Son orientation sera déterminée par la taille du stimulus fiscal. L’avis des experts de Pictet et de Lombard Odier.
Scrutin trop serré, contestations des résultats; les élections qui mettent fin aux campagnes électorales particulièrement agressives de Trump et Biden laissent les investisseurs momentanément sur leur faim. Pour l’heure, si la présidence de Biden semble acquise avec une Chambre des représentants contrôlée par les Démocrates, la fameuse vague bleue – où les Démocrates auraient pris plein contrôle – n’aura pas lieu. Le bon du Trésor américain à dix ans plonge anticipant un Congrès divisé. Les experts évitent les obligations américaines à haut rendement.
Le marché du crédit américain aurait pu pleinement profiter du «New deal» de Biden. Mais le sénat républicain rendra son adoption plus difficile. «Les attentes du stimulus doivent être revues à la baisse car Biden manquera de fonds», explique Samy Chaar, économiste en chef de Lombard Odier. Actif de refuge en temps incertains, le bon du trésor américain dont le rendement a plongé à 0,65% anticipe déjà une croissance plus difficile sans un plan de relance pandémique conséquent. «Son rendement pourrait encore fléchir de 10 à 15 points de base autour de 0,5% si les incertitudes persistent», estime Stéphane Monier, CIO de la banque Lombard Odier.
tout comme les attentes d'inflation.
Pictet s’attend à un rendement du Trésor à 10 ans situé dans une fourchette comprise entre 0,6% à 0,9%, selon l'ampleur de la relance budgétaire post-électorale. «La taille du stimulus fiscal sera limitée avec un congrès divisé, ce qui risque de forcer la Fed à faire plus, soit en augmentant la taille mensuelle de ses achats d’actifs (QE), soit en effectuant une ‘Operation Twist’, laquelle permettrait d’augmenter la maturité moyenne des achats de US Treasuries et ainsi de faire baisser les taux longs. Nous ne pensons donc pas que le taux 10 ans américain franchira les 1% dans les prochains mois» estime Lauréline Renaud-Chatelin, Stratégiste Obligataire chez Pictet Wealth Management qui continue à favoriser les obligations d’entreprises US de qualité Investment Grade plutôt que celles à haut rendement, plus risquées.
Les taux ont donc déjà commencé à baisser, tout comme les attentes d'inflation. Cependant, les écarts de crédit pourraient s’accroître au début, à cause des réglementations plus strictes créant de la volatilité sur les marchés, ce que Stéphane Monier constate également. «Les conditions des affaires seraient sévèrement impactées». Il a ainsi réduit son exposition aux obligations américaines à haut rendement: «Nous avons pris des profits car les sociétés américaines pourraient avoir des problèmes pour se refinancer. Nous pourrions assister à une hausse du taux de défaut et à un écartement des spreads». Enfin, un certain apaisement de la guerre commerciale menée par Trump favorisera le commerce international au détriment du dollar. Le CIO voit ainsi des opportunités sur la dette émergente en devises locales.
Enfin, l’absence de croissance économique et la réduction de la taille de plan de relance sur les infrastructures et les énergies vertes pèsera sur la construction, les matériaux, les industriels, l’énergie, mais également la consommation discrétionnaire.