l’utilisation de l’intelligence artificielle permet d’estimer les risques de manière à obtenir une vision très précise du risque global du portefeuille qui, avec 730 lignes, présente un risque équivalent au benchmark de 4’000 lignes.

«Nous ne considérons jamais rien comme acquis ou définitif, ce qui nous amène à être à l’affût de toutes les évolutions.»
High Yield et intelligence artificielle, un couple irrésistible

«Quant? Cela signifie, répond Marcin Brynda, que nous avons développé des modèles mathématiques pour exploiter certains biais structurels du marché. Grâce aux dernières avancées technologiques en matière de calculs computationnels, nous pouvons estimer une très grande quantité d’indicateurs de risque sur un large univers de près de 4’000 obligations en quelques heures». Avant d’ajouter: «Nous avons une approche très scientifique de la gestion, ce qui nous différencie de l’approche fondamentale dominante sur le High Yield.» Les performances parlent d’elles-mêmes, validant une approche qui mise sur l’optimisation naturelle. «Au cœur de notre stratégie, souligne Aymeric Conservet, une conviction que nous partageons avec l’EPFL: l’évolution naturelle des choses conduit à des ensembles optimisés. Un exemple d’une actualité brûlante: le COVID, de plus en plus parfait. Appliquée au segment du High Yield, cette règle fonctionne également car en restant proche de l’univers global, que nous considérons déjà optimisé, nous avons la garantie d’obtenir un portefeuille efficient.»

Lesquels n’empêchent pas, tant s’en faut, les promoteurs de s’arrêter là: «Notre équipe est essentiellement composée de profils issus de l’univers des mathématiques, de la physique et de la chimie. Nos points communs? L’humilité et la curiosité. Nous ne considérons jamais rien comme acquis ou définitif, ce qui nous amène à être à l’affût de toutes les évolutions aussi bien au sein de l’univers analysé que des avancées technologiques, conclut Aymeric Conservet.»

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