Pourquoi le marché des actions reste fragile

Steven Bell, Columbia Threadneedle Investments

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La croissance mondiale se maintient, les inquiétudes concernant le resserrement du crédit s'apaisent et un accord a été trouvé sur le plafond de la dette américaine.

  • Malgré ces éléments positifs, des inquiétudes subsistent quant à l'évolution du marché des actions d’ici la fin de l'année 2023.
  • Nous observons certains signes d'affaiblissement sur le marché du travail américain et, les marges étant sous pression, les entreprises américaines pourraient commencer à supprimer des emplois.
  • Nous devrons probablement nous attendre à de nouvelles hausses de taux et, bien que les bénéfices des sociétés du S&P 500 aient surpris à la hausse, les prévisions ont été fortement revues à la baisse.
  • Les actions ne semblent pas au meilleur prix et les prévisions de croissance des bénéfices pour le reste de l'année 2023 et 2024 nous semblent trop optimistes.
  • Nous préférons rester prudents à l'égard des actions pour le moment.  Nous ne nous attendons pas à une chute spectaculaire, mais nous considérons que le marché des obligations offrent plus d’opportunités sur une base relative.

À première vue, l'environnement économique semble favorable aux actions. La croissance mondiale se maintient, les dernières données américaines montrent un marché du travail solide. Les craintes d'un resserrement du crédit aux États-Unis s'estompent et la question du plafond de la dette a été résolue. L'inflation est en baisse et, du moins en Europe et aux États-Unis, l'inflation de base est également en baisse. Nombreux sont ceux qui espèrent que les taux d'intérêt sont désormais proches de leur pic.

Néanmoins, nous pensons que les actions pourraient bien être en difficulté d'ici la fin de l'année. Tout d'abord, bien que les dernières données relatives à l'emploi aux États-Unis aient été solides, plusieurs signes indiquent une faiblesse. En effet, les données d'enquête suggèrent que la propension à embaucher a diminué de manière significative. En outre, certaines distorsions statistiques semblent avoir amplifié les données récentes, qui devraient s'inverser dans les mois à venir. Les entreprises américaines ont subi une compression de leurs marges, ce qui entraîne généralement des suppressions d'emplois. Le resserrement du crédit a peut-être été évité, mais il existe toujours, l'offre et la demande de crédit étant sous pression. Bien que la situation de l'inflation se soit améliorée aux États-Unis, les prix dans le secteur des services restent fermes et de nouvelles hausses de taux semblent nécessaires pour que la Fed atteigne et maintienne son objectif de 2%.

Tout cela laisse présager une nouvelle pression sur les bénéfices des entreprises. La récente saison des résultats des entreprises du S&P 500 a produit des chiffres meilleurs que prévu, mais les attentes ont été sévèrement revues à la baisse à l'avance. Les bénéfices sont restés inférieurs aux attentes plusieurs semaines avant la publication des données.

En outre, la hausse des taux d'intérêt réels exige une valorisation plus faible des actifs à risque. Le rendement des bons du Trésor américain protégés contre l'inflation est actuellement de 1,6%, contre -1% lorsque la Réserve fédérale achetait des obligations dans le cadre de son programme d'assouplissement quantitatif. Aujourd'hui, elle fait marche arrière, mais les actions américaines sont loin d'être bon marché: le ratio cours/bénéfice des sociétés du S&P 500 approche les 20, tant sur une base trimestrielle qu'à titre prospectif. L'ascension fulgurante, bien connue, d'une poignée de grandes entreprises technologiques a poussé le marché dans son ensemble vers le haut. Pour l'ensemble du marché, les prévisions de bénéfices pour 2023 ont été revues à la baisse, mais les analystes s'attendent à une reprise de la croissance à deux chiffres en 2024. Cette prévision semble trop optimiste.

Pour ces raisons, nous regardons actuellement les actions avec prudence et préférons la sécurité des obligations. Nous n'anticipons pas de baisse spectaculaire, mais la récente reprise nous semble excessive.

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