Multi-Asset Solutions de J.P. Morgan Asset Management

Timothy Lintern, J.P. Morgan Asset Management

3 minutes de lecture

Nos marchés favoris sont les États-Unis et les marchés émergents et nous prenons également des positions sur les actions canadiennes et australiennes.

SYNTHÈSE
  • Les actions canadiennes et australiennes offrent des opportunités défensives génératrices de revenus, et peuvent contribuer à diversifier une exposition à des marchés d’actions plus importants comme ceux des États-Unis et de l’Europe.  
  • Les secteurs financiers des deux pays sont fortement exposés à leurs marchés domestiques du logement, sur lesquels les tendances s’améliorent, et leurs indices des marchés d’actions ne sont plus aussi dépendants des matières premières qu’ils ne l’étaient antérieurement.
  • Le pool géant des actifs des régimes de retraite de l’Australie maintient un important biais en faveur des actions domestiques, soutenant ainsi la demande du marché. Le Canada présente une dynamique comparable.
  • Nous maintenons notre orientation favorable au risque, en restant surpondérés sur les actions. Nos marchés favoris sont les États-Unis et les marchés émergents et nous prenons également des positions sur les actions canadiennes et australiennes. La duration a fortement performé et les rendements des bons du Trésor U.S. atteignent désormais le plancher de notre fourchette. Nous continuons à préférer les obligations souveraines italiennes aux Gilts du Royaume-Uni et, dans le segment du crédit, le marché de la dette émergente.
LES ARGUMENTS EN FAVEUR DES ACTIONS AUSTRALIENNES ET CANADIENNES

Dans un contexte de valorisations élevées des actions et des obligations, placées devant des risques s’étendant des guerres commerciales au coronavirus, il n’y a rien de surprenant à ce que les investisseurs soient à la recherche d’opportunités défensives et génératrices de revenus. Les actions canadiennes et australiennes bénéficient de cette tendance. Ces deux marchés ont une taille réduite: le marché des actions australien, avec une capitalisation boursière de son flottant d’environ 1’300 milliards de dollars, présente une taille proche de celle d’Apple Inc. et le marché canadien n’est que légèrement plus important1. Cependant, en dépit de ce handicap, l’intérêt suscité par ces marchés ne cesse de croître, particulièrement à la suite de leur robuste performance depuis le début de l’année et de leurs solides bénéfices 2019 (19,1% en Australie et 18,4% au Canada). Les deux régions offrent un rendement des dividendes supérieur à la moyenne mondiale, ont tendance à se négocier avec un bêta inférieur à 1 par rapport aux actions internationales et offrent un certain degré de diversification. Ils semblent par conséquent attractifs dans le processus d’optimisation de notre portefeuille (graphique 1).

Si l’on soulève le capot, les ressemblances se poursuivent. Les marchés des deux pays sont dominés par les valeurs financières qui pèsent pour près de 30% dans chaque indice et leurs marchés bancaires sont oligopolistiques, un petit nombre d’acteurs clés détenant une part de marché dominante.

Les secteurs bancaires des deux pays sont étroitement liés à leurs marchés immobiliers intérieurs : les prêts hypothécaires immobiliers représentent environ 50% de l’encours des prêts bancaires canadiens et le pourcentage est encore plus élevé en Australie. Il convient de relever que les marchés immobiliers résidentiels des deux pays ont été relativement épargnés par les douloureuses corrections de prix intervenues dans d’autres économies au cours de la grande crise financière mondiale ; on relève toutefois un accès de faiblesse en 2018 et début 2019. Aujourd’hui, les statistiques les plus récentes suggèrent que les tendances s’améliorent sur les deux marchés du logement (les prix des logements progressent en variation annuelle).

Des marchés défensifs désormais moins dépendants des matières premières

Les économies canadienne et australienne continuent à reposer de façon importante sur les exportations de matières premières. Cependant, la capitalisation boursière de leurs actions matières premières, exprimée en pourcentage de l’indice, a diminué de façon sensible. L’énergie représente désormais 15% de la capitalisation boursière du Canada, contre 35% précédemment. Si, autrefois, les prix du pétrole et du minerai de fer étaient de puissants signaux pour la performance des marchés d’actions canadien et australien, ceux-ci ont beaucoup perdu de leur importance. Les investissements dans l’industrie du pétrole brut lourd de l’Alberta ont été peu dynamiques.

En Australie, les actions du secteur des matériaux, qui ont représenté dans le passé environ 30% de la capitalisation boursière du pays, comptent désormais pour 17%. L’évolution récente des cours a démontré au contraire une corrélation négative entre les prix des matières premières et la performance des marchés d’actions australien et canadien. Du fait des perturbations provoquées par le coronavirus et de la montée des risques qu’il fait peser sur la demande de matières premières, les qualités défensives de ces marchés sont devenues plus attractives.

Leurs multiples sont-ils soutenables?

Les profils de valorisation de ces deux marchés diffèrent. Le Canada semble à première vue bon marché, avec un ratio P/E (cours/bénéfices) anticipé de 15,3 alors que celui du MSCI ACWI s’élève à 16,5 et cette décote s’est accrue au cours de ces dernières années. De l’autre côté, l’Australie paraît chère, avec un ratio P/E anticipé de 17,8. Toutefois, des facteurs spécifiques justifient ces indicateurs de valorisation. Dans le cas du Canada, la composition sectorielle du marché explique la décote de valorisation. L’indice du Canada présente une forte pondération du secteur financier et de celui de l’énergie, tous deux cycliques et il présente naturellement un multiple plus faible. Si l’on y substitue les pondérations sectorielles de l’ACWI, la sous-valorisation disparaît.

En Australie, plusieurs facteurs contribuent à rendre le multiple élevé du marché plus pérenne. Tout d’abord, l’attractivité relative du fort rendement du dividende de l’Australie s’est améliorée du fait que les autres sources de revenu offrent encore moins de rendement. 

Le phénomène de quête de rendement, mondialement partagé, est particulièrement prégnant en Australie, pays dans lequel les rendements des obligations souveraines à 10 ans ont plongé d’environ 6% en 2009 à environ 1% actuellement. En second lieu, le système de franchise fiscale de l’Australie offre aux actionnaires des avantages fiscaux sur le revenu de leurs dividendes, contribuant ainsi à la demande du marché. Troisièmement, la loi australienne exige des employeurs qu’ils contribuent, à hauteur d’un minimum de 9%du salaire versé aux salariés, à un superannuation fund (un fonds de pension collectif) contribuant ainsi à la constitution d’un fonds géant détenteur des actifs des régimes de retraite d’une valeur proche de 1,5 fois la taille du marché des actions. Si ce capital est de plus en plus investi à l’étranger, les investisseurs australiens favorisent largement les actions domestiques. Cette dynamique (un biais des fonds de pension en faveur de leur marché intérieur) est également constatée au Canada (graphique 2).

IMPLICATIONS POUR LES CLASSES D’ACTIFS

Dans nos portefeuilles, nous conservons une orientation favorable au risque qui, toutes choses égales par ailleurs, pourrait nous amener à sous-pondérer les régions dont les actions présentent un bêta moins élevé, telles que le Canada et l’Australie. Cependant nos signaux quantitatifs apprécient ces marchés et leurs caractéristiques contribuant à une faible volatilité les rend attractifs du point de vue de la construction d’un portefeuille, de telle sorte que nous restons surpondérés. Si les effets du coronavirus devraient obscurcir l’interprétation macro-économique au cours des mois qui viennent, nous estimons que les actions émergentes peuvent encore bénéficier d’une hausse de l’économie cyclique mondiale. La duration a fortement performé et les rendements des bons du Trésor U.S. atteignent désormais le plancher de notre fourchette ; nous continuons à préférer les obligations souveraines italiennes aux Gilts du Royaume-Uni. Dans le segment du crédit, nous privilégions la dette émergente en raison de ses facteurs techniques plus favorables que ceux des autres principaux marchés du crédit.

 

1 L’indice headline du marché canadien des actions est le S&P/TSX et celui de l’Australie l’ASX 200.

A lire aussi...