Des covered call pour investisseurs circonspects

Levi-Sergio Mutemba

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La plupart des trackers répliquant des stratégies de ventes d’options d’achat se traitent aujourd’hui avec une décote substantielle.

©Keystone

 

La banque centrale américaine a beau avoir fortement baissé ses taux, les marchés ne sont pas pour autant devenus totalement euphoriques. Mercredi 25 septembre, le Dow Jones a perdu près de 300 points sous l’effet de données macroéconomiques décevantes. Et le S&P 500 est revenu à son niveau précédant la décision de la Fed du 18 septembre. «Les incertitudes entourant le scénario macroéconomique demeurent élevées, tandis que les marchés cherchent de la visibilité dans les données macros à mesure qu’elles sont publiées», note l’équipe des taux d’ING à Londres. Ajoutant que les marchés anticipent maintenant une réduction totale de 75 points de base des taux directeurs américains d’ici la fin de l’année, face à une dynamique de consommation qui semble s’essouffler.

Ainsi, comment générer du rendement au sein d’un marché dont on prévoit qu’il évolue de façon latérale? Parmi les stratégies les plus accessibles figurent celle des options couvertes ou «covered call». Stratégie consistant à vendre des options d’achat (options call), afin d’en encaisser les primes en espérant que le marché ou l’actif sous-jacent n’atteigne pas (à la hausse) le niveaux d’exercice. Il s’agit d’une stratégie adaptée aux investisseurs ayant une vue haussière sur le long terme, mais s’attendant également à des périodes d’évolution neutre ou légèrement baissière. La stratégie n’est pas nouvelle, mais fut longtemps réservée aux investisseurs institutionnels.

Avec l’émergence des ETF et des produits structurés de participation, les investisseurs retail ont désormais la possibilité de s’exposer à cette stratégie avec des frais limités, via des structurés cotés à la SIX Structured Products. Ainsi, le 18 septembre dernier, Julius Bär a lancé un certificat tracker open-end (ISIN CH1377514042) sur l’indice d’optimisation du rendement sur actions suisses utilisant la vente d’options couvertes.

«Nous voulons éviter l’exercice des options plus de 50% du temps»

Le produit comporte un mécanisme de remboursement partiel et trimestriel du nominal, commençant le 27 décembre prochain, à hauteur de 5% de la valeur du nominal à chacune de ces dates. Citons également le tracker open-end de la Banque Cantonale de Zurich, lancé en 2022, à savoir le certificat ZKB Tracker Certificate on ZKB SMI Call-Writing Index (ISIN CH1139756881), offrant un remboursement partiel automatique de 6%. Ou encore le certificat open-end Vontobel Enhanced Covered Call Switzerland ER Index (ISIN CH0553372522), émis en 2020.

Derrière la simplicité apparente de la stratégie se dissimulent pourtant des risques non négligeables. D’abord, la performance du tracker sera plafonnée et, par conséquent, inférieure à celle de l’indice actions de référence n’appliquant pas de covered calls. En effet, une hausse du cours sous-jacent au-delà du niveau du strike permet à son détenteur d’exercer l’option, forçant l’investisseur à livrer les actifs sous-jacents au propriétaire du call. Or plus le prix d’exercice de l’option est proche du prix de marché du sous-jacent, plus la prime encaissée est élevée, mais plus les chances que l’option soit exercée sont élevées.

«Nous voulons éviter l’exercice des options plus de 50% du temps, dès lors que l’exercice se traduit par un taux de remboursement moins élevé», soulignent les experts quantitatifs de Vontobel Asset Management, dans une note publiée en juillet dernier. Pour mitiger ce risque, ceux-ci appliquent une stratégie overlay dynamique basée sur deux paramètres essentiels. «Au lieu de mécaniquement mettre en œuvre une stratégie purement systématique d’options call, nous préférons choisir le prix d’exercice et le ratio de couverture de façon dynamique, en fonction des conditions de marché», poursuivent les experts de Vontobel.

«Il ne serait pas surprenant de constater un faible nombre d’actions technologiques ou à forte croissance servant de sous-jacents.»

Ainsi, selon la base de données de Vontobel, vendre des options à-la-monnaie (ATM) revient à éviter leur exercice dans 43% des cas. Insuffisant pour l’émetteur, qui opte pour des ventes d’options hors-de-la-monnaie (OTM) dont le strike est de 2,5% supérieur au cours de marché. Dans ce cas, la part d’options n’étant pas exercées monte en moyenne à 66%. Plus le strike est éloigné (à la hausse) du cours de marché, plus le risque d’exercice est faible, mais plus faible est la prime encaissée.

Enfin, il ne serait pas surprenant de constater un faible nombre d’actions technologiques ou à forte croissance servant de sous-jacents à une stratégie d’options couvertes. Ce qui explique que ces stratégies ont enregistré des performances globalement médiocres durant la phase haussière des indices boursiers au cours des 10 ou 15 dernières années. Une progression fortement stimulée par les politiques monétaires expansionnistes qui ont suivi la crise de 2008.

Ainsi, le ZKB Tracker Certificate on ZKB SMI Call-Writing Index, qui fut émis au prix de 1000 francs en avril 2022, se traite aujourd’hui au prix de 855 francs environ, d’après les données de SIX Structured Products. Quant au Vontobel Enhanced Covered Call Switzerland ER Index, il affiche une légère perte de 2,5% depuis son émission quatre ans plus tôt. Toutefois, si le scénario d’une évolution neutre du marché se confirme, alors ces stratégies peuvent s’acquérir aujourd’hui avec une décote intéressante.

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