Petite pause fraîcheur avec des boissons (financièrement) saines

Econopolis

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Le Coca, le Pepsi ou la bière vous fait un bien fou en cette chaleur? Peut-être votre portefeuille aussi en tire-t-il profit. Même si les apparences sont parfois trompeuses.

Son excellent deuxième trimestre a donné un avant-goût de ce délicieux été au groupe américain de boissons non alcoolisées Coca-Cola. Le géant des boissons fraîches le plus connu au monde y a enregistré une croissance organique de 5%, alors que les volumes mondiaux ont progressé de 2%. Avec un chiffre d’affaires de 8,93 milliards de dollars, l’entreprise fondée en 1886 par le pharmacien John Pemberton a également fait nettement mieux que les 8,54 milliards de dollars attendus.

Une des raisons en est que le consommateur, de plus en plus attentif à sa santé, tend à préférer des alternatives plus saines aux boissons trop sucrées. L’entreprise a par exemple profité d’une demande croissante du Coca Zero – perçu comme légèrement meilleur pour la santé.

Son concurrent PepsiCo a publié des résultats tout aussi impressionnants. Cette entreprise est connue pour ses sodas Pepsi, mais aussi pour d’autres boissons comme Gatorade, Tropicana, Looza et 7 UP. On sait moins, en revanche, qu’elle produit également des en-cas salés et sucrés comme Lay’s, Doritos, Duyvis et des céréales pour petit-déjeuner comme Quaker. C’est cette combinaison – à la différence de son concurrent Coca Cola qui ne produit que des boissons – qui permet à PepsiCo d’être une entreprise très rentable au mix de produits étendu.

Un arrière-goût amer?

Vous préférez les boissons un peu plus alcoolisées? Vous pouvez opter pour une bière bien fraîche… Et dans ce cas, vous pensez sans doute à un produit de la gamme AB InBev. Cette multinationale a longtemps été une des actions favorites de nombreux investisseurs. Une série d’acquisitions lui ont été éminemment profitables et de nombreux investisseurs ont pu en récolter les fruits. Hélas le moteur a connu quelques ratés à partir de fin 2014. L’action n’a plus rien rapporté à l’investisseur depuis. Plus encore: depuis octobre 2016, l’action AB Inbev a perdu un tiers de sa valeur.

Comment? D’une part, AB Inbev pâtit de la hausse des taux d’intérêt. D’autre part, l’entreprise traîne une dette inédite pour le secteur depuis l’acquisition monstre de SABMiller en 2016. AB InBev est certes connue pour sa capacité à générer des cash-flows importants, mais comme ceux-ci refluent en grande partie dans le dividende – quelque 13 milliards de dollars de cash-flows libres par an, dont quelque 10 milliards de dollars en dividendes –, il ne reste pas grand-chose pour alléger l’endettement. Selon notre analyse, AB InBev ne retrouvera le ratio dette nette/EBITDA de 2 qu’elle vise qu’en 2025. En raison de la lenteur du processus, l’entreprise est aujourd’hui incapable de réaliser de nouvelles acquisitions – alors que c’est le principal facteur de sa réussite historique.

Aux Etats-Unis – berceau de la partie «AB» du groupe –, AB InBev ne peut compter que sur ses marques traditionnelles Budweiser et Bud Light. Cependant, non seulement la demande croissante de «craft beer» (bière artisanale) pèse sur les résultats, mais la nouvelle génération des millennials apprécie de moins en moins la pils. Cette génération se compose en grande partie de minorités ethniques – dont une majorité d’Hispaniques –et celles-ci se sentent plus attirées par la Corona, plus exotique. De quoi laisser un arrière-goût un peu amer, car AB Inbev a dû vendre la marque aux États-Unis quand elle a racheté le groupe mexicain Grupo Modelo. Bah, pensez-vous, un géant AB Inbev est quand même capable de surmonter un petit contrecoup!… Pas si sûr.

En boîte

Car ces difficultés pèsent lourd sur les résultats AB Inbev, les États-Unis lui apportant 30% de son bénéfice et quelque 50% des cash-flows libres. 20% du bénéfice provient du Brésil, où l’entreprise est seigneur et maître. Elle a la main sur 60% des volumes de bières vendus au Brésil et quelque 99% du bénéfice généré par l’industrie brassicole dans ce pays. Mais le Brésil traverse une situation économique difficile et AB InBev y a vu ses marges baisser de 10 points de pourcentage. Et un nouveau concurrent de taille s’apprête à y faire son entrée: Heineken. Les défis sont donc nombreux sur le bureau de Carlos Brito.

Pour compliquer les choses, la guerre commerciale entre les États-Unis d’une part et la Chine et l’Union européenne d’autre part risque de se traduire par une augmentation des prix des «boissons rafraîchissantes» pour l’Américain moyen. Le prix des matières premières est en hausse parce que les producteurs répercutent leurs coûts de production plus élevés sur l’utilisateur final afin de préserver leurs marges bénéficiaires. Ainsi, jusqu’à 25% de taxes nouvelles ont été imposées sur les importations d’acier et d’aluminium, ce qui accroît significativement le coût des canettes. Naturellement, Coca Cola Company et PepsiCo en souffrent également, mais ce dernier a l’avantage d’un portefeuille diversifié. Car vous appréciez également des céréales pour le petit-déjeuner l’hiver. Ou quelques chips le soir devant la télévision…