Une trêve de 90 jours décidée par l’administration américaine, et les marchés boursiers ont aussitôt rebondi. Bien que l’issue de cette pause demeure incertaine, plusieurs dynamiques commencent néanmoins à se dessiner, sur fond de creux conjoncturel au troisième trimestre. Pour l’heure, les résultats du premier trimestre publiés par les entreprises américaines se révèlent globalement satisfaisants, tandis que leurs perspectives restent teintées de prudence.
L’économie américaine au bord du «pivot» décisif
Les menaces commerciales ont d’ores et déjà ralenti la croissance et ravivé les anticipations d’inflation. Le troisième trimestre s’annonce cependant comme un moment charnière sur le plan macroéconomique. Si les droits de douane étaient effectivement mis en place en juillet, le choc serait net: un renversement du profil de croissance, et les premières poussées inflationnistes pourraient être observées d’ici à septembre.
Les entreprises pâtissent d’un manque de visibilité, ce qui pèse sur leurs investissements et leur effort de relocalisation sur le sol américain.
Du côté des ménages, le moral, le pouvoir d’achat ainsi que l’effet de richesse continuent de se détériorer, tandis qu’une montée du taux de chômage est attendue au second semestre – des facteurs susceptibles de freiner une consommation pour l’heure résiliente, sans pour autant provoquer sa chute. Les entreprises, quant à elles, pâtissent d’un manque de visibilité, ce qui pèse sur leurs investissements et leur effort de relocalisation sur le sol américain.
La mise en œuvre complète des hausses douanières, accompagnée de mesures de rétorsion, ferait passer l’inflation – à la fois globale et sous-jacente – au-dessus de 4% en glissement annuel. Mais les prix de l’énergie et des biens hors énergie ont poursuivi leur tendance baissière sur un an au cours du dernier mois. Un retour du prix du pétrole entre 55 et 40 dollars le baril serait nécessaire pour maintenir l’inflation globale sous la barre des 4%, malgré les tensions commerciales.
Dans l’ensemble, les perspectives pour 2025 demeurent incertaines, avec une croissance attendue entre 1 et 1,5%, marquée par un creux de l’activité au troisième trimestre. Par ailleurs, la marge de manœuvre de la Réserve fédérale, confrontée à son double mandat sur l’inflation et la croissance, s’avère plus limitée que ce que les marchés envisagent. Toutefois, un léger rebond de l’activité pourrait survenir au quatrième trimestre, stimulé par des réductions fiscales.
Malgré des perspectives économiques globalement incertaines, quelques lueurs d’espoir apparaissent. L’administration américaine envoie des signaux positifs, notamment à travers la désescalade des tensions avec la Chine. Par ailleurs, les négociations en cours avec certains partenaires commerciaux, dont l'Inde et le Japon, pourraient atténuer les effets négatifs des tensions commerciales. Cette dynamique pourrait influencer l’Europe et la Suisse, ouvrant la voie à de moindres hausses de droits de douane, ce qui allégerait le fardeau des entreprises des pays concernés.
Comment se positionner dans un contexte aussi incertain?
A l’heure d’écrire ces lignes, les publications des sociétés américaines pour le premier trimestre font état de résultats plutôt bons, bien que les perspectives soient formulées avec la prudence requise. Le repli du dollar ainsi que le phénomène de «front-loading», à savoir cette ruée sur les importations avant l’entrée en vigueur des nouvelles taxes, expliquent les performances supérieures aux attentes. Mais la nature exceptionnelle de ce second facteur laisse présager une décélération au deuxième trimestre.
La rotation des flux financiers en dehors des Etats-Unis, y compris de la part des investisseurs américains, a favorisé la performance relative de l’Europe et des marchés émergents. Les résultats des géants technologiques américains, moteurs de la domination boursière des Etats-Unis de ces dernières années, joueront un rôle déterminant dans l’orientation de cette dynamique.
Dans ce contexte attentiste, nous conservons une conviction forte sur l’or, qui constitue selon nous une protection pertinente face à une faiblesse du dollar. Nous visons un objectif de cours de 4000 dollars l’once à l’horizon 2026.
Rédigé le 29.04.2025