Plus de 100 jours après le début du second mandat de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, de nombreux investisseurs ont le sentiment que ses actions ont bouleversé les marchés financiers. Des droits de douane exorbitants imposés à la Chine aux critiques adressées au président de la Fed, l'approche de M. Trump a ébranlé la stabilité perçue des Etats-Unis et de leurs actifs financiers. Les actions américaines, le dollar américain et les bons du Trésor américain ont tous été secoués par la volatilité ces dernières semaines.
Au sein de nos portefeuilles multi-assets, nous avons diversifié davantage nos investissements en actions, en réduisant leur part aux Etats-Unis au profit du reste du monde. Mais les investisseurs auraient tort de réduire complètement leur exposition aux marchés, et ce pour quatre raisons.
Les mouvements observés jusqu'à présent ne sont pas inhabituels : même s'il faudra peut-être du temps pour que les marchés se calment, il est encourageant de constater que les mouvements actuels des actions sont conformes aux corrections précédentes. De plus, une reprise pourrait être en vue : il convient de rappeler que même après les plus fortes corrections, les marchés ont toujours connu une reprise vigoureuse. Par exemple, après la crise financière mondiale de 2009, les marchés actions mondiaux ont enregistré un rendement cumulé de plus de 100% au cours des trois années suivantes.
Le plus grand défi pour les investisseurs dans les mois à venir pourrait être de négocier un déplacement progressif du centre de gravité des marchés hors des Etats-Unis.
Se retirer des marchés peut présenter des risques d'inflation: rester à l'écart peut sembler une approche prudente lorsque les marchés sont instables, mais il faut se méfier des dangers de l'inflation. Avec une inflation actuellement supérieure à la moyenne (et le risque qu'elle augmente encore), l'argent laissé de côté risque de perdre son pouvoir d'achat. Enfin, dans le contexte actuel, une approche à long terme plus prudente pourrait consister à reconstruire et à repositionner les expositions des portefeuilles. Des opportunités pourraient émerger dans les actions et les obligations, que les investisseurs auraient pu négliger par le passé en raison de leur coût.
Le plus grand défi pour les investisseurs dans les mois à venir pourrait être de négocier un déplacement progressif du centre de gravité des marchés hors des Etats-Unis. Lors de la chute des marchés actions début avril, les rendements des bons du Trésor américain ont augmenté, ce qui signifie que leur prix a baissé. Ce mouvement a effrayé de nombreux acteurs du marché, car il allait à l'encontre de la corrélation négative historique entre les obligations et les actions : lorsque les actions américaines baissent, les obligations d'Etat américaines ont tendance à progresser, ce qui fait de ces dernières un choix potentiellement sûr en période de turbulences sur les marchés. Plus récemment, les deux ont augmenté en tandem. Dans ce contexte imprévisible, certains investisseurs cherchent à se diversifier en dehors des Etats-Unis.
Après avoir réduit notre exposition au S&P 500 dans nos portefeuilles multi-actifs, nous sommes plus optimistes à l'égard des marchés européens, avec une préférence pour le FTSE 100 britannique et l'indice Topix japonais. Sur l'ensemble des actions, nous privilégions les titres «value» par rapport aux titres «growth», les premiers se négociant avec une décote attractive par rapport à leur juste valeur. De plus, avec le dollar américain sous pression, le yen japonais est apparu comme un facteur de diversification important sur les marchés des changes. Avec la hausse régulière des rendements des obligations d'État japonaises à 10 ans, de plus en plus d'investisseurs japonais commencent à se détourner des bons du Trésor américain au profit d'actifs japonais, ce qui renforce le yen.
Nous pensons que les obligations européennes devraient bénéficier au cours des prochains mois de la constitution de positions par les investisseurs en anticipation d'une augmentation des dépenses publiques dans le domaine de la défense à partir de 2026. Enfin, nous restons également optimistes sur l'or, mais adoptons une approche plus tactique.
Au cours des prochains mois, le sentiment du marché restera guidé par les nouvelles annonces politiques américaines et par les données susceptibles de donner des indications sur la santé de l'économie. L'ambition de M. Trump d'obtenir une baisse des taux d'intérêt, un affaiblissement du dollar et une économie plus forte nous semble irréaliste.
Dans la perspective d'un regain de volatilité, il pourrait être prudent d'adopter une approche plus conservatrice en matière de risque. Dans un contexte de volatilité accrue, la diversification pourrait offrir aux investisseurs la meilleure chance de se positionner pour faire face à de nouveaux rebondissements sur les marchés.